Le convoi d’une vingtaine de camions partis de Besançon le 6 mars a pu décharger sa cargaison ce 8 mars, près de la frontière avec l’Ukraine. Lancé par l’humaniste boulanger de Besançon, le voyage atteint son but. Émotion au moment de vider les 200 m3 de marchandises destinés à l’aide de la population ukrainienne.
Plus de 1.600 km de route. Dans la nuit, en convoi. Avec quelques maigres heures de sommeil. A bord des camions de quoi aider un peuple victime de la guerre lancée par la Russie et son président Vladimir Poutine. Une soixantaine de citoyens de Franche-Comté se sont mobilisés bien décidés à ne pas rester sans rien faire face à ce conflit.
Ce mardi 8 mars, à Przeworsk en Pologne, à 30 minutes de la frontière, le convoi de Besançon a été pris en charge par les bénévoles de la Croix-Rouge. Au dépôt mis à disposition par une entreprise polonaise, Stéphane Ravacley, fatigué, reste sans voix face à des jeunes bénévoles.
On est enfin au bout du chemin, on était là pour ça. C’est d’une telle fluidité ce déchargement. On voit des gamins et des gamines botter le cul de Poutine à l’âge de 15-16 ans. On est vraiment petits face à eux.
Stéphane Ravacley, boulanger, très ému
“Face à eux, on n'est rien. Cette génération-là, a la force de faire. Cette société civile sauvera certainement leur monde” pense le boulanger, aux airs de Coluche des temps modernes sous son bonnet rouge.
Parmi les bénévoles, une jeune lycéenne polonaise nous explique qu’elle a répondu tout de suite à l’appel pour aider l’Ukraine. “On est là le matin dès 8 heures, et jusqu’à tard le soir” dit-elle. “On doit aider les autres”.
Dans ce dépôt, le ballet des camions venus de Besançon s’enchaîne. Tout a été étiqueté. Polonais et Français opèrent le transfert des marchandises qui partiront directement pour l’Ukraine. En 4 à 5 jours, une soixantaine de camions sont passés par ce lieu. Des dons arrivés de France, des Pays-Bas, d’Allemagne, de Pologne également.
Un convoi citoyen, une aventure humaine inoubliable
Pour les bénévoles venus du Doubs, l’émotion est là. Les sourires ne quittent pas les visages, malgré le froid et les charges lourdes à porter. “La route, c’était la route, mais le meilleur souvenir, c’est là, voir tout ce monde qui se bouge” explique un bénévole.
“On se débrouille, on communique tous ensemble en anglais ou avec les mains, malgré la barrière de la langue” ajoute un autre. Ce jongleur acrobate venu de Besançon évoque une expérience inoubliable. “On a fait de belles rencontres, des artisans ont arrêté de travailler une semaine pour donner de leur temps pour cette aventure” confie l’homme. Son seul regret, ne pas avoir pu approcher la ligne de la frontière pour jongler face aux enfants et leur apporter un peu de joie dans cet exode.
Le boulanger Stéphane Ravacley lui pense déjà à la suite. Ce convoi était une première. “On fera encore mieux” dit-il. “Tous ces bénévoles, ces chauffeurs venus jusqu’ici ne repartiront pas de ce pays tout à fait les mêmes", estime-t-il. L’homme est ému, touché. L’énergie pour aider autrui, plus que jamais chevillée au corps.
Le convoi va ramener avec lui vers la France des réfugiés ukrainiens fuyant la guerre. Au moins trois femmes ont déjà été prises en charge.