Henri Tibi, l'ancien chanteur de rue de Besançon, vedette du documentaire « Je reviendrai là-bas »

Dix ans après le décès du chanteur de rue de Besançon Henri Tibi, un documentaire sur son extraordinaire parcours sera projeté lors du festival Lumières d’Afrique de Besançon le 28 mai 2023. Le réalisateur Yassine Redissi a filmé des jeunes Tunisiens partis sur les traces du célèbre chanteur franco-tunisien.

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On n’oublie pas Henri Tibi. D’emblée, il y a sa voix, un mélange de miel et de roche. Son allure improbable, chapeau de paille et dreadlocks. Tous les jours, ou presque, l’homme quittait son domicile d’un autre siècle au volant de sa Fiat Panda pour venir chanter dans les rues piétonnes de Besançon.

Des chansons de Brassens pour séduire les Francs-Comtois, et celles de sa jeunesse pour la beauté du geste. Henri Tibi est né en 1930 à Tunis. Juif tunisien, il quitte le pays de son enfance pour Paris au début des années 60 puis, en 1993, il s'installe dans les environs de Besançon à Avilley.

L’argent récolté servait à nourrir ses trois chiens et neuf chats. Nous l’avions rencontré en 2013, l’année de son décès. Il nous avait interprété ses succès de sa vie d’avant. Henri Tibi a vécu un âge d’or, vedette en Tunisie dans les années 40-60.

Dix ans après son décès, l’homme refait la Une en Tunisie. Henri Tibi est au cœur du documentaire « Je reviendrai là-bas » du jeune réalisateur tunisien Yassine Redissi. Un documentaire projeté avec succès depuis le 22 février dans plusieurs cinémas de Tunisie. Le film a été sélectionné par plusieurs festivals internationaux. À partir du 17 mai, il sera projeté au cinéma Le Balzac à Paris. Une séance est prévue le dimanche 28 mai à 20 heures au Kursaal de Besançon dans le cadre du festival Lumières d’Afrique.

Un documentaire à succès

Yassine Redissi a filmé des jeunes Tunisiens partis sur les traces de ce juif tunisien. « En essayant de réhabiliter l’œuvre et le destin hors du commun de Henri Tibi, Slim et Yassine découvrent l’histoire d’une Tunisie fantasmée, décrite comme « un paradis perdu » » précise le dossier de presse.

En lisant l’article de la correspondante du Monde en Tunisie, Lilia Blaise, nous comprenons pourquoi ce film touche autant les Tunisiens.

L’histoire d’Henri Tibi est atypique, mais elle a séduit le public de la capitale tunisienne, « aussi parce qu’elle évoque une histoire oubliée, celle de l’entente entre les communautés juive et musulmane de l’époque », ajoute l’écrivain Mustapha Chelbi, ami d’Henri Tibi et intervenant dans le documentaire.

Lilia Blaise

Le Monde

C'est au moment de la révolution contre Ben Ali au début des années 2010 que Yassine Redissi découvre une vidéo sur Youtube.

Henri Tibi, barbe blanche et veste sombre, chante La Goulette, le quartier de sa jeunesse. "Henri Tibi chante son pays natal comme personne. Il parle d'une Tunisie qui n'existe plus. Pendant la révolution, c'était comme une bouteille à la mer" précise le réalisateur.

Un "film refuge"

Yassine Redissi sera présent à la projection de Besançon. C’est son premier documentaire. Une sortie rattrapée par l’actualité internationale. Le 10 mai 2023 en Tunisie, une attaque a eu lieu alors que des centaines de fidèles achevaient le pèlerinage juif annuel dans la synagogue de la Ghriba, la plus ancienne d'Afrique. L’attentat a fait cinq morts : trois gendarmes et deux fidèles, un Israélo-Tunisien et un Franco-Tunisien, tués devant la synagogue par les tirs de l'assaillant.

C'est devenu un film refuge contre les propos racistes ou anti-sémites que l'on peut entendre aujourd'hui en Tunisie. C'est un étendard d'une Tunisie minoritaire, pas assez visible. C'est une sorte de manifeste.

Yassine Redissi, réalisateur

Gérard Marion, le directeur du festival Lumières d’Afrique, se réjouit de cette projection à Besançon. Comme tous les Bisontins, il se souvient de l’homme de la rue. C’est plus tard qu’il a découvert la vie tumultueuse d’Henri Tibi. Sportif, séducteur et grand seigneur. « C’est un film émouvant, raconte Gérard Marion. Cela nous fait du bien. Ce sont les jours heureux de la Tunisie. Surtout à la Goulette. Le quartier où tout était permis. »

Henri Tibi était très subtil et sensible. Il était dans son monde et il avait fait un choix de vie.

Gérard Marion, directeur du festival Lumières d’Afrique

Le titre du film reprend les paroles d’une des célèbres chansons d’Henri Tibi. 

"Divine sensation du temps figé
Je rêve, je rêve
Je reviendrai là-bas"

Une chanson que l’artiste nous avait interprétée dans sa drôle de maison d’Avilley près de Besançon. À l’époque, ses amis parisiens avaient tenté de venir le faire chanter dans les fêtes de la capitale. Mais Henri Tibi avait tourné le dos à sa vie d’avant.

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