Député La République en marche du Doubs, venu de la gauche, Eric Alauzet soutiendra cet après-midi la contestée loi Sécurité globale. L'élu du Doubs estime que le texte n'est pas attentatoire aux libertés, et notamment la liberté de la presse.
La polémique enfle depuis quelques jours.
La loi Sécurité globale sera votée cet après-midi à l'Assemblée.
Son article 24 prévoit de punir d'un an de prison et 45 000 euros d'amende la diffusion de "l'image du visage ou tout autre élément d'identification" de membres des forces de l'ordre en intervention, quand elle porte "atteinte à son intégrité physique ou psychique".
Cette disposition est vivement critiquée par nombre de sociétés de journalistes, par la Défenseure des droits Claire Hédon, qui pointe des "risques considérables d’atteinte à plusieurs droits fondamentaux, notamment au droit à la vie privée et à la liberté d’information", ou même par la Commission européenne, dont un porte-parole a rappelé à la France que les journalistes devaient "faire leur travail librement et en toute sécurité".
Il n'y a aucune entrave à filmer, capter et diffuser des images, sinon je ne défendrais pas ce texte
Ces critiques, Eric Alauzet les entend. Mais le député du Doubs assure qu'elles sont infondées. "Il n'y a aucune entrave à filmer, capter et diffuser des images, sinon je ne défendrais pas ce texte", assure le parlementaire de Besançon.
Le marcheur, ex-EELV, votera donc la loi cet après-midi à l'Assemblée nationale. "La question, c'est comment on protège les policiers? Les textes ne le font pas aujourd'hui", assure-t-il, en contradition avec la Défenseure des droits, qui explique elle que la loi les protège déjà contre "les atteintes et la volonté de porter atteinte à leur intégrité".
"Evidemment, c'est très important que les journalistes puissent filmer, mais les faits qui sont visés, c'est un quidam, pas un journaliste, qui jetterait en pâture le nom d'un policier, son adresse, à la vindicte populaire, poursuit l'élu. Le nombre d'agressions contre les policiers a doublé. On ne peut pas les laisser dans cette situation."
L'adoption de cette disposition, poussée par les syndicats policiers, ne risque-t-elle pas de favoriser la censure, avec des forces de l'ordre véhémentes à l'endroit des journalistes ? Il y a quelques jours, un journaliste de France 3 Paris Ile-de-France a été interpellé alors qu'il filmait une manifestation (les détails ici ou là). Ce lundi soir, un policier s'en est pris physiquement à un journaliste de Brut lors de l'évacuation d'un camp de migrants à Paris.
Notre journaliste @RemyBuisine a été molesté à plusieurs reprises par un policier alors qu’il couvrait pour Brut l’évacuation violente de personnes migrantes par les forces de l’ordre. Nous allons demander des explications à la Préfecture de Police et au Ministère de l’Intérieur.
— Brut FR (@brutofficiel) November 24, 2020
Eric Alauzet est serein et rappelle que tout "dérapage" d'un policier est "soumis à des enquêtes administratives, voire pénales".
Le groupe Les Républicains en renfort
Le député du Doubs votera donc le texte, qui devrait être adopté.
Malgré quelques défections, comme cette députée LREM qui dénonce un glissement "vers un Etat totalitaire", la majorité devrait recevoir le renfort d'une bonne partie du groupe Les Républicains, "le parti de l'ordre et de l'autorité" d'après son président de groupe Damien Abad.
Malgré des réserves sur l'article 24, le groupe LR votera "quasiment unanimement" la loi Sécurité globale. "Car nous sommes le parti de l'ordre et de l'autorité", dit son président Damien Abad.
— Dominique Albertini (@dom_albertini) November 24, 2020