Drogue, agressions... les riverains de la maison d'arrêt de Besançon ne supportent plus les lancers de colis

Après le décès de plusieurs prisonniers de la maison d'arrêt de Besançon, la difficile sécurisation du site est au cœur de la polémique. Situé dans le quartier de la Butte, l'établissement est particulièrement exposé aux lancers de colis. Un sacerdoce pour les riverains.

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C'est un salon comme des milliers d'autres. Une tapisserie à fleurs, quelques plantes sur un guéridon et une nappe jaune posée sur la table. Ce pourrait être le décor paisible d'une retraite bien méritée, si un détail ne dénotait pas : les promenades de la maison d'arrêt de Besançon (Doubs), sur lesquelles les fenêtres du petit salon donnent directement. Une vue imprenable qui vaut à ses propriétaires de vivre dans l'inquiétude. Au micro de Stéphanie Bourgeot, le couple de retraité préfère d'ailleurs rester anonyme. "Nous faisons l'objet d'intrusions en permanence pour les lancers de colis" soupire le retraité. "C'est pratiquement journaliers, plusieurs fois par jour, en particulier les week-ends". 

"Ils font leur petit trafic"

Il décrit un mode opératoire bien rôdé : aux heures des promenades, le matin et l'après-midi, un détenu passe un coup de téléphone, et prévient un complice, à l'extérieur, qu'il peut lancer un colis. "Ils passent par-dessus le portail ou le portillon, en créant des détériorations" décrit le retraité. "Ils lancent devant le garage à des endroits bien précis, ça passe par-dessus le filet vertical, ça tombe dans la cour, les détenus les récupèrent, ils font leur petit trafic". "On ne voit pas le contenu des colis, mais on sait qu'il y a de la drogue, de la nourriture, des portables" explique-t-il.

Ces colis, la maison d'arrêt en recevrait jusqu'à plusieurs dizaines chaque jour. Un fléau, mis en lumière il y a quelques jours, à la suite du décès de deux prisonniers, probablement par overdose. "La drogue arrive de partout. Les filets anti-projections de colis ne sont aujourd'hui plus efficaces" a notamment déclaré un représentant syndical des gardiens de prison.

La localisation de la maison d'arrêt, dans le quartier de la Butte, en pleine ville, est directement pointée du doigt : impossible de poser des brouilleurs d'ondes contre les portables pour ne pas pénaliser les riverains, difficile d'empêcher les lancers du fait de l'agencement des bâtiments.

C'est un stress pour nous, on a toujours ça dans notre tête, on se dit qu'on va descendre chercher notre voiture, qu'on va se retrouver en face d'un ou de plusieurs individus qui peuvent nous agresser

Un riverain anonyme de la maison d'arrêt de Besançon

"On n'est pas tranquilles autour de cette maison d'arrêt, on a des individus autour de chez nous en permanence" regrette le riverain. "Ils perturbent notre vie en permanence". "Des agressions se sont déjà produites" avoue-t-il, n'osant pas donner plus de détails, de peur de représailles. 

L'homme est démuni : "on appelle la police régulièrement, explique-t-il, mais s'ils ne sont pas dans le secteur, ils n'arriveront pas à les appréhender, parce qu'ils arrivent en courant, ils lancent rapidement et ils repartent, ça ne dure qu'une minute ou deux."

Des filets de protection trop couteux

Le problème n'est pas nouveau : voilà 15 ans qu'il monte en puissance. Dans cette copropriété, les riverains se sont organisés pour effectuer des comptages. "Un samedi, on a noté une centaine de colis", lancé par quelques individus, lançant chacun jusqu'à "une dizaine ou une quinzaine de colis" à chaque passage. "On demande depuis des années et des années que des filets horizontaux soient placés au-dessus des cours" rapporte le riverain. "On nous répond que ça coûterait trop cher". 

Contactée, la maison d'arrêt de Besançon a indiqué à France 3 Franche-Comté que des "travaux à hauteur de 70.000 € qui vont être réalisés cette année concernent les cours de promenade ; ils visent à renforcer leur sécurité et à empêcher la récupération de colis projetés par l’extérieur dans les zones neutres". Cependant, la direction estime qu'il n'est pas possible d'installer des filins horizontaux : "leur coût, ainsi que l’architecture du lieu, ne permettent pas de l’envisager".

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