Incendie, vol de cuivre, rats...à Besançon, des habitants de Planoise vivent dans des conditions dégradées depuis l'annonce de la destruction de leur immeuble

En avril 2023, des habitants du quartier de Planoise ont appris la démolition prochaine de leur immeuble dans le cadre du plan de rénovation urbaine. Depuis, les familles, qui n'ont pas été encore relogées, dénoncent des conditions de vie qu'elles estiment dégradées.

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À Planoise, quartier de Besançon (Doubs), rien ne semble avoir changé dans la rue de Champagne. Les bâtiments des n°2, 4, 6, 8 demeurent alors que les logements se vident doucement. Une apparente tranquillité qui cache en réalité un malaise grandissant de la part des habitants.

Depuis plusieurs semaines, des dizaines de locataires de cet immeuble se sont livrés à une bataille contre leur bâilleur Loge.GBM et contre un plan de rénovation urbain dont ils et elles s’estiment victimes. L'annonce de la destruction de l’immeuble, programmée en 2024, les a pris de court, et ils et elles jugent que les solutions de relogement proposées ne sont pas à la hauteur de leurs attentes. En effet, les 83 foyers restants devront alors s’établir dans un autre quartier. Ces Bisontins, très attachés à Planoise, vivent ce projet urbain comme « un déracinement ».

Plus de gaz dans l'immeuble

Quelques semaines ont passé, et la vie n’est plus si aisée dans cette barre d’immeuble. Aux squats et détritus laissés dans les appartements, s’ajoute désormais un quotidien sans butane, un gaz nécessaire pour ses habitants. « On arrive plus à faire la cuisine, explique un locataire, sur le chemin de son immeuble. Il n’y a plus de tuyaux. Alors les habitants ont obtenu une plaque chauffante. Cela fait plus de deux mois que cela dure. »

Des logements inondés et un incendie

Courant avril, des câbles de cuivre et des tuyaux de plomb ont en effet été volés au niveau de cette barre d’immeubles, privant ces Planoisiens de moyens de cuisson. D’après le bailleur, le distributeur de gaz GRDF ne peut pas encore rétablir l’alimentation. Loge.GBM a ainsi distribué des petites plaques de cuisson pour dépanner les locataires.

Pas suffisant, pour certains, qui voient dans ces vols des métaux le symptôme d’un problème plus grand. « Il y a des rats qui se baladent, qui passent même dans l’escalier. […] Ils coupent les tuyaux des radiateurs. Il y a de l’eau qui inonde les voisins sans arrêt, énonce une locataire. Récemment, il y a eu du feu et des pompiers sont intervenus. » En effet, dans la nuit du 18 au 19 mai, à 2h du matin, un incendie s'est déclaré dans les escaliers menant aux caves du 8 rue de Champagne, sur des détritus qui s’étaient amoncelés.

« Rien n’a été fait »

Des conditions que certains décrivent comme « invivables ». « Non seulement il y a un manque d’hygiène parce que les gens viennent dans ces appartements vacants, mais il y a également un manque de sécurité parce que les locataires qui rentrent chez eux, se demandent bien qui peut être à côté », lance Michel Boutonnet, de la Confédération Nationale du Logement. Le représentant, aux côtés des habitants depuis l’annonce de la démolition, regrette que « depuis le 22 avril [lorsqu’une action avait été menée avec le CNL], rien n’[ait] été fait. »

Pour « rétablir les conditions d’hygiène et de sécurité », la CNL, qui se fait le porte-voix d’une partie des habitants, réclame la désinfection de tous les appartements vacants, leur fermeture avec des plaques d’acier, et la reprise du nettoyage et de l’entretien dans cet immeuble et pointe la responsabilité du bailleur.

Une démolition en fonction du relogement ?

Si Loge.GBM, admet avoir constaté « une aggravation des actes de vandalisme et des incivilités », l’agence nuance. « Le sentiment est sans doute aggravé par la libération progressive des logements, explique Bastien Boichard, Directeur développement et patrimoine. La priorité de Loge.GBM est à la fois de maintenir la sécurité des biens et des personnes, et de maintenir les lieux dans un état de propreté satisfaisant. »

Le Directeur développement et patrimoine détaille ainsi, à plusieurs reprises, les mesures mises en place, à savoir « le passage des équipes de proximité, de manière quotidienne, pour identifier les zones squattées et les nettoyer au besoin » et « une cellule de veille hebdomadaire inter-directions pour anticiper les relogements et être en phase sur les dispositions à prendre. » Tout en appuyant sur le fait que l’accès à l’immeuble s’effectue par « interphonie et badges » limitant, d’après lui, les intrusions.

Pour le bailleur, l’objectif reste clair : le début des travaux est prévu pour le second semestre 2024, comme le prévoit le programme de rénovation urbaine (NPRU). « Mais ce sera en fonction du relogement, justifie Bastien Boichard. Et surtout du fait que les locataires soient d’accord avec les propositions qui leur sont formulées. » Ce qui n’est pas une mince affaire. « On va faire de la résistance…On ne se laissera pas faire, lâche une habitante. On va créer un collectif, une association et se réunir. On sera un bloc, et non plus isolé, ce sera mieux ». Avant de conclure : « Cette destruction, c’est un manque de considération. On avait des logements pas mal, et cela s’est dégradé parce qu’ils avaient un projet. Le ‘bien-être à Planoise’, je ne sais pas où il est. »

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