INTERVIEW. "Gagner les trois, je n'avais pas cette ambition", Romain Grégoire, le jeune Bisontin de La Conti Groupama-FDJ impressionne

L'espoir français du cyclisme Romain Grégoire, natif de Besançon (Doubs) et pensionnaire de La Conti Groupama-FDJ, a marqué les esprits en quatre jours. Il a remporté trois courses d'affilée. Interview.

Le Bisontin Romain Grégoire de La Conti Groupama-FDJ a réalisé une performance impressionnante le week-end dernier en remportant trois courses en quatre jours chez les espoirs : Liège-Bastogne-Liège samedi 16 avril, le Giro del Belvedere lundi 18 avril et le GP Palio del Recioto ce mardi 19 avril. On le savait en forme et prêt à gravir les échelons avec efficacité mais Romain Grégoire, 19 ans, frappe un grand coup avec trois courses en poche. Ce mercredi, il a accepté de répondre à nos questions.

Sarah Rebouh : Comment vous sentez-vous après ce week-end fou ?

Romain Grégoire : Je suis très fier. Je commence à réaliser petit à petit que j'ai quand même fait quelque chose de pas mal. Je suis fier de ce que j'ai réalisé, de ce qu'on a réalisé avec l'équipe surtout. J’ai fait ma course comme j’avais prévu de la faire. J’ai réalisé surtout quand je me suis reconnecté un peu avec le monde extérieur et quand j’ai vu que sur les réseaux sociaux ça prenait beaucoup d’ampleur, que c'était quelque chose de beau qu'on avait fait. J’ai fait les courses comme d'habitude et là tout s’est bien goupillé. J’étais prêt. Je commence à bien me connaître et le coach aussi. On avait visé ce week-end-là comme un week-end à objectifs. On a un staff très professionnel aussi et cela m’a permis de récupérer pour bien aborder la troisième course.

Racontez-nous un peu comment se sont déroulées les courses.

Cela a été à chaque fois différent. A Liège, ça a été un final au sprint donc c’était plus tendu. Pour les deux courses italiennes, il y avait une bosse finale, on savait que c'était propice à un homme seul et qu'il fallait réussir à faire la différence dans la montée. Toute l’équipe a fait le job pour me mettre vraiment dans les meilleures dispositions dans la difficulté finale. C’était à moi de faire le job après, de ne pas réfléchir et d'appuyer le plus fort possible jusqu'à la ligne d'arrivée. C’est un sentiment assez fort car on se dit qu’il faut tout mettre dans les dix derniers kilomètres, pas que pour nous mais aussi pour toute l'équipe qui a fait l'effort. 

Ce n’était pas écrit. Personne ne pouvait même y penser. Moi j’avais fait en sorte de me préparer à ce weekend là. Je commence à bien me connaître et mon coach aussi donc il a réussi à m'emmener au top de ma forme. 

J’espérais vraiment en gagner au moins une, mais gagner les trois je n’avais pas cette ambition.

Romain Grégoire, cycliste Groupama-FDJ La Conti

Vous êtes désormais le grand favori. Allez-vous pouvoir assumer ce statut ?

Cette situation, je l'ai déjà connue chez les juniors. J'y suis un peu habitué. Là, on est une équipe vraiment solide et si le fait que je sois marqué peut permettre à d'autres de pouvoir aller à l'avant, c'est tant mieux pour l'équipe, cela profitera à d'autres de nos coureurs. Toute la dynamique est bonne dans l'équipe, forcément ça nous met dans une spirale positive. On est déjà 6 coureurs à avoir gagné c'est assez rare, c'est vraiment bien.

Vous disiez en mars 2022 que vous ne compreniez "pas forcément l'engouement médiatique qu’il y avait autour de [vous]". Est-ce que vous comprenez mieux maintenant et comment gérez-vous cette pression ?

(rire) Je ne vais pas calmer l’engouement médiatique après ce week-end. Les Français attendent un nouveau coureur capable de gagner les plus grandes courses du monde. Je suis peut-être cet espoir qu'ils attendent mais je fais attention quand même. J’ai la chance d’avoir 19 ans et d’être déjà confronté aux médias depuis plusieurs années. Je m'y habitue. Peut-être que j’arriverai mieux que certains à gérer ça car c’est sur que cela prend de l’énergie.

Est-ce qu’on va vous voir dans des courses élite cette année ?

Pour l’instant, ce n’est pas prévu. Pour moi ce n’est pas forcément bon non plus. Autant rester dans ma direction. C’est bien d’évoluer tranquillement. Ce n’est pas un week-end qui va tout changer. 

J’ai progressé, c’est sûr. C’est vrai que je n’ai plus du tout le même niveau, je le sens, j’ai plus de force. L’entraînement a été bien fait cet hiver. 

Romain Grégoire, cycliste Groupama-FDJ La Conti

Quel est votre programme des prochaines semaines ?

Je vais avoir un mois de mai vraiment orienté préparation pour le Baby Giro, prévu au mois de juin. Cela passera par la Flèche ardennaise, un stage en Italie et le Alpes Isère Tour. Je ne sais pas encore ce que je jouerai au [Tour d'Italie espoirs], une victoire d’étape c’est sûr, ce serait déjà une belle satisfaction. Je verrai si le classement général suit ou pas. Reuben Thompson (ndlr, coureur cycliste néo-zélandais, membre de l'équipe continentale Groupama-FDJ) sera sûrement bien pour le général, donc voilà, on verra ce qu’on peut faire.

"Un talent extraordinaire"

► #VIDÉO. Revoir :  Romain Grégoire, le grand espoir du cyclisme français à Besançon : 

La Conti Groupama-FDJ a le vent en poupe avec 9 victoires au compteur cette saison. Romain Grégoire a semble-t-il pris la bonne décision en signant dans cette team. Jens Blatter, manager de l'équipe a expliqué au sujet du Franc-Comtois : "Il montre encore une fois qu'il est un talent extraordinaire. Il est super fort mais aussi polyvalent. Ce matin, il m'avait demandé si quelqu'un avait déjà réalisé le doublé sur les courses italiennes de ce début de semaine. Quand il m'a posé cette question, j'ai compris qu'il serait là pour la victoire."

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