Les conclusions de l'enquête administrative concernant de potentielles dérives dans la gestion de l'Institut Supérieur des Beaux-Arts de Besançon viennent d'être dévoilées par la mairie de Besançon. Détails.
Mise à jour : En juin 2021, la justice a annoncé un classement sans suite de deux plaintes déposées dans ce dossier complexe de l’ISBA. La justice s’est penchée sur 17 faits supposés, 12 pour des faits de propos sexistes ou racistes qui auraient été prononcés par des enseignants. 5 autres étaient des faits supposés de viols, agressions sexuelles et harcèlement sexuel. Aucune poursuite judiciaire n’est retenue dans cette affaire.
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Le volet administratif de l'affaire qui secoue l'ISBA Besançon depuis plusieurs mois se poursuit, avec une première sanction, annoncée ce jeudi 8 avril en conférence de presse.
Le directeur Laurent Devèze, mis en accusation par plusieurs témoignages récoltés dans le cadre d'entretiens diligentés par la Ville de Besançon au cours de l'enquête administrative, est suspendu de ses fonctions pour "faute grave". Une mesure disciplinaire va être mise en place à son encontre. Ce dernier, agent de la Ville, réintègre en attendant les services de la municipalité comme le prévoit le droit du travail. Un directeur par intérim, nommé au sein des agents de la Ville, va prendre sa place avec la lourde mission de faire naître un peu de sérénité au sein de la seule école supérieure d’art de Franche-Comté. Son nom n'a pas été communiqué.
L'enquête administrative révèle par des faits, concordants et graves, des dysfonctionnements.
Laurent Devèze avait été pointé du doigt, sans être nommé directement dans un premier temps, comme étant l'un des instigateurs d'un système favorisant une certaine frange des étudiants, au détriment des autres.
"L'enquête administrative, qui je le rappelle n'est pas une enquête judiciaire, a été diligentée et révèle un certain nombre de dysfonctionnements. Nous prenons des mesures au regard de ces problèmes administratifs. Un conseil de discipline va avoir lieu et ensuite une procédure va se dérouler" nous a expliqué Anne Vignot, maire de Besançon.
"Le ministère de la Culture soutient la sanction"
Les personnes mises en cause ont été facilement identifiées, selon cette dernière. La Ville de Besançon n'a pas souhaité dévoiler la nature des dysfonctionnements entraînant la suspension du directeur, invoquant le droit à la défense de ce dernier. "Nous sommes très respectueux de la justice. Nous souhaitions une enquête robuste d'un point de vue juridique" a justifié la maire de Besançon.
Aline Chassagne, présidente de l'ISBA et adjointe à la maire de Besançon chargée de la Culture, a précisé que des clivages et un désordre apparent avaient été observés au sein de l'ISBA. "Cette structure est en crise, depuis les dénonciations sur les réseaux sociaux et dans la presse. Le ministère de la Culture a suivi de très près cette affaire et a soutenu la sanction" a-t-elle expliqué, tout en revenant sur le déroulé de l'enquête administrative lancée fin septembre 2020 et à laquelle ont participé 63 personnes, dont 20 étudiants.
Elle précise, concernant les dysfonctionnements observés, que ceux-ci ne concernent pas une faute dans la gestion budgétaire de l'école, "même si celle-ci peut être améliorée".
"Un certain nombre d'actions envisagées"
Concernant l'employé mis en cause pour des faits d'agressions sexuelles, il ne travaille actuellement plus à l'ISBA, nous précise la Ville. Seule la justice peut prononcer une condamnation à son encontre, si les faits sont avérés. Joint à plusieurs reprises par nos soins concernant le volet judiciaire, le parquet n'a pas donné suite.
Les professeurs et les étudiants ont été avertis des conclusions de cette enquête administrative avant la presse, ce jeudi matin. "Comme vous l'imaginez, c'est assez clivé. C'est logique dans ce cadre de crise. Plusieurs témoignages allaient dans le sens d'un soulagement par rapport à la prise de décision que nous leur avons apportée" a précisé Aline Chassagne, indiquant qu'un accompagnement est prévu et "un certain nombre d'actions sont envisagées pour que la transition soit faite dans un climat le plus serein possible".
"Soulagé qu'il ne soit plus là"
D'après nos sources, une partie des professeurs de l'ISBA s'étaient positionnés contre le directeur Laurent Devèze, actuellement en arrêt maladie. "On est soulagés qu’il ne soit plus là, mais maintenant il faut reconstruire et ça ne va pas être simple. Pour l'instant, on n'arrive plus vraiment à travailler correctement avec les élèves. On espère que cette décision va aider à retrouver le calme" nous a confié de manière anonyme l'un d'entre eux.
Concernant les dénonciations qui relèvent de la justice, Anne Vignot a souhaité insister une fois de plus sur la nécessité pour les victimes de porter plainte afin de permettre que justice soit faite.