Ivre, sous stupéfiant, il tabasse à mort un quinquagénaire puis diffuse son agression sur Snapchat : "un déchaînement de violence insoutenable"

Jeudi 7 novembre 2024, un homme de 59 ans est décédé après s'être fait rouer de coups à Morteau (Doubs). Son agresseur interpellé quelques minutes après le drame, avait filmé l'agression avant de la diffuser sur les réseaux sociaux. Il encourt une peine de prison à perpétuité pour homicide volontaire aggravé.

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Selon l'aveu même du procureur de la République de Besançon (Doubs), Etienne Manteaux, les scènes de violence sont "insoutenables". Jeudi 7 novembre 2024, vers 1h15 du matin, un homme âgé de 59 ans est mort sur la voie publique, rue Fauche, à Morteau.

Les causes de son décès sont terribles : ce cuisinier domicilié à Montlebon (Haut-Doubs) s'est fait rouer de coups jusqu'à en mourir par un homme âgé de 21 ans. Ce dernier a filmé la scène, l'a diffusé sur le réseau social Snapchat dans la foulée. Appréhendé par les forces de l'ordre quelques minutes après le drame, il a expliqué avoir "vrillé" après que la victime lui aurait proposé des relations sexuelles. Il a été déféré ce 8 novembre devant le parquet de Besançon puis mis en examen pour homicide volontaire aggravé.

Une rencontre dans un bar

Comment en est-on arrivé là ? Selon Etienne Manteaux, qui donnait le 8 novembre une conférence de presse pour revenir sur les circonstances de l'agression, les deux hommes se seraient rencontrés le 6 novembre dans un bar du centre-ville de Morteau. L'agresseur présumé était alors avec un groupe de jeunes gens âgés, eux aussi, d'une vingtaine d'années.

"Les analyses des caméras de vidéosurveillance de l'établissement montrent la victime parler avec le groupe et boire de l'alcool avec eux" précise le procureur. "Puis le quinquagénaire sort du bar pendant sept minutes, accompagné de son futur agresseur, sans signe d'agressivité". Étienne Manteaux explique que selon plusieurs témoins, la victime aurait proposé au jeune homme de 21 ans d'avoir des relations sexuelles avec lui.

Vers 00h50, tous les protagonistes quittent le bar. Le quinquagénaire et l'accusé partent de leur côté, alors que le reste du groupe se disperse. Là aussi, selon les auditions des forces de l'ordre, aucune forme de tensions. Pourtant, vers 1h15, plusieurs personnes appellent les autorités : elles disent avoir vu et entendu un passage à tabac, rue Fauche.

"Sur ses baskets, des traces de sang"

À l'arrivée des secours, l'homme de 59 ans est en arrêt cardiorespiratoire sévère sur la chaussée. Malgré plusieurs "intenses" massages cardiaques, il mourra quelques minutes plus tard. Les gendarmes sont alors alertés par des Mortuaciens, qui les préviennent de la présence d'un homme, près de la rue Fauche, qui ressemblerait à l'agresseur.

Les forces de l'ordre appréhendent un peu plus loin cet homme de 21 ans, visiblement alcoolisé. Sur ses baskets, ils constatent des traces de sang.

Etienne Manteaux,

procureur de la République de Besançon

Directement placé en garde à vue, l'accusé sera dépisté positif au cannabis et à l'alcool. "Très rapidement, il passe aux aveux et admet avoir porté les coups" précise le procureur. "Dans un premier temps, il dit s'être défendu, que la victime l'aurait, elle aussi, frappé et qu'elle avait un couteau". Une perquisition est opérée au domicile du jeune homme, situé non loin du lieu de l'agression, où les gendarmes découvrent un pantalon ensanglanté et son téléphone, "ce qui veut dire que l'homme s'est changé avant de revenir sur les lieux de l'agression".

Son exploitation va s'avérer cruciale. À l’intérieur, les enquêteurs retrouvent trois vidéos où l'accusé se filme, en train de frapper le quinquagénaire. "Ce sont des scènes d'une violence extrême, difficilement soutenable, très dures à regarder" insiste Etienne Manteaux. "Sur la première vidéo, la victime est assise, le visage ensanglanté. Sur la deuxième, il est couché, et émet quelques sons. Sur la troisième, malgré les coups, son corps reste inerte". Toutes ces vidéos ont été partagées sur le réseau social Snapchat par le mis en cause, qui les a envoyées à certaines de ses connaissances.

"S'il ne m'avait pas rencontré, ce ne serait pas arrivé"

Précision : dans ces vidéos, la justice précise que l'accusé insulte à de nombreuses reprises l'homme de 59 ans en lui portant des coups de pied au visage, et dit qu'il agit ainsi, car sa petite sœur a reçu des propositions sexuelles de la part de la victime. "Après vérifications et investigations auprès de la famille de l'accusé, il apparaît que ces propos ne sont pas étayés" nous informe la justice.

Mis devant le fait accompli, le suspect dit durant ces auditions que ce sont "les propositions sexuelles de la victime" qui l'ont mis en colère. Ajoutez à cela l'alcool et les drogues, qui "l'auraient fait vriller". "S'il ne m'avait pas rencontré, ce ne serait pas arrivé" répétera-t-il aux gendarmes.

L'autopsie du corps du défunt, réalisé ce 8 novembre dans la matinée, a révélé "une série importante d'hématomes et de lésions sur la victime", notamment au niveau du visage, une hémorragie cérébrale et un syndrome asphyxique. "De nouvelles analyses ont été commandées pour comprendre le mécanisme du décès" conclut Etienne Manteaux.

Une agression similaire quelques semaines avant le drame

L'agresseur présumé, lui, habitait à Morteau et était très défavorablement connu de la justice. Il avait déjà été condamné à quatre reprises, notamment en décembre 2023 pour violences avec armes à Morteau, qui lui avait valu une peine de 6 mois de prison avec sursis. Il devait également comparaître le 25 novembre prochain pour des violences commises encore une fois à Morteau : il lui était reproché d'avoir frappé, au sol, à coups de pied, une personne. Un mode opératoire qui rappelle tristement sa dernière agression présumée.

En fin de journée, le jeune homme a été mis en examen pour homicide involontaire aggravé par le fait qu'il a été commis en raison de l'orientation sexuelle de la victime. Pour ces chefs d'accusation, il encourt une peine de prison à perpétuité. Il restera en détention provisoire en attente de son procès. 

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