"J’appelle ma famille tous les jours pour savoir s’ils sont toujours vivants", la communauté Libanaise impuissante face aux bombardements israéliens

Alors que le conflit s’intensifie au Proche-Orient entre l’armée israélienne et le Hezbollah, la communauté Libanaise de Franche-Comté s’inquiète du sort réservé aux populations civiles dans leur pays. Certains étudiants de l’université de Besançon (Doubs) prennent des nouvelles quotidiennes de leurs proches restés au Liban, la boule au ventre.

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C’est l’une des communautés les plus importantes de la vie étudiante, à Besançon. Les Libanais, seraient 300 et 400 étudiants inscrits cette année à l’Université, dans l’une des facultés de la cité comtoise. Une grande partie d’entre eux ont encore de la famille, des proches ou des amis dans leur pays d’origine.

Depuis l’élargissement du conflit au Proche-Orient, ils vivent dans la peur et l’angoisse."Tous les matins, j’appelle ma famille pour m’assurer qu’ils sont toujours vivants. Savoir s’ils ont à manger, à boire. Je suis sur mon téléphone toute la journée, je n’ose pas le lâcher" raconte émue Carine Choker, étudiante libanaise en troisième année de médecine à Besançon.

Il y a des attaques tous les jours. On ne sait pas quand notre tour va arriver.

Julia Bayda

Etudiante libanaise à Besançon

Sa famille vit au sud du Liban, dans la plaine de la Bekaa, l’une des régions les plus exposées face aux bombardements israéliens. "Il y a beaucoup de blessés parmi les populations civiles là-bas. Je m’inquiète pour eux. J’ai des cousins qui vivent dans cette région et certains de mes amis ont des proches qui ont été touchés" s’inquiète la jeune femme, "Depuis hier, il y a eu plus de 150 frappes sur les maisons, à la Bekaa. Tout le monde est attaqué".

Entraide et solidarité

Comme elle, Julia Bayda, elle aussi étudiante en médecine, prend des nouvelles quotidiennes de son entourage, qui vit au nord du pays, dans la région de Tripoli : "Certes, c’est une région un peu moins touchée, mais les Israéliens bombardent partout. On ne sait pas quand notre tour va arriver" s’alarme l’étudiante libanaise, "Je suis inquiète, mais je dois dire que je suis aussi extrêmement fière de ma famille, des gens du Nord qui accueillent les familles du Sud. Dans les écoles par exemple, tout le monde accueille les familles avec des enfants, des personnes âgées qui ont dû fuir leurs maisons dans le sud du Liban. Ce que je vois sur les réseaux, la solidarité du peuple libanais, ça me rend extrêmement fier" souligne-t-elle.

À leur échelle, les deux jeunes femmes ont décidé d’aider comme elles le pouvaient. L’Association des étudiants Libanais de Besançon – dont elles sont respectivement la présidente, et la vice-présidente – organisera d’ailleurs un rassemblement de soutien au peuple libanais le 19 octobre prochain, à 14h00, sur la place du 8 septembre :  "On invite tous les Bisontins qui le souhaitent à venir afficher leur solidarité", explique Carine, "Ce sera une boussole de l’humanité pour montrer que nous sommes contre ces frappes, contre ces crimes de guerre. Les Israéliens attaquent des civiles, ils attaquent la paix".

Carine et Julia sont également très actives sur les réseaux sociaux, où elles suivent quasiment en continu l’évolution de la situation dans leur pays. Elles y relaient aussi des campagnes de financement et des cagnottes en ligne pour apporter du matériel et de l’aide humanitaire au peuple Libanais : "Les gens ont besoin qu’on les aide. Surtout économiquement. Il nous faut l’aide et le soutien de tout le monde. Matelas, médicaments, produits d’hygiène, et de l’argent pour trouver des logements aux familles qui ont dû fuir leur maison" alerte Julia Bayda.

 "Jusqu'où ça va continuer ?"

À quelques encablures du centre linguistique appliquée (CLA) de Besançon, où nous avons rencontré les deux jeunes femmes, un autre Libanais s’inquiète lui aussi de voir son pays sous les bombes. "Ça me désole de voir tout cela. Les bombes tombées, les destructions, les morts. C’est désolant. D’un côté ou de l’autre. Jusqu’où ça va continuer ? J’ai peur que le conflit s’élargisse avec l’Iran et d’autres pays. La machine est lancée et ne s’arrêtera pas" prévient Jamal El Halabi.

Arrivé en France 1983, ce gérant d’un restaurant libanais dans la rue des Granges (Besançon) a déjà connu la guerre dans son pays. Son discours, empreint d’amertume, et de mauvais souvenirs, n’est pas très optimiste : "Quand on vit ici, en France, depuis des dizaines d’années, on se dit qu’on ne peut plus vivre au Liban. Pour les vacances ça va, mais y vivre toute l’année, c'est compliqué. L’insécurité y est devenue trop importante. Ça peut péter du jour au lendemain" analyse le restaurateur, "Je n’en veux pas aux Israéliens mais j’en veux aux dirigeants, à ces gouvernements et ces politiciens. Car là-bas, certains sont contre la guerre".

Selon les derniers chiffres publiés par le ministère de la Santé libanais, au moins 51 personnes sont mortes et 220 autres ont été blessées dans les différentes frappes qui ont touché le pays dans la journée du mercredi 25 septembre. L’avant-veille, lundi 23 septembre, les attaques israéliennes avaient fait plus de 550 morts dans le pays.

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