Le chant d'un mâle reproducteur annonçait un retour possible de l'espèce au mois d'avril 2024, après presque 15 ans d'absence autour de Besançon (Doubs). Mais les habitants venus profiter des pelouses de Chaudanne ont dissuadé l'alouette de se reproduire et de nicher sur le sol.
Ce ne sera pas pour 2024. L'alouette lulu ne se risque plus à nicher sur les collines de Besançon à cause de la fréquentation des pelouses pendant sa période de reproduction, entre mars et juillet.
Au début du mois, le "cantonnement" d'un mâle reproducteur, chantant pour revendiquer les prairies de la colline de Chaudanne comme espace de reproduction, laisse croire au retour de l'espèce dans la zone.
Fréquentation précoce des pelouses
"Après presque 15 ans d'absence, l'alouette lulu est de nouveau présente sur les pelouses de Chaudanne", s'empresse alors de prévenir la ville de Besançon sur des panneaux, appelant à "la vigilance particulière" des habitants.
Car ce poids plume (26 à 36 grammes) est une espèce prairiale : la femelle construit son nid à même le sol, à l'abri d'une plante, pour y déposer des œufs mouchetés de rouge et de brun.
Mais la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) a rapidement perdu espoir. Après le deuxième week-end du mois d'avril, les habitants venus profiter des températures anormalement hautes à Chaudanne ont chassé sans le vouloir, le mâle de son terrain de reproduction.
57% des alouettes Lulu auraient disparu dans la région
"Le risque, c'est la disparition de l'espèce", explique Alexis Veldeman de la LPO Bourgogne-Franche-Comté, qui rappelle que "toutes les espèces autochtones d'une région ont un rôle à jouer dans l'équilibre de la biodiversité".
Reconnaissable à ses grands sourcils blancs fournis, l'alouette lulu est présente sur tout le territoire français. Mais elle niche sur des sols secs, d'où son intérêt pour les pelouses calcaires du Doubs.
Son chant ("Lulululu"), "l'un des plus beaux chants d'oiseaux de nos régions" selon le guide ornithologique Quel est donc cet oiseau ?, a donné son nom à l'espèce.
La LPO estime que 57% des alouettes lulu ont disparu en Bourgogne Franche-Comté depuis 2002. Sur des panneaux de sensibilisation plantés à Chaudanne, la ville de Besançon encourage les marcheurs à "rester sur les sentiers" et à "promener son chien en laisse" pendant la période de reproduction des alouettes.