"Le jour où l’artificier n’a pas d’adrénaline, il faut qu’il arrête le métier" : Thierry, homme étincelle depuis 40 ans

Chaque année, depuis 40 ans, Thierry Dardelin supervise des feux d'artifice dans le Doubs et le Jura. Il commande les produits, imagine les feux et réalise les tests. Il sera à nouveau sur le pont pour ce 14 juillet. Portrait.

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“C’est toujours un bonheur, tous les ans, de se dire qu’on va faire plaisir aux petits comme aux grands. C’est un émerveillement”, témoigne avec émotion Thierry Dardelin, artificier depuis 40 ans. En 2023, c’est lui qui a orchestré les feux d’artifice du 14 juillet de Besançon (Doubs). Mais ce dimanche 14 juillet 2024, il ne sera pas aux commandes. Thierry sera à Ornans (Doubs) pour superviser leur feu d’artifice.

Le jour où l’artificier n’a pas d’adrénaline, il faut qu’il arrête le métier parce que le risque zéro n’existe pas en pyrotechnie.

Thierry Dardelin, artificier chez Pyrotech

Le septuagénaire connaît parfaitement ses produits. “Ils sont commandés une année à l’avance et à partir de là, on fait des propositions, on écrit des scénarios et après, on les propose”, détaille-t-il. Et de reprendre : “C’est une conception qu’on a en connaissant les produits, les formes que cela va donner. C’est comme un film”. L’artificier mélange les produits qu’il commande et il réalise des tests, en novembre et en février.

"On doit connaître le feu par cœur"

Cette année, le Bisontin organise plusieurs feux d’artifice de la région. “On est contacté par les communes. On a des fidèles comme Ornans, on connaît le site et ils nous font confiance depuis des années.” Thierry chapeaute également des feux d’artifice dans le Jura comme aux Rousses et à Chevreaux et dans le Doubs à Malbuisson et Roche-lez-Beaupré.

L’artificier travaille pour l’entreprise Pyrotech. Depuis plus de 25 ans, cette société de la Meuse (en Lorraine) organise des feux d’artifice pour les particuliers, les entreprises et les collectivités.

Le jour J, les produits arrivent par camion spécialement équipé et ensuite, ils sont mis dans d’autres camions. J’ai des équipes d’artificiers qui partent, ils ont un plan de tir et ils ont plus qu’à monter et tout préparer pour le soir.

Thierry Dardelin, artificier chez Pyrotech

Thierry supervise une équipe qui varie entre 25 et 30 personnes. Pour Ornans, il y aura quatre personnes. Parfois, les conditions pour tirer ne sont pas idéales. “Par exemple, cette année quand on voit le temps, ça risque d’être difficile”, imagine-t-il. Il faut aussi prévoir les ratés. “On doit connaître notre feu par cœur, il faut anticiper les petits trous qu’il peut y avoir. Il peut aussi y avoir un problème technique et le feu ne peut pas partir.”

Un métier qui ne s'improvise pas

En raison de la dangerosité des produits, “c’est de l’explosif”, le public et les clients ne peuvent pas avoir accès au site d’où sont tirés les feux d’artifice. D’ailleurs, devenir artificier ne s’improvise pas. Il faut faire une formation payante de cinq jours. Cette formation se fait dans une usine “où on a un site pour faire des démonstrations”. Ceux qui exercent cette profession sont des passionnés. Ils n’arrivent généralement pas à en vivre. “J’ai des chauffeurs, des ingénieurs, ce sont des gens qui aiment la pyro[technie], explique-t-il.

Les artificiers prennent soin de prévenir les oiseaux avant de tirer le feu : “On envoie une petite chandelle. Elle fait un bruit qui éloigne, mais n’effraye pas les oiseaux, et on envoie 10, 15 secondes après le feu d’artifice”. Est-ce que ça pollue ? Thierry est formel : oui. “Je connais des concurrents qui disent “mon feu d’artifice est écologique” mais ce n’est pas vrai, la poudre qui est dedans n’est pas écolo”, commente-t-il. Ses produits viennent à 90 % de Chine.

Mais comment faire pour se renouveler ? Comme arriver à époustoufler les spectateurs chaque année ? Après 40 ans, Thierry ressent toujours la flamme. Il a l’amour du métier et le respect du public. Pas question pour lui de faire le même feu année après année. “Nous, on a des feux qui ne se ressemblent pas d’une année sur l’autre. Les produits qu’on n’a pas utilisés, on les met l’année d’après, mais on diversifie la cadence, le rythme feu. En général, on crée 30 à 40 nouveaux produits par an”, précise-t-il. Son entreprise possède un catalogue qui propose un panel de feux d’artifice. Mais à partir de 4 000 euros, ce sont les artificiers qui écrivent les feux.

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