Le parcours du Trail des forts de Besançon aller-retour, 114 km, 13h de course : le pari fou du traileur Laurent Sitbon

Une boucle à l'endroit. Une boucle à l'envers. Le traileur s'est tricoté un beau challenge : courir le Trail des Forts à l'entraînement, mais en aller-retour. Au moins 13 heures d'effort, 114 kilomètres entre les collines de Besançon. Et il a une bonne raison. Si, c'est vrai.

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Un truc de fou. Et c'est l'idée. Car, derrière l'exploit, il y en a un encore plus grand : participer ensuite pour la première fois, en octobre prochain, à la célèbre "Diagonale des Fous", sur l'Île de la Réunion. Le sommet de l'Ultra Trail : 164 kilomètres à parcourir sur deux pattes avec 10 000 mètres de dénivelé positif. Ce sera une première pour le traileur de 47 ans.

Mais revenons, d'abord, à cette histoire d'aller-retour à Besançon. "Les Forts", comme disent ceux qui l'ont fait, Laurent connaît par coeur. Sur les 17 premières éditions, il n'en a raté que deux et terminé toutes les autres. Sa matinée, le jeudi 17 juin, ressemblera à toutes celles vécues auparavant: "Je vais garer ma voiture sur le parking des Prés-de-Vaux. Puis m'échauffer, avant de m'élancer sur le parcours. Je partirai pour six heures, six heures trente d'effort. Puis, en arrivant, je retrouverai ma voiture, m'octroierai vingt minutes de pause..avant de repartir, mais cette fois dans l'autre sens !".

Et c'est là, à ce moment-là, que ça va commencer à être intéressant, si on ose dire.

" Déjà, il aura fallu convaincre mon cerveau de repartir. Et d'endurer au moins sept nouvelles heures d'effort. Et puis, faire le chemin à l'envers, c'est ne plus avoir de vrais repères sensoriels et physiques. Je serai seul, sans public ni adversaire autour de moi pour me permettre de me comparer. Suis-je le seul à avoir un coup de fatigue ? Est-ce normal ? Est-ce que je cours au bon rythme ? Les doutes sont plus importants sans public ou adversaire. En tout cas pour moi. Je me sentirai alors dans ce sentiment d'inconnue, quand on est sur un Ultra et qu'on puise dans les réserves."

Si Laurent Sitbon s'impose cela, c'est déjà par goût du challenge. "Réussir cela, ce serait une vraie satisfaction personnelle. Aller au bout des choses, mais sans rien attendre en retour. Pas de podium, d'encouragements de la famille et du public, de bière à l'arrivée avec les autres participants. Là, je vais vraiment le faire pour moi."

114 km pour se préparer à La Diagonale des Fous

Mais surtout pour préparer la Diagonale des Fous donc. C'est l'épreuve la plus compliquée, la plus éprouvante, pire encore que l'Ultra Trail du Mont-Blanc. Il n'y a rien d'équivalent. "Je rêve, depuis des années, d'y participer. Ce sera pour cette fois. D'habitude, dans une saison "normale" de courses, on se sert des épreuves comme de courses de préparation. C'est pour cela que je vais courir la "TDS", la Trace des Ducs de Savoie, en août ( la même semaine que le Trail des Forts, que Laurent va donc zapper cette année). C'est une course de 140 kilomètres et 8000 mètres de dénivelé positif. Quand on prépare les Ultras, on doit monter en régime. Ce sera un bon entraînement avant la Réunion."

Ce rêve, un peu fou, de la Diagonale, c'est de la finir. Et de boucler, ainsi la boucle. On y revient. Boucler trente années de course à pied dont quinze d'Ultras.

Mais avant, donc, cela passe par cette "sortie" d'entraînement entre Bregille, Chaudanne, la Citadelle et les autres fortifications. Laurent sera accompagné sur une partie du parcours par l'organisateur du Trail des Forts, Jean-Marie Baverel, ainsi que par deux copains qui feront un bout de chemin avec lui. Mais il sera souvent seul. Avec ses doutes, ses espoirs. Et cet acide lactique qui va lui brûler les muscles.

Depuis des années, le coureur est un bon client des médias et un bel ambassadeur des sports nature. Il est surtout un sportif qui se fixe toujours la barre haute. Comme il y a deux ans, sur la célèbre course de la SaintéLyon, qu'il avait déjà entreprise en aller-retour, parcourant 144 bornes de jour et de nuit.

"J'aime bien aussi montrer qu'on peut faire des chouettes choses à Besac. En avril, toujours pour ma préparation, j'ai grimpé quinze fois d'affilée une montée qui sert de piste aux descentes de VTT. Cela m'a pris 10h55 d'efforts pour 48 kilomètres et plus de 5000 mètres de dénivelé positif parcourus."

Là-encore, il s'agissait pour Laurent de préparer la Diagonale des Fous.

Laurent, dans la vie, est éducateur spécialisé à Besançon. La course nature est pour lui l'occasion de se dépasser, de voyager. Ce périple à la Réunion, c'est donc le rêve d'une vie. Et cela passe par un entraînement très sérieux pour ne pas vivre un cauchemar. On le savait "fort", on le trouvait un peu "fou". On lui souhaite de tenir si bon et de trouver la force d'aller au bout de son (long) chemin en "Diagonale".

 

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