Malédiction des étés pluvieux, le mildiou menace les tomates et pommes de terre

Après les limaces, c'est probablement l'ennemi du potager que les jardiniers amateurs craignent le plus : le mildiou. Cette maladie peut être particulièrement dévastatrice pour les tomates et les pommes de terre.

C'est la malédiction des étés pluvieux et chauds. Un ennemi encore plus pernicieux que les limaces qui se jettent en masse sur les cultures : le mildiou cause bien du souci aux jardiniers qui ont pris soin de leur potager toute la saison. 

Cette maladie peut faire des ravages, en particulier sur les tomates et les pommes de terre. Elle se développe dans des conditions d'humidité élevées, et dès lors que les températures dépassent 12 degrés. On le reconnaît aux taches brunes puis noires, auréolées de jaunes sur les tomates, de vert pâle sur les pommes de terre, qu'il provoque sur les légumes. Ces feuilles sèchent ensuite rapidement, quand les légumes touchés pourrissent visiblement. Plus il fait chaud, plus il se répand rapidement. 

Une année à risque 

"J'en vois sur des choses où je n'en avais jamais vu : des haricots, des oignons... sur tout ce qui est dehors" se désole Nathalie Vaucher, maraîchère à Besançon dans le Doubs. Avec des épisodes de pluies très nombreux, des sols gorgés d'eau, et des températures qui vont se réchauffer dans les prochains jours, ce début de mois de juin 2024 est "idéal" pour favoriser son développement. 

Dans son bulletin de santé végétale (BSV) du 31 mai, la chambre d'agriculture de Bourgogne-Franche-comté a alerté sur le risque "très élevé" de propagation du mildiou :"les conditions météo sont très favorables à l'expression de la maladie, surtout avec le retour annoncé de températures plus clémentes sans averses, mais avec une forte hygrométrie nocturne". 

Ce n'est pas un champignon

Ce n'est pas ça qui vous rendra vos tomates, mais pour la petite histoire, le mildiou n'est pas, contrairement à la croyance populaire, un champignon. C'est un "protiste fongiforme". Autrement dit, un organisme qui ressemble et fonctionne quasiment comme un champignon, mais unicellulaire, quand les champignons sont généralement multicellulaires. 

Cette maladie, dont le nom commun nous vient de l'anglais mildew, est à l'origine de famines qui ont tué plus d'un million de personnes en Europe au début du 19ᵉ siècle, notamment en Irlande. 

En revanche, comme un champignon, le Phythophthora infestans (de son nom scientifique) se multiple et se répand grâce à des spores, qui peuvent se propager sur des distances importantes grâce au vent. 

Une solution : la prévention

Contre le mildiou, la principale arme du jardinier est dans la prévention : "en amont, on peut choisir des variétés résistances" cite par exemple Simon Courbet, horticulteur. "On peut éviter que les feuilles basses touchent la terre, et puis si on arrose, on évite de mouiller le feuillage".

"Avant qu'il y ait les maladies, on peut renforcer sa plante avec des extraits fermentés de végétaux" propose Nathalie Vaucher. "Mais il ne faut surtout pas en mettre sur une plante déjà atteinte parce qu'on renforcerait le mildiou".

Autres pistes proposées par le site Ecophyto du ministère de l'Environnement : diminuer la densité végétale sur les parcelles fragiles (tomates, pommes de terre, oignons), pailler et tuteurer les plants de tomates, et bien enfouir ses plants de pommes de terre pour que les tubercules ne soient pas exposés aux spores. 

Et une fois qu'il est là, le mildiou, on fait quoi ?

La prévention, c'est bien beau, mais lorsque le mildiou s'installe, que peut-on encore faire ? Le ministère de l'Environnement recommande une "inspection quotidienne""L'idéal, c'est d'enlever les parties atteintes" confirme Nathalie Vaucher. Quitte à arracher des plants trop touchés, afin qu'ils ne contaminent pas leurs voisins. 

Si plusieurs traitements alternatifs existent, le seul utilisé par les professionnels est la bouille bordelaise. "C'est du cuivre" explique Simon Courbet. "Il faut en mettre juste ce qu'il faut, en suivant les instructions" précise l'horticulteur. Attention, il faut aussi attendre que le temps sèche un peu, sans quoi le traitement est aussitôt délavé et est inefficace. 

Les jardiniers amateurs peuvent aussi s'essayer à des recettes artisanales à base d'huiles essentielles aux propriétés anti-fongiques, comme l'huile essentielle d'origan

Autre solution : couvrir ses plants. "Il y a des gens qui mettent des petits abris, avec deux trois piquets et un petit film plastique, ça marche bien" propose Simon Courbet. Tout pour limiter l'exposition des feuilles et des fruits à l'eau. "Cette année, c'est mieux de cultiver sous serre ou sous un abri, il faut que les feuilles puissent sécher" ajoute Nathalie Vaucher. 

L'horticulteur souligne qu'il n'est pas trop tard pour lancer des plantations de légumes d'été, puisque de toute façon, les plants repiqués en mai n'ont guère poussé cette année. 

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