Chaque année ou presque à Besançon (Doubs), des enfants de primaire sont refusés de la cantine, faute de place. Pourtant, en huit ans, la ville a créé plus de 1200 places dans ses restaurants scolaires. Mais la demande ne cesse d'augmenter.
À Besançon, dans le Doubs, la problématique revient invariablement à chaque rentrée : combien d'enfants n'ont pas pu être inscrits à la cantine scolaire ? Il y a quelques années, l'affaire était même montée jusqu'au Conseil d'État, après que des parents s'étaient portés en justice.
Pour cette rentrée 2024-2025, ils sont 250 élèves sans solution. "Pour les familles dont les enfants sont refusés, c'est une grande difficulté" se désole Claudine Caulet, adjointe à la mairie en charge de la restauration scolaire. Pourtant, la municipalité ne cesse de créer des centaines de places supplémentaires. Depuis 2016, environ 1 200 places ont été créées.
Tous les dossiers envoyés dans les temps acceptés
Cette rentrée 2024 était pourtant bien partie pour la cantine : "pour les dossiers envoyés dans les temps, on a pu tout accepter, il n'y a eu aucun refus" rapporte Claudine Caulet. 5.200 places de cantine attribuées, soit 300 de plus qu'en septembre 2023. Un volume équivalent à la totalité des dossiers déposés pour cette même rentrée.
Le système d'inscription, ouvert de mars à mi-juillet, a d'ailleurs été simplifié : "ça a bien marché, on n'a pas eu de retour négatif". "Les parents ont été prévenus par affiches, flyers et mails" ajoute-t-elle. Mais voilà, "les dossiers ont continué d'arriver, jusqu'à aujourd'hui où il y en a encore eu" explique l'élue.
250 dossiers envoyés en retard, qui vont être traités au cas par cas : "les services vont faire dans la dentelle, ils vont repérer tous les trous de fourmis dans chaque école, pour proposer des temps d'accueil pour compléter au maximum".
Une explosion des demandes
Lorsque le sujet avait été porté devant le tribunal administratif, en 2017, environ 300 dossiers avaient été refusés, pour à peu près 4 000 places à l'époque. Sept ans plus tard, et un changement de municipalité, la ville a augmenté ses capacités d'accueil de plus de 25%.... et pourtant le nombre d'élèves non-admis reste quasiment le même.
"Depuis le début du mandat [en 2020], on a créé plus de 600 places" souligne Claudine Caulet. "On accueillait un peu plus de 50% des élèves, on est actuellement à 68%, et on s'est fixé comme objectif 70%". "On pense que la demande va aller au-delà de ce seuil" soupire l'élue.
Alors que le nombre d'élèves à Besançon a plutôt tendance à baisser, d'environ "2% chaque année", les demandes sont de plus en plus nombreuses : "on pense que c'est multifactoriel". "Peut-être qu'il n'y a plus de famille qui puisse prendre les enfants à midi : pas de grands-parents disponibles, des emplois qui ne laissent pas deux heures de pause à midi" énumère Claudine Caulet. Le nombre d'assistantes maternelles dans le secteur baisse aussi drastiquement, et celles qui restent acceptent rarement la charge que représente la prise en charge des repas du midi, pour des revenus modeste.
"On a aussi modifié les tarifs, avec un premier tarif à 1 euro, peut-être que ça joue" s'interroge l'adjointe à la restauration scolaire. "On prépare aussi des bons repas, et on fait bien la cuisine".
Pousser les murs
Les deux facteurs limitants sont toujours les mêmes : la "place physique", l'espace disponible dans les écoles, et "l'encadrement". "Dès qu'on rénove, on agrandit, mais c'est long", expose l'élue. "On fait même des restaurants self dans l'élémentaire". Quatre nouveaux selfs seront livrés dans des écoles primaires de la municipalité.
Sur le front des encadrants, la ville a lancé un autre projet : "le chantier Atsem-animateurs". "Les ATSEM deviennent animatrices et encadrent les petits sur la pause méridienne, ils restent avec les mêmes personnes" se réjouit Claudine Caulet. Concrètement, du temps de travail dédié au rangement et à l'entretien des classes est retiré aux ATSEM pour être confié à d'autres agents qui étaient en temps partiel, pour leur permettre d'accompagner les enfants à la cantine. "On a fait une enquête, 85% des ATSEM étaient d'accord".
"Comme on a plus d'animateurs disponibles pour les écoles élémentaires, on peut sortir une cinquantaine d'élèves de l'école Fourier pour les emmener déjeuner dans le collège d'à côté" souligne Claudine Caulet. Autre piste : "on essaie de faire des doubles services, c'est à l'essai dans certaines maternelles avec les grandes sections". L'élue se dit attentive aux retours des parents d'élèves sur cet essai.
Quant aux parents d'élèves qui n'ont pas encore de place, il faudra prendre son mal en patience pendant les prochaines semaines. Les dossiers envoyés hors délai sont traités par ordre d'arrivée.