Miss Franche-Comté fait partie des favorites de la compétition. À 19 ans, Marion Navarro participe samedi 17 décembre au concours de Miss France. Un rêve d'enfance pour cette jeune femme de Baume-les-Dames (Doubs) au caractère bien trempé.
"C'est vraiment son rêve. Depuis qu'elle a huit ans, tout tourne autour de ça". Lorsque Natacha Navarro parle de sa fille, Marion, Miss Franche-Comté 2022 et candidate au titre de Miss France, la fierté résonne dans sa voix. "Marion, c'est quelque chose". "Elle ne lâche rien, elle a un côté pugnace". La jeune femme de 19 ans, originaire de Baume-les-Dames dans le Doubs, ne cache pas son ambition : "ça a toujours été comme une évidence, j'ai toujours su que je voulais faire ça". Et lorsque la Franc-comtoise a un objectif en tête, il faut se lever tôt pour la décourager.
Une enfance rythmée par la danse classique
Marion Navarro a quatre ans lorsqu'elle demande à suivre des cours de danse classique. La discipline, exigeante, rythmera son quotidien jusqu'à ses 18 ans. "Pour faire de la danse classique, il faut du caractère. Quand ils vous font faire le grand écart, contre un mur, il ne faut pas pleurer", raconte sa mère. "Elle voulait cette rigueur".
Au fil des ans, la petite fille devient une championne de sa discipline, suit quatre à cinq entrainements par semaine, jusqu'à aller en filière d'excellence sportive au lycée Jules Haag de Besançon. "Je n'ai pas passé le concours de l'Opéra de Paris, parce qu'à 12 ans, je savais quelle école je voulais faire plus tard, et pour ça il fallait que j'aie un bac général".
La Franc-comtoise parle d'une voix douce, mais sa détermination est frappante. "Je fonctionne par priorité. Je m'étais donné la danse classique sur toute la période scolaire, j'ai eu mon bac, et voilà, j'ai préféré arrêter plutôt que de continuer en amateur". Bac en poche, Marion Navarro a commencé un Bachelor en Fashion Business à l'école internationale de mode à Paris. "Je savais que je voulais aller dans une école de mode, pas en création, mais en business".
"Elle sait ce qu'elle veut"
Une année d'études loin de sa famille, qui lui a apporté beaucoup de maturité, dit-elle. "Miss France, c'est l'aventure d'une vie, alors je voulais être prête". "Elle est partie à Paris seule, elle ne nous demande rien", confie Natacha, sa maman. "Elle fait des jobs d'été, elle gagne son argent seule". "Elle a travaillé comme caissière dans les supermarchés, vendeuse dans une chaîne de boulangeries", se souvient-elle. "Elle a toujours eu des contrats d'été, pour ne pas 'user mon argent' comme elle disait". "Je vous le dis, elle sait ce qu'elle veut".
Cette détermination, elle la tient d'ailleurs de sa mère. En interview, Miss Franche-Comté confie volontiers que sa "force de caractère" l'a toujours inspirée. "Maman a créé son entreprise en 2007, dit-elle, elle ne partait de rien, et elle s'est donné les moyens". "Être une femme, dans le milieu du bâtiment, créer son entreprise toute seule, c'est pas courant". "Elle m'a donné cette envie d'aller plus loin et de toujours y croire". Une belle déclaration d'admiration, à laquelle Natacha Navarro répond modestement. "C'est vrai que je me suis toujours battue. Je viens d'un milieu pauvre, mon rêve c'était d'être cheffe d'entreprise et j'y suis arrivée grâce au travail".
Une mère cheffe d'entreprise dans le BTP et un père gérant d'une autre entreprise. Alors, Marion Navarro l'affirme : "l'entreprenariat, ça a toujours fait partie de moi". Après ses études, la jeune femme voudrait créer une marque de vêtement "engagés et haut de gamme". Mais avant cela : "C'est les Miss, je me concentre et m'y consacre à 100%".
Des soirées pizzas devant Miss France au concours en personne
On l'a compris, les Miss France ont toujours fait rêver Marion Navarro. "C'était vraiment, chaque année, elle, ses copines, papa maman et la soirée pizza devant Miss France", se rappelle sa mère. "Dès qu'Iris Mittenaere arrivait à Paris, il fallait aller la voir, on était les premiers à acheter les places". Aux mauvaises langues qui voient dans les projets de la fille les desseins de la mère, Natacha Navarro n'hésite pas à répondre : "J'ai 46 ans, je travaille dans le BTP, alors, Miss France, moi... non, ça a vraiment toujours été son truc".
Au quotidien, Marion, devenue adolescente, garde le concours de beauté dans le viseur. "Quand j'étais en concours de danse, au lieu de penser à mon concours, je me disais 'prépare-toi, pense à Miss France', 'Marion, prépare-toi, prends-le comme un entrainement si un jour tu fais Miss France', " avoue-t-elle. Un dévouement qui impressionne sa mère : "Elle ne sort pas en discothèque, elle ne boit pas, elle ne fume pas". "Si elle y arrive, et que la Franche-Comté gagne, ça voudra dire qu'il faut vraiment croire en ses rêves".
"Marion, c'est la bienveillance, la famille, la générosité"
Au-delà de son rêve de devenir Miss France, pour ses proches, Marion se distingue par ses convictions : "C'est quelqu'un qui a vraiment des valeurs fortes, affirme sa maman, ça peut même la rendre parfois triste, parce qu'on est dans un monde où c'est parfois difficile de fonctionner avec des valeurs comme ça". Natacha voit en sa fille "la bienveillance, la famille, et la générosité".
Tous les ans, mère et fille fabriquent ensemble des boîtes cadeaux à distribuer, "quand on croise des personnes, voilà, un peu défavorisées, on va leur offrir". Elles y ajoutent des petites attentions : "on met sous plastique des trèfles à quatre feuilles, comme ça on les met dans les boîtes pour donner de la chance". "C'est notre tradition", ajoute Natacha Navarro.
"Ils disent toujours que Miss France, ce n'est pas juste une beauté, c'est un ensemble. Pour moi, elle l'a cet ensemble. Elle est gentille, proche des personnes", affirme-t-elle. Miss Franche-Comté a bien conscience de la fierté qu'elle apporte à sa famille. "Ce sont mes premiers supporters, ils me donnent une force incroyable, annonce la Miss, ils m'ont soutenue comme personne, vous n'imaginez pas, c'est incroyable".
La Franche-Comté n'a pas eu de Miss France depuis 1980
Et si, ce 17 décembre 2022, la Franc-comtoise remportait le titre de Miss France ? Prudente, Marion Navarro s'en remet au public. En Franche-Comté, et en particulier dans sa ville natale, Baume-les-Dames, beaucoup veulent y croire. En novembre, avant son départ pour le stage de préparation que suivent toutes les Miss, une fête en son honneur a été organisée. Plus de 300 personnes étaient présentes. "Elle a beaucoup de chances de gagner, elle est magnifique, elle a beaucoup d'atouts", se pâme l'une d'entre elles, Nadège.
Lors de la fête en son honneur à Baume-les-Dames (Doubs), c'est au bras de son frère qu'elle est entrée dans la salle.
"Aux événements, il y a toujours plus d'une centaine de personnes qui viennent à ma rencontre, qui envoient des messages à mes parents, c'est vraiment incroyable", s'enthousiasme Marion Navarro. "Il y a même des gens qui attendent le matin devant mon entreprise pour proposer leur aide", raconte sa mère. Des manifestations d'affection qui touchent la Miss: "tous ces gens, j'ai vraiment envie de leur rendre quelque chose, c'est important que je leur donne quelque chose, c'est important de les représenter".
Certains commerçants de Baume-les-Dames ont pris sur eux d'organiser une soirée de soutien, samedi 17 décembre. En espérant, pouvoir y fêter jusqu'au bout de la nuit, une belle victoire.