Le Québecois Vincent Roberge revient avec un clip solitaire "Pigeons". La composition marque une nouvelle collaboration avec le saxophoniste bisontin Félix Petit.
Ondulations d’une piscine. Le visage d’un homme, serein, s’y distingue peu à peu. Le regard fixe, les paupières lourdes. Le reflet s’altère au fil de l’ondoiement. Comme une réinterprétation québécoise du mythe de Narcisse.
Dans son dernier clip « Pigeons », Vincent Roberge des Louanges explore la solitude ; cette sensation d’isolement, de n’avoir que soi pour passer le temps. Comme au début de la musique, lorsqu’un tumulte se dissipe, pour laisser place à la voix du multi-instrumentiste, ses rythmes.
C’est Félix Petit qui a co-composé la musique. Pour le saxophoniste bisontin, parti au Canada à 18 ans, c’est une énième collaboration avec Vincent Roberge, et sans doute un énième succès : « On s’est bien trouvé avec ce Vincent ! On s’entend bien, j’essaye de bien comprendre toutes ses idées, les modeler un peu et de les poser sur le disque. » Le Comtois avait déjà co-réalisé et arrangé « La nuit est une panthère », le premier album pop des Louanges sorti en 2018. « Cela nous a permis de tourner ensemble, et de vivre tout ça, ça solidifie une relation », raconte-t-il. La compilation avait reçu trois Félix au Canada lors du gala de l’Asdiq, l'Association québécoise de l'industrie du disque, du spectacle et de la vidéo – l’équivalent des Victoires de la Musique.
Confinement expérimental
Tantôt sur un skate, tantôt sur un tapis roulant, Vincent Roberge navigue seul dans une résidence. Au gré des déambulations, dans une piscine ou devant des portes d’appartement, l’artiste québécois explore la contrainte d’une vie posée, sans déplacements ou concerts. Auparavant « nomade, maintenant mode de vie normale », entonne-t-il dans un couplet.
La pandémie a forcé le regard introspectif mais c’est plutôt tout le brouhaha avant, qui est à la base de la chanson : le fait d’être toujours parti en tournée, d’être ultra sollicité, etc. La crise sanitaire a certainement été l’élément déclencheur de la chanson, mais Pigeons s’ancre dans la réalité pré-pandémique.
Composée en mars 2020, pendant la pandémie, « Pigeons » est le fruit d’une recherche sonore. Si la tournée s’est arrêtée, Les Louanges n’ont pas cessé la musique pour autant. Rentré en catastrophe au Canada, sans pouvoir finir sa tournée française, Vincent Roberge a pris le temps d'écrire. « La pandémie m’a plutôt permis de rester dans ma bulle, de composer, d’expérimenter. J’ai fait ce que j’aurais fait de toute façon mais je n’avais pas le temps de le faire », explique-t-il. Un constat partagé par Félix Petit, son coréalisateur : « On a pu libérer du temps et ça a été bénéfique pour laisser les chansons reposer, et y revenir. On a pu commencer plein de bribes de chansons, puis sélectionner au fur et à mesure du processus. »
« Une pause forcée » ...mais productive
Si Vincent Roberge a profité de ce temps pour se recentrer et se reposer, une frustration demeure : l'absence de scène, en cette période. L'auteur-compositeur-interprète des Louanges l'explique : « Une partie importante de notre identité d'artiste passe à travers le spectacle et la scène. La scène permet d’avoir la validation du public, ça donne un sens à ce qu'on est. On ne se fera pas de cachette (ndlr : on ne va pas se mentir), ça fait du bien se faire applaudir. »
J’ai des périodes très productives et d’autres périodes ultra merdiques où je n’ai pas d'inspiration. Puis y’a des fois où tu regrettes ne pas avoir pu faire ton Métropolis comble à Montréal ou aller jouer aux Francofolies de La Rochelle ou Dour comme c’était prévu.
De cette pause forcée, sortira un nouvel album. Pas tout de suite, car le Québecois l'affirme : « J’essaye de le terminer ! Ça va prendre du temps, mais il va être fort. »