“On a des familles qui nous disent, je n’ai plus rien à manger”, les Restos du cœur de Besançon voient déjà l’effet dévastateur de l’inflation

Tout est devenu plus cher. L’électricité, le gaz, les carburants, l’alimentation, l’huile, les pâtes… Conséquence, les bénéficiaires des Restos du cœur sont en nombre croissant depuis quelques semaines. C’est le cas à Besançon dans le Doubs.

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C’est jour de distribution aux Restos du coeur. Il y a les habitués. Et les nouveaux. Et leur nombre va grandissant. “Nous aidons actuellement 460 familles, c’est 100 de plus que l’an dernier à la même date” explique Bernard Preux, responsable des Restos du coeur de Chalezeule située à proximité de Besançon. Régulièrement, des familles appellent à l’aide, car leur frigo ou placards sont vides. Ce type d’appel se fait plus régulier ont constaté les bénévoles. Ici les bénéficiaires sont des étudiants, familles, chômeurs, personnes handicapées, demandeurs d'asile, migrants mais également réfugiés ukrainiens.

La crise économique, la crise sanitaire, la guerre en Ukraine : un cocktail qui avait tout pour faire monter les prix à chaque passage en caisse. Cette mère de trois enfants vient aux Restos du cœur. “En ce moment, c’est plus difficile, on ne peut plus vraiment aller en magasin. C’est de plus en plus cher, pour nous, c’est impossible de faire les courses comme avant” explique cette Bisontine.

Catherine Saint-Priest connaît bien les bénéficiaires. Elle est chargée de les inscrire. “Je constate que la situation financière des gens empire de semaine en semaine, et rapidement” confie-t-elle. L’inflation n’a pas tardé à se faire ressentir. “Avant, les gens pouvaient faire avec peu, maintenant le peu ne suffit plus. Donc, c’est endettement sur endettement. Des prêts qui s'enchaînent pour rembourser des prêts, ce que l’on n'en voyait pas avant” explique la bénévole des Restos du cœur. “Au départ, les gens essaient de payer, de combler, et à un moment donné, ils ne peuvent plus."

Dans ce local des Restos du cœur, un monsieur est venu chercher de quoi manger. Quelques denrées, des fruits et légumes frais. “J’étais au chômage, c’est très très dur, tout est cher. Avant, on faisait un caddie pour trois fois rien, maintenant, il faut sortir un gros billet. Quand on a un petit salaire, c’est compliqué” témoigne-t-il.

“On va de crise en crise”

À la Banque Alimentaire du Doubs, les prochaines semaines et mois sont une grande équation inconnue. L’antenne manque déjà régulièrement de produits frais pour faire face à la demande. Elle compte une fois de plus sur la générosité des donateurs lors de la prochaine collecte au mois de novembre. “On a l’expérience des crises, mais celle-là nous paraît assez grave. On n’a pas la vision de ce qui va se passer dans six mois” prévient Michel Jeannin.

Chères courses, de plus en plus chères

Après avoir atteint 4,8 % sur un an en avril, selon une estimation provisoire de l’Insee, l’inflation devrait dépasser les 5 % en mai et atteindre 5,4 % en juin.

"Le pire est à venir" : dans un contexte de forte inflation, le coût de l'alimentation pourrait flamber en 2022 de plus de 200 euros par personne en France, avertit l'assureur crédit Allianz Trade dans une étude publiée mardi 24 mai.

"Les prix des distributeurs alimentaires pourraient croître de 8,2%, ce qui engendrerait une hausse des dépenses alimentaires annuelles de 224 euros par personne cette année, pour un total atteignant 2.963 euros", détaille Aurélien Duthoit, conseiller chez Allianz Trade.

La guerre en Ukraine qui oppose deux grandes puissances agricoles, a déjà eu des conséquences très concrètes sur les prix : les industriels facturent ainsi les huiles et graisses 53% plus cher qu'en 2021.

Le coût des farines pour les distributeurs a quant à lui bondi de 28%, et celui des pâtes de 19%.

Selon les dernières données de l'Insee, l'inflation a progressé de 4,8% sur un an en avril et les prix alimentaires de 3,8%.

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