"On n'en peut plus de la pluie !" : sur les chantiers, les ouvriers du bâtiment essaient de passer entre les gouttes pour tenir les délais

Difficile de tenir la cadence sous une pluie quasi-continue depuis deux mois. Premières pénalisées sur les chantiers de Franche-Comté, les entreprises spécialisées dans l'étanchéité et le bardage doivent redoubler d'efforts pour ne pas prendre de retard. Exemple à Besançon (Doubs).

Une courte éclaircie perce les nuages noirs et aussitôt, la petite équipe se met au travail. Vite, il faut poser la couvertine, essuyer la plaque d'aluminium, la sécher au "souffleur" pour que le joint d'étanchéité puisse tenir. Tous les jours, sur le chantier de l'IFPS, le futur Institut de formation des professions de santé - le plus grand actuellement à Besançon (Doubs) - les bardeurs essaient de passer entre les gouttes.

Après huit semaines de pluie quasi ininterrompue, même dans ce secteur du BTP où l'on a l'habitude de composer toute l'année avec la météo, les ouvriers ne peuvent pas s'empêcher de lever les yeux au ciel.

Quand dès le matin huit heures, il pleut, les pieds mouillés, les gants mouillés, tout mouillé, oui, c'est pas facile, on n'en peut plus. Là, ça va, on fait des couvertines, mais si on commence à poser de la laine de verre, on ne peut plus travailler. Cet été, sous le soleil, c'était difficile aussi mais je ne sais pas ce que je préfère.

Christopher Marotel, bardeur.

Équipes renforcées

À côté de lui, son collègue partage son ras-le-bol. "Ça dure quand même depuis un moment, avoue Mickaël Buatois. Là, il ne fait pas trop froid, ça va encore mais quand vous êtes trempés et puis gelés..."  Sur la nacelle, le chef de chantier a dû bricoler une petite caisse en bois pour protéger de la pluie ses outils électriques. Même s'il en a vu d'autres, il ne cache pas non plus sa lassitude.

Il faut des personnes en plus. Parce que là, ce qu'on fait à trois, normalement à deux, ça suffit. Il faut tout protéger. Il faut faire gaffe à ses mains parce que tout est glissant. Il faut mettre des pompes pour pomper l'eau. C'est le double de travail en fait et on avance moins vite.

Arnaud Aubry, chef de chantier.

"On est habitué, on a signé pour le froid, la pluie, le chaud, admet-il. Mais là, ça fait beaucoup de pluie, c'est très compliqué." Ici, comme partout, les étancheurs ont jeté l'éponge, en attendant l'accalmie. Techniquement, impossible de couvrir un toit terrasse dans ces conditions. Les façadiers, eux, peuvent encore œuvrer, mais ils doivent renforcer leurs équipes pour espérer pouvoir tenir les délais.

"On arrête des chantiers, car l'étanchéité n'est pas possible quand il pleut comme ça et on réoriente nos équipes. Les façadiers peuvent quand même continuer à travailler, alors on s'adapte", indique Didier Balland, responsable de la SMAC pour l'Alsace-Bourgogne-Franche-Comté. L'entreprise, née il y a 140 ans tout juste, est une institution dans le métier.

Inévitablement, cela a un impact financier. On doit mettre des moyens en plus ou on va un petit peu moins vite. Les clients sont de plus en plus exigeants et acceptent de moins en moins les décalages de tâches, les décalages de chantier, donc on doit être en permanence en recherche de solutions.

Didier Balland, responsable SMAC Alsace-Bourgogne-Franche-Comté.

Didier Balland est également représentant de la Chambre syndicale de l'étanchéité et du bardage pour tout le nord-est de la France. Et il sait que toutes les entreprises spécialisées dans ces deux métiers sont actuellement pénalisées par ces épisodes pluvieux. On en compte une cinquantaine au total dans la région.

Plus de saisonnalité des travaux

Les professionnels du BTP sont les premiers à le rappeler : les intempéries ont toujours fait partie des règles du jeu. Mais le contexte a bien changé ces dernières années. La saisonnalité des travaux a complètement disparu.

"Tout va beaucoup trop vite et il n'y a plus de respect des plannings, voire des rétroplannings, explique Dominique Viprey, président de la Fédération française du bâtiment du Doubs, à France 3 Franche-Comté. Et la saisonnalité ne fait plus partie des négociations avec un client. Même s'il existe des intempéries, même s'il existe des problèmes de froid, de chaleur, de pluie. Aujourd'hui, ça reste compliqué de discuter la partie intempéries avec un client."

Tous les professionnels ont les yeux rivés sur les prévisions météo pour les prochaines semaines et espèrent du soleil, du moins un peu de répit, pour rattraper les retards. Sur le chantier de l'IFPS en tout cas, la couverture et les façades devraient être normalement achevées comme prévu au premier trimestre 2024. La livraison du bâtiment est annoncée à la fin de l'année prochaine.

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