Ce 11 avril, des élus du Rassemblement national ont brandi des pancartes "violeurs étrangers dehors" lors de l'assemblée plénière du conseil régional. La présidente de région, Marie-Guite Dufay, a annoncé avoir saisi le procureur de la République. Cet après-midi, une deuxième plainte a été annoncée à la suite d'une insulte qu'un conseiller du RN aurait prononcée envers une élue.
C'est une séance houleuse qui se déroule ce 11 avril au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, à Dijon, alors que se déroule ce jour son assemblée plénière. La présidente (PS) Marie-Guite Dufay, a annoncé son souhait de déposer deux plaintes.
Ce matin, des élus du Rassemblement national ont brandi des pancartes "Violeurs étrangers dehors", après une prise de parole de Julien Odoul. L'évènement avait donné lieu à une suspension de séance.
"Untermensch, c'est un terme utilisé par les nazis"
Dans l'après-midi, la séance a, une nouvelle fois, été suspendue. "M. Lutz [Thomas Lutz, conseiller régional RN] a dépassé toutes les limites, est intervenu Jérôme Durain, conseiller régional de la majorité. Vous avez dit "untermensch". Ça a un sens, c'est un terme utilisé par les nazis, à propos d'une de nos collègues. Cela a été entendu par plusieurs personnes. Donc à un moment donné, le Rassemblement national, soit vous êtes dans la République, soit vous êtes en dehors".
En langue allemande, le terme "untermensch" se traduit en français par « sous-homme ». Cette expression était utilisée par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale pour parler des peuples non aryens.
Ce n'est pas nous qui avons porté atteinte à la sérénité. Nous sommes outrés, outrés. Ce n'est pas l'idée que M. Lutz ce soit adressé à quiconque, c'est le fait que M. Lutz ait utilisé ce mot.
Marie-Guite Dufay, en réponse à Julien Odoul.
Parce que la gauche et l’extrême gauche de Bourgogne Franche-Comté financent l’immigration sauvage, parce que la maire de #Besançon veut censurer la parole des femmes qui refusent l’intolérable, les élus du @RN_BFC rappellent qu’un violeur étranger doit être expulsé ! pic.twitter.com/3D5wTe1c6l
— Julien ODOUL (@JulienOdoul) April 11, 2024
Dans un communiqué publié dans la soirée, Thomas Lutz (RN) a reconnu avoir prononcé ce mot, regrettant une utilisation "inadéquate, inappropriée et très malheureuse" afin de "qualifier le statut des élus de l'opposition". "Il est bien évident qu'à aucun moment je n'ai voulu faire un parallèle avec le martyr du peuple juif", a-t-il ajouté. Interrogé par téléphone, Julien Odoul, le député et conseiller régional RN, indique qu'il n'y aura "pas de sanctions". "Ce n'est pas à moi de les prendre", précise-t-il.
Le procureur de la république saisi
La présidente (PS) de la région, Marie-Guite Dufay avait indiqué à la fin de la matinée son intention de saisir le procureur de la République concernant les premiers faits. "Ce qui s'est passé ce matin aura une suite. Il faut arrêter avec ses amalgames nauséabonds", a-t-elle réagi. Elle a également indiqué son intention de déposer plainte pour incitation à la haine.
Nous ne devons jamais laisser passer les provocations et les outrances du Rassemblement national sans réagir. Emprunter au vocabulaire nazi est extrêmement grave, et donne un aperçu clair de ceux qui composent aujourd’hui un parti pourtant en quête de respectabilité.
Marie-Guite Dufay, présidente (PS) du conseil régional de BFC
"Dans toutes les assemblées, il y a des sanctions dignes de ce nom. Vous ne disposez, Madame la présidente, que d'une pauvre possibilité de suspendre la séance. Ce n'est pas à la hauteur des comportements que le Rassemblement national a dans cette assemblée. Je souhaite qu'on puisse étudier en conférence des présidents une modification du règlement intérieur", avait décrit Jérôme Durain, président du groupe majoritaire Notre région par cœur.
"Je ne sais pas s’il faudra peut-être de la prison ferme, ou peut-être de la détention provisoire, comme celle qui vise aujourd'hui Madame Habsaoui", a répondu Julien Odoul.
À lire aussi : Drogue et lingots d'or : la maire d’Avallon incarcérée et mise en examen pour trafic de stupéfiants
La maire d'Avallon, Jamilah Habsaoui, conseillère régionale du groupe majoritaire, est mise en examen et en détention provisoire après la découverte de stupéfiants à son domicile dimanche 7 avril. En début de cette session à Dijon, son absence a été "excusée" et la présidente de région a précisé que la délégation à la ruralité avait été retirée à Jamilah Habsaoui.