Dans son rapport sur la pauvreté publié ce jeudi 18 novembre, le Secours Catholique montre le nouveau visage des personnes recourant à l’aide alimentaire.
La crise sanitaire est passée par là, affaiblissant les personnes les plus fragiles et faisant aussi tomber dans la pauvreté, des foyers qui, jusque-là s’en tiraient. Antoine Aumonier, délégué du Secours Catholique Franche-Comté le constate : « Dans tous les centres, à Pouilley-les-Vignes, comme à Besançon, les équipes constatent de nouveaux profils, demandant l’aide alimentaire. Plus de familles, toutes confondues. » D’un point de vue national, les familles monoparentales sont surreprésentées : 29% des personnes se présentant au Secours Catholique, alors qu'elles ne constituent que 9% de la population générale.
Ces nouveaux profils, ce sont ces petits artisans, ces intérimaires, ces étudiants… toutes ces personnes qui s’en sortaient jusque-là parce qu’il y avait des heures supplémentaires, ou des contrats précaires pour dépanner.
Antoine Aumonier, délégué du Secours Catholique Franche-Comté
En 2020, sur les 1088 ménages qui ont participé à l’enquête, 57% d'entre eux demandaient une aide alimentaire pour la première fois à l’association. Le délégué du Secours Catholique Franche-Comté raconte même : « Il y avait des personnes qu’il fallait chercher, celles qui ne savaient pas comment s’adresser au Secours Catholique. Certaines restaient dans la voiture, pendant plusieurs heures et on a pris le temps de discuter ensemble avant de les faire venir. »
Se déplacer et se nourrir, plus que jamais
En Franche-Comté, plus qu’ailleurs, il est plus difficile de financer ses déplacements. « Comme nous sommes un territoire rural, il y a de grandes distances à parcourir et les zones peuvent être mal desservies. La demande de mobilité est plus forte : il y en a beaucoup qui ne peuvent pas aller au travail, à cause de leur voiture », le délégué du Secours Catholique Franche-Comté. La demande de mobilité est donc importante : elle a augmenté de 5% en 2021.
Dans la région, le recours à l’aide alimentaire est également plus fort : c’est un besoin exprimé par 68% des personnes ayant interpelé le Secours Catholique, contre 60% d’un point de vue national. De même que la demande d’écoute dans la région est plus grande : 68% face à 57% sur le territoire national. En d’autres termes, il y a eu plus de demandes de reçus individuels et d’assistance sociale en Franche-Comté.
Ici, la population a une composition différente : il y a d’abord plus d’hommes seuls de 25 à 55 ans que dans le reste de la France, et notamment dans la tranche d’âge de 35 à 45 ans. Parmi eux, beaucoup sont des demandeurs d’asile, et ne bénéficient que d’une petite aide. La demande d’écoute se fait aussi pour des personnes désirant ouvrir un accès aux droits
Antoine Aumonier, délégué du Secours Catholique Franche-Comté
En finir avec les clichés
« L’image classique de la pauvreté, c’est celle des files d’attente devant l’aide alimentaire, ou bien des SDF, lance Antoine Aumonier. Mais c’est la face émergée de l’iceberg. » Face à cette augmentation du nombre de personnes tombant dans la pauvreté, le délégué de l’antenne Franche-Comté tient à rappeler : « Parmi les personnes qui ont répondu à notre enquête, le niveau de vie médian à 537 euros par mois. Il faut comprendre à quel point il est difficile de vivre avec si peu. »
L’association demande la réévaluation du plancher des aides sociales pour les plus de 18 ans, mais veut aussi lutter contre le non-recours aux allocations. Le délégué du Secours catholique en Franche-Comté rappelle : « On ne peut pas gérer la pauvreté uniquement par l’aide alimentaire. Il faut vraiment que les pouvoirs publics s’emparent de ce problème.»