Dans le Jura, le Secours Catholique dont ce n’est pas la principale mission a mis en place depuis le printemps 2020 une aide alimentaire. Elle prend la forme de paniers solidaires pour les personnes démunies. Une solidarité qui fonctionne dans les deux sens. Récit.
Marc vient ici toutes les deux semaines chercher son panier de produits bio. Des produits qu’il n’a pas la possibilité de s’acheter. Du chou chinois, du bœuf local, un pot de miel, du fromage de la ferme. Des petits plaisirs qui mettent du baume au cœur quand les temps sont rudes. “J’avais deux boulots que j'ai perdu pendant le confinement. Cela m’a amené dans une situation financière délicate qui ne me permettait plus de m’alimenter correctement. J’ai retrouvé ici le fait de pouvoir manger de bonnes choses, dignement, de la viande de qualité que je n’achetais plus. Ici, j’ai retrouvé le goût de cuisiner et de manger” explique le bénéficiaire.
Quelle est la recette des paniers solidaires du Jura ?
Le Secours Catholique a mis en place ces paniers en lien avec les petits producteurs locaux. Chaque panier a une valeur de 40 euros, il est acheté aux producteurs du coin dont certains ont de faibles revenus malgré un travail rude. Le bénéficiaire participe à hauteur de 4 euros. À chaque rencontre, bénéficiaires et secours catholique établissent les menus, échangent, discutent. “Cette action des paniers solidaires a permis de rencontrer les gens, de passer du temps avec eux” explique Christine Comas du Secours catholique du Jura sud. Accompagner ces personnes, leur redonner une dignité en mangeant des produits de qualité, l’opération a de multiples atouts. Elle permet aussi aux bénéficiaires d’être acteurs de la solidarité en permettant à de petits producteurs de vendre ainsi une partie de leur production.
Un apiculteur fournit du miel, une productrice ses fromages
Les paniers solidaires ont permis aussi de belles rencontres. Ce sont les bénéficiaires qui à tour de rôle vont chercher les aliments chez les producteurs. Claire Moreau, éleveuse, apprécie la formule. “Notre clientèle aujourd’hui est surtout une clientèle aisée, on trouve que ce n’est pas juste...Ce qui nous intéresse, c’est que les gens qui n’ont pas les moyens de s’offrir un aliment de qualité, et vertueux pour l’environnement, le bien-être animal, puissent avoir accès à nos produits” argumente la jeune femme.
Les bénéficiaires appelés aussi ici consomm’acteurs sont ravis. Nicole retrouve le bonheur de manger un steak venu de la ferme locale. “Ce panier, c’est au-delà d’un simple don, on donne une petite participation de notre côté, mais cela nous apporte énormément. Et puis, ici, c’est toujours un moment de solidarité et de convivialité, on partage nos joies et nos peines. On se soutient, on se remonte le moral. Il y a une toujours une écoute” dit-elle.
Ces bénéficiaires aux petits revenus ont découvert des légumes d’antan, et la joie de les déguster chez eux. Ces paniers de produits bio sont aussi un pas vers une autre façon de faire ses courses. En consommant moins de produits déjà cuisinés, les plus démunis apprennent aussi à faire des économies. De précieux euros gagnés sur des budgets, des petites retraites ou chaque sou compte pour s’en sortir.