PHOTOS. Citadelle de Besançon : la métamorphose du musée de la Résistance et de la Déportation

En travaux depuis janvier 2020, l'établissement rouvrira ses portes le 8 septembre 2023, jour de l'anniversaire de la libération de Besançon (Doubs). Une visite du chantier était organisée ce mercredi 10 mai.

"Quand il a été imaginé de refaire ce musée, nous étions loin d’imaginer la situation actuelle". Présente lors d'une visite du chantier du musée de la Résistance et de la Libération, mercredi 10 mai à Besançon, Anne Vignot a évoqué la guerre en Ukraine, pour exprimer le besoin de faire encore vivre la mémoire de la Seconde Guerre mondiale.

"Avoir un musée dans un site frontière comme la citadelle Vauban, signifie que la frontière n’est pas seulement un lieu de confrontation, mais aussi d’échange et de collaboration", a poursuivi la maire de Besançon (EELV), expliquant qu'avec la rénovation de l'établissement - ouvert en 1971 -  "c'est bel et bien de l’histoire du présent dont il est question".

"Un musée dans lequel on venait par hasard"

Après cette prise de parole face aux médias et personnalités de la région, du département ou des collectivités, l'édile a laissé Vincent Briand, directeur du musée - fermé au public depuis janvier 2020 - le soin d'expliquer le projet de rénovation."C'est un musée dans lequel on venait par hasard", note d'emblée le jeune dirigeant, en précisant que 80% des 60 000 visiteurs annuels du musée, ne s'y rendaient qu'au détour de leur visite de la Citadelle ou du jardin zoologique.

Pour pallier cette particularité "attachante" du musée, une pièce d'accueil a été entièrement construite."Avant, on entrait sous la voûte dans une petite entrée invisible", explique Vincent Briand. "Cette nouvelle entrée monumentalise ce projet de rénovation, en offrant un lien direct avec les poteaux de fusillés et la statue du témoin qui seront juste en face".

À quelques pas du musée, un monument rend en effet hommage aux 100 personnes fusillées par les Nazis Allemands entre 1941 et 1944 dans la Citadelle, quand une statue de Georges Oudot évoque les déportés de Ravensbrück. L'œuvre sculpturale sera réhabilitée dans un jardin thématique, avec un parterre de roses nommées "résurrections", conçues par un ancien prisonnier de guerre. "Il faut se projeter", explique Vincent Briand au milieu des bâches et des matériaux de chantier, avant de faire pénétrer son auditoire dans le musée.

Une acoustique améliorée et 200 tonnes de pierre enlevées

Passé la salle d'orientation, il y a "six pièces d'exposition temporaire, un espace pédagogique, des toilettes et un ascenseur, notamment destiné aux personnes à mobilité réduite", détaille Aurélie Cousin, chargée de collection au musée. Alors que la première exposition temporaire sera consacrée aux donateurs du musée de la Résistance et de la Déportation, la résonance a été repensée dans toutes les salles.

"L’acoustique était vraiment terrible, car nous ne sommes pas dans une salle de musée", poursuit la jeune femme, avant de présenter le dispositif de lentille acoustique sous les voûtes, censé permettre aux visiteurs de "se concentrer sur les thématiques du musée". Pour faciliter l'accès aux 10 salles d'exposition permanente, le mur central de 3 mètres de large et de 12 de haut a été démonté, afin de relier chaque palier par des escaliers dans la largeur. "Au total, ce sont 200 tonnes de pierre qui ont été enlevées et qui seront réemployées sur le site", explique Aurélie Cousin.

De 20 à 10 salles d'exposition permanente

À l'étage, l'exposition permanente débutera par l'arrivée au pouvoir des nazis en Allemagne jusqu'à la Libération. En passant de 20 à 10 pièces permanentes, des choix difficiles, mais nécessaires, ont dû être pris dans les collections exposées."Beaucoup de visiteurs n'allaient pas au bout", assure Vincent Briand, qui a mis en place un système d'"objets phares" dans chaque salle.

Dans celle de la défaite française, une prothèse et un buste de Philippe Pétain figureront ainsi au centre de la salle, tandis qu'une simple sandale d'enfant incarnera celle de l'extermination dans les camps. Comme un symbole du "vide abyssal" laissé par le génocide juif. "Il fallait conserver l'équilibre entre la raison et l’émotion", concède Vincent Briand. Et d'ajouter : "le rôle d’un musée n’est pas de traumatiser les visiteurs".

600 œuvres d'art en déportation

Enfin, la visite s'achève sur ce qui sera le "trésor du musée", selon les mots d'Aurélie Cousin, soit une collection de 600 œuvres d'art "en déportation" ou "concentrationnaires". Ces petits dessins ou sculptures faits de divers matériaux (papier, bois, mie de pain) ont notamment été collectés par la fondatrice du musée, Denise Lorach. "Ces œuvres fragiles sont rares, car il était difficile et dangereux de se procurer du papier ou de trouver l’énergie de dessiner", explique Aurélie Cousin, ajoutant que les descendants de déportés ne se rendent pas souvent compte de la valeur de ces archives.

"C'est une collection quasi-unique en Europe et qui continue de s'enrichir", se félicite Vincent Briand, en parlant d'un "outil de rayonnement pour la ville de Besançon". Fier du renouvellement de l'offre du musée, le directeur se sait dans la dernière ligne droite avant l'inauguration le 8 septembre prochain, date de l'anniversaire de la libération de Besançon et de la mort de Denise Lorach.

"Le 8 septembre, c'est demain", plaisante Anne Vignot pour mettre gentiment la pression aux équipes du musée. Interrogée sur la présence d'Emmanuel Macron à la Citadelle pour la réouverture, la maire s'est contentée de dire que l'invitation avait été envoyée à l'Élysée. Sans réponse actée pour l'instant.

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