Pour la deuxième édition, l'équipe du Super Cabaret a pris place sur la friche de la Rhodiaceta à Besançon (Doubs). Le mois d'octobre est consacré à la création pour laisser place dès le 1ᵉʳ novembre à un mois de représentations. Rencontre avec quatre têtes pensantes du projet.
En longeant le Doubs à Besançon, direction les Près-de-Vaux, on tombe sur l’ancien site industriel de la Rhodiaceta. Ce vaste lieu désaffecté permet des évènements. Les chapiteaux se montent et se démontent chacun leur tour proposant des spectacles régulièrement aux Francs-Comtois. Un nouveau chapiteau est monté depuis début octobre. En couronnement de la coupole, trois mots : Le Super Cabaret. Il y a deux ans, en 2022, “Le Super Cabaret” avait déjà élu domicile sur ce terrain. Pour deux mois.
Tout paraît calme en ce matin d’octobre ; chacun est à sa tâche. La première personne rencontrée, sort du chapiteau une planche à la main. Et nous guide vers une ancienne circassienne du Super Cabaret. Elle a fait partie de l’aventure en 2022 et joue cette année un rôle encadrant.
Les anciens et leur désir d’amélioration
Sur les 11 artistes sur scène, ceux qui font partie de l’équipe "plateau", six ont déjà participé à l’édition 2022. Eleanor Lhotellier est une de ceux-là.
Elle est circassienne. Avec son expérience et celle d’autres anciens, ils ont initié une nouvelle organisation permettant un cadre plus précis.
Tout s’organise autour de pôles. Pôle billetterie, pôle restauration, pôle création... et pour chaque pôle, un référent.
La thématique générale du spectacle cette année est : Chez Ginette.
Chez Ginette, c'est un mélange entre le lieu chaleureux et convivial du bar rural et les souvenirs de chez les grands-parents.
Eleanor Lhotellier, circassienne
Chacun peut émettre toutes les idées qu’il aimerait voir se réaliser sur un tableau sous le chapiteau en lien avec la thématique. Pour Eleanor, cela se jouera dans la danse, le micro-porté et la jongle. Elle a émis ses idées sur le tableau de liège à l’intérieur du chapiteau. Chacun est invité à y mettre ses envies. À la fin de la semaine, chaque proposition sera étudiée et les projets viables serviront comme base de travail.
Ce matin Eleanor a pris du temps pour répondre à nos questions, mais une fois libérée, elle rejoint son groupe de travail. Qui sera le même toute la semaine.
Il faut qu’une routine s’installe, c’est important pour la création et le collectif.
Eleanor Lhotellier, circassienne
Cette semaine, le matin, chacun travaille en petit groupe soit la scénographie, soit l’écriture et certains sont en mission pour avancer sur le décor ou pour fouiner dans les friperies pour trouver l’habit rare, un élément de décor...
Après le repas collectif dès 14h, pour mieux se connaître, une heure de cohésion a lieu sous le chapiteau. Toutes les disciplines se mélangent. Puis à 15h, les artistes testent leurs envies, s'entraînent pour "nourrir" le spectacle.
Avant de nous quitter, Eleanor nous présente Cochise, un nouveau dans l’équipe plateau.
Des nouveaux ont rejoint l’aventure
Quand nous le rencontrons, Cochise aide en cuisine. C’est un poste occupé par deux personnes à temps plein mais à tour de rôle chacun donne un coup de main.
Cochise Le Berre vit en caravane à Montauban dans la campagne toulousaine. Il sait depuis février qu’il participera au projet du Super Cabaret. Du cirque, il en fait depuis ses six ans. Il a marché dans les pas de son papa qui suivait des cours à l’École supérieure des arts du cirque de Toulouse. Après une année en faculté qu’il ne termine pas, Cochise a le déclic et à 19 ans, il décide de se professionnaliser. Il part à Lyon pendant deux ans pour se former aux arts du cirque puis complète ses diplômes avec quatre années dans l’école de Toulouse.
Le cirque, il l’a dans le sang. Son truc à lui, ce sont les acrobaties au sol, les cascades burlesques. Son premier modèle est Buster Keaton, "c’est la base" nous dit-il.
Enfant, à Toulouse, quand il allait le mercredi à l’école du cirque, les pros leur faisaient des démonstrations de chute et il passait son temps ensuite avec ses amis à reproduire dans la rue ce qu’il avait vu.
Il se prenait les pieds dans les marches, roulait dans les escaliers et il pouvait appréhender la réaction des passants. Le public d’alors était mi-amusé, mi-gêné, mi-apeuré pensant qu’il s’était blessé. C’était son premier public.
Cochise tourne déjà avec deux autres circassiens sur un spectacle qu’ils jouent en salle, dans des théâtres. Cette aventure-là de deux mois, c’est une première pour lui.
Ici c’est vraiment le cirque. De partir de zéro et de voir que l’énergie du collectif fait qu’un chapiteau se monte, que la cuisine s’installe, que les lumières et les rideaux se mettent en place. C’est beaucoup de travail et c’est incroyable.
Cochise Le Berre, circassien
Cochise s'en retourne à ses occupations, mais avant cela il nous mène vers Zoé sous le chapiteau.
Une exploration de toutes les disciplines
Zoé Chambault a une formation dans le son. Sur le projet, elle travaillera essentiellement derrière la régie. Mais elle va aussi explorer de nouvelles disciplines comme le chant qu’elle ne pratiquait jusque-là qu’en amateur.
Dans un projet où tout le monde expérimente, je me sens un peu plus légitime. Ici on peut explorer des disciplines et prendre des responsabilités nouvelles.
Zoé Chambault, ingénieure du son et chanteuse
C’est d'autant plus courageux qu’elle n’a aucune habitude du travail en collectif et si son conjoint ne faisait pas partie de l’aventure elle ne serait pas là.
Jouer un spectacle tous les soirs pendant un mois, c’est aussi un autre challenge.
Zoé Chambault, ingénieure du son et chanteuse
On comprend que chacun donne le meilleur de lui-même dans cette création collective et tant que le cadre est bienveillant, il est possible de faire de grandes choses.
En coulisse, on s’active
Camille Petit fait partie de l’équipe hors plateau. Elle est référente du pôle billetterie et s’occupe des relations avec la presse pour le Super Cabaret. Mais avant cela, elle est co-présidente de l’association Divague, qui porte le projet du Super Collectif ; Le Super Cabaret.
Ce matin, elle est accueillie avec deux bénévoles à la friche artistique à quelques pas du chapiteau. Dans l’Atelier Superseñor, une salariée leur apprend l’impression artisanale. Sur des chemises, des pulls et des tee-shirts qui seront en vente les soirs de spectacle, est sérigraphiée l’affiche du spectacle. Une fois la technique apprise, ils seront seuls aux manettes de la machine d’impression.
Le Super Cabaret, c’est une petite entreprise au chacun met la main à la pâte et à la fin à force de travail, d’échanges, d’envies et d’émulsions ça donnera un spectacle rempli de musiques, de danse, d’accrobaties et de chant. On a hâte de voir le projet final, début des représentations le 1er novembre.
Le Super Cabaret, informations pratiques
Le spectacle se jouera du 1er au 30 novembre. C'est un spectacle tout public conseillé à partir de 8 ans.
Du mercredi au samedi : 20h20
Les dimanches : 15h15
Accueil public 45min avant l’ouverture
Pour la billetterie, la réservation est indispensable
Tél : 06.08.54.62.05