Alors que le climat des manifestations contre la réforme des retraites s'est tendu avec des violences constatées à Besançon la semaine dernière, des enseignants ont manifesté devant le lycée Louis Pergaud ce lundi 3 avril 2023 "pour dénoncer l'usage de gaz lacrymogène contre des élèves et étudiants".
Ils ont décidé d'organiser un "enterrement de la liberté de manifester". Une vingtaine d'enseignants du lycée Louis Pergaud à Besançon ont manifesté symboliquement devant l'établissement scolaire ce lundi matin, alors que la rectrice de l'Académie de Besançon était présente pour la semaine de la presse.
Ils dénoncent ce qu'ils considèrent comme des "atteintes" au droit de manifester. "Nous allons lire un arrêté préfectoral humoristique ", explique l'un des manifestants au micro d'Elisabeth Braconnier, afin de "dénoncer l'usage de gaz lacrymogène contre des élèves et étudiants qui manifestent" contre la réforme des retraites.
Depuis le déclenchement du 49-3 par le gouvernement, qui a conduit à l'adoption du projet de loi contesté, sans vote, à l'Assemblée nationale, le climat s'est tendu, avec des violences constatées en marge des cortèges officiels.
"Droit de manifester"
La colère semble aujourd'hui dépasser le cadre initial de la réforme des retraites. "Nous voulons montrer aux élèves que ce droit de manifester est important", explique l'enseignant interrogé par notre équipe. "Nous voulons dénoncer la mise en danger de la démocratie. Quand on voit que dans une ville comme Besançon, le préfet prend un arrêté pour interdire une manifestation, cela nous semble dangereux", explique une autre enseignante
Elle fait ici référence aux arrêtés pris jeudi 30 mars par les préfectures du Doubs et de Haute-Saône pour interdire des rassemblements prévus ce jour-là, quarante-huit heures après les débordements survenus à Besançon et à Vesoul en marge de la dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites.
Ce jour-là, à Vesoul comme à Besançon, une partie du cortège principal, composée d'environ 150 manifestants, s'était dirigée vers le centre-ville. Des poubelles avaient été renversées puis incendiées. En Haute-Saône, l'intersyndicale avait dénoncé ces violences. A Besançon, des jeunes s’en étaient pris aux forces de l’ordre en leur jetant des projectiles dangereux, comme nous vous l'expliquions ici.
Les services de la préfecture du Doubs avaient justifié ces arrêtés pris deux jours plus tard par le fait de "ne pas avoir connaissance des mesures envisagées par les organisateurs pour garantir la sécurité des participants". "Il n’y a pas eu de déclaration préalable, ce qui est pourtant une démarche classique pour les organisateurs de manifestations. (...) Le préfet n’a pas ces garanties de prévention des troubles à l’ordre public. Il refuse de prendre cette responsabilité d’autoriser ces rassemblements", avait précisé la préfecture du département.