Mardi 28 mars 2023, la journée s’est déroulée sous tension en fin de manifestations dans les villes de Vesoul en Haute-Saône puis Besançon. C’est la première fois depuis le début du conflit que des incidents d’une telle violence se produisent.
Mardi 28 mars, la 10e journée de mobilisation contre la réforme des retraites s’est déroulée dans le calme dans la plupart des villes de Franche-Comté.
Mais le centre-ville de Vesoul en Haute-Saône a été de nouveau le théâtre de débordements. L'intersyndicale a beau avoir averti en début de manifestation au rond-point de la Vaugine que "les débordements seraient sanctionnés" selon nos confrères de l'Est Républicain, des incivilités ont eu lieu en fin d'après-midi. Déjà, lors de la précédente manifestation du jeudi 23 mars, des manifestants avaient exprimé violemment leur colère.
Tout avait commencé dans le calme sur la RN 19. Selon les syndicats, 2500 personnes se sont retrouvées pour cette 10e manifestation. Ils se sont dirigés vers la zone commerciale de la Motte. C'est à cet endroit que le cortège se sépare en deux. Une partie du cortège, environ 150 manifestants, s'est dirigée vers le centre-ville et en particulier la préfecture et l'hôtel de ville.
Des poubelles ont été renversées puis incendiées. Le maire Alain Chrétien (Agir) va de nouveau porter plainte comme il l'avait fait pour les dégradations de jeudi dernier.
Au-delà de la bêtise, ces comportements portent atteinte au mouvement syndical. Plus grave, ils portent atteinte aux libertés fondamentales de circuler et de travailler.
Alain Chrétien, maire de Vesoul
La préfecture de Vesoul précise que "ces manifestants ont commis des dégradations dans plusieurs rues : 11 feux de poubelles ainsi que de nombreux éléments de mobilier urbain renversés".
Pour le préfet de Haute-Saône, "ces actes de dégradations commis par des individus dont la présence n’était visiblement pas motivée par la volonté d’exprimer leur contestation dans le calme, compte-tenu de leur désolidarisation quasi-immédiate du cortège officiel en vue de commettre des dégradations."
Dans un communiqué, l'intersyndicale de Haute-Saône précise qu'elle "ne cautionne pas ces violences" et réagit à déclaration du maire de Vesoul estimant qu'Alain Chrétien, "en tant que soutien officiel du président de la République" doit "faire prendre en compte cette clameur de la rue, enfin, et d'arrêter d'attiser le feu par l'ignorance des appels des organisations syndicales représentatives du monde du travail."
Depuis le début du mouvement, les organisations syndicales, en toute responsabilité, ont toujours appelé au respect des biens et des personnes lors de leurs manifestations.
Intersyndicale de Haute-Saône
Besançon : des débordements place Granvelle
À Besançon, la manifestation partie du parking Battant a rassemblé 4900 personnes selon la Préfecture du Doubs, dont 600 étudiants en tête de cortège.
Les manifestants ont pu suivre le parcours initialement prévu qui les a amenés devant la Préfecture où les barrières ont été levées à leur arrivée. Un début d’incendie est à signaler devant la préfecture sur la chaussée, sans faire de dégâts. La manifestation de l’intersyndicale s’est terminée Place de la Révolution, point d’arrivée de la manifestation déposée en Préfecture.
Après 16 heures, 200 personnes ont poursuivi la manifestation en direction de la rue des Granges puis de la rue Mégevand et rue de la Préfecture, gardée par un cordon de policiers.
La préfecture du Doubs fait effectivement état d’un second cortège, non déclaré, composé d’environ 150 jeunes individus violents, pour certains cagoulés, qui se sont dirigés rue de la préfecture. Ils s’en sont pris aux forces de l’ordre en leur jetant des projectiles dangereux pendant près de deux heures.
Des poubelles ont été brûlées, l’une d’entre elles à proximité d’un fourgon de police. La police a répondu par des gaz lacrymo et des tirs de LBD. Une rage anti-police, anti-État côté manifestants totalement inédite par son ampleur à Besançon depuis le début des manifestations a pu constater l'un de nos journalistes présent sur place.
Les pompiers ont dû intervenir en centre-ville pour éteindre les incendies. Les violences ont pris fin vers 19h30.
Cinq policiers blessés à Besançon, trois personnes interpellées
Cinq fonctionnaires de police ont été blessés (dont un au visage) et cinq interpellations ont été réalisées, indique dans un tweet la police nationale du Doubs au lendemain des heurts.
Un blessé serait également à déplorer parmi les manifestants (information non confirmée) en fin d'après-midi par la préfecture.
Jean-François Colombet, préfet du Doubs, qui s’est rendu sur place a condamné fermement les violences et les dégradations commises et a salué l’action efficace et proportionnée des forces de l’ordre, face à un public très jeune. Il a remercié les pompiers intervenus pour éteindre ces incendies en zone urbaine.