Location à bas prix, bonnes affaires d’occasions, l’association La roue de secours, qui gère deux garages solidaires dans le Doubs, à Besançon et Montbéliard, propose aux personnes à faibles revenus de retrouver une solution de mobilité. Une antenne ouvre à Maîche le 21 octobre.
Ce jour-là, le garage solidaire de Montbéliard recevait un don d’une Peugeot 5008. Un don d’un particulier, qui a voulu s’en séparer tout en faisant potentiellement un ou une heureuse. “Ce sont des personnes qui ne voulaient pas se lancer dans les réparations. C’est un beau cadeau pour nous et pour la personne qui pourra en bénéficier derrière”, se réjouit Hugues Menant, directeur de l'association La roue de secours, au micro de notre équipe.
Des dons précieux pour l'association
Des véhicules donnés, le garage de Montbéliard, ouvert depuis 2017, en réceptionne 20 à 30 par an, et il les remet en parfait état de fonctionnement. “Quand on reçoit un véhicule, il est inspecté par nos soins, précise Hughes Menant. On inspecte le véhicule de A à Z, on change ce qu’il faut changer, on l’emmène aussi au contrôle technique. S’il y a d’autres choses éventuelles à réparer, on les répare, et puis le véhicule peut repartir en vente ou en location."
Ces gestes, qui se font en échange d'un reçu fiscal, sont précieux pour l'association. “On a une vingtaine de personnes qui ne peuvent pas disposer de véhicules”, notamment “de grande contenance”, précise Hughes Menant. “C’est un frein au développement de notre activité.”
Location de voiture de 3 à 7 euros par jour
L’objectif du garage solidaire, pouvoir proposer des véhicules d’un bon rapport qualité prix à des personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté, qui ne peuvent envisager ce type d’achat sans microcrédit, explique Hughes Menant. “Pour pouvoir acquérir une voiture auprès de notre association, il faut déjà être envoyé par un acteur social. France Travail, un centre médico-social, un CCAS.”
Revendus entre 1 800 et 5 000 euros, les véhicules sont proposés “au prix du marché”, mais garantis et “beaucoup plus sécurisés” que certaines ventes hasardeuses pour tout acquéreur non spécialiste de l’automobile, défend le directeur de l’association, créée en 1999 à Montbéliard.
Deuxième atout du garage solidaire de La roue de secours, la location à bas prix : “Les coûts vont être de 3 à 7 euros par jour selon de type de véhicule”, précise Hughes Menant. En 2023, 41 véhicules ont été vendus, 250 personnes ont pu louer un véhicule, soit 15 000 journées de location.
En outre, 150 personnes ont pu bénéficier d’une réparation à prix réduit dans le garage de Montbéliard et celui de Besançon, ouvert en 2020. Ces réparations se font au taux horaire de 40 euros, pour près du double dans un garage classique, une différence qui s'explique par une main d’œuvre moins chère et le réemploi des pièces.
Devenir autonome pour accéder à l’emploi
Comme la voiture n’est pas toujours une option, car très coûteuse, La roue de secours distille des conseils sur toutes les alternatives pertinentes de déplacement. “On appréhende la mobilité au niveau global, c’est comment se déplacer plus facilement, comment devenir autonome pour pouvoir accéder avant tout à un emploi ou à une formation professionnelle, mais également aux droits fondamentaux : un rendez-vous médical, aller faire ses courses aller voir la famille”, soutient Hughes Menant.
Demandeurs d’emploi, précaires, mamans seules, Pascaline Tripogney, conseillère en mobilité, reçoit les bénéficiaires pour la construction d’un plan de déplacement. “À pied, à vélo, en scooter [...], les personnes n’ont pas connaissance de toutes ces variétés de mode de déplacement.” “Il s’agit avant tout d’accompagner pour lire un plan, utiliser des applications.”
Les ¾ des personnes que j’accompagne me demandent s’il y a des financements possibles par rapport à un permis de conduire. Mais c’est une finalité, en attendant, il faut pouvoir se déplacer et trouver un autre mode de déplacement qui puisse être une solution fiable et durable.
Pascaline Tripogney, conseillère en mobilité à La roue de secours
Dans une zone urbanisée comme Montbéliard, la voiture n’est pas toujours le moyen le plus pertinent pour se déplacer. Ainsi, l’association explique comment “mieux utiliser les transports en commun, avoir droit à des abonnements, les aider à se remettre en selle au niveau du vélo, comment passer le permis de conduire, trouver des financements potentiels.”
C’est une approche globale, répondre aux besoins de la planète et l’urgence climatique, contribuer à la réduction des gaz à effet de serre, et permettre aux personnes en difficulté à accéder aux droits fondamentaux, donc pouvoir accéder au travail par exemple.
Hughes Menant, directeur de La roue de secours
Est-ce si simple de planifier un itinéraire ? Pas tant que cela, répond Hughes Menant. “C’est plus complexe qu’on ne le pense, pouvoir se déplacer. On a beaucoup de public qui s’autocensure, qui s’empêche de pouvoir accéder à un service ou en endroit parce qu'ils en ont perdu l’habitude, parce qu'ils en ont peur, parce qu’il faut y aller tout seul.”
La demande qui revient le plus : se déplacer “à moindre coût. À l’heure actuelle, c’est ce que les personnes recherchent avant tout, assure Pascaline Tripogney. Si c’est pour faire 500 mètres, je peux peut-être utiliser mon vélo.”
Enfin, La roue de secours est là pour rappeler les bons plans existants, que ce soit les tarifs réduits, les abonnements, les bonnes adresses, ou encore les primes comme celle de la plateforme de covoiturage Karos : 100 euros au bout de 10 trajets : “Ça peut soulager certains foyers”, soutient Pascaline Tripogney.
La roue de secours arrive dans le Haut-Doubs
Alors que les demandes auprès de l'association affluent, La roue de secours poursuit son développement avec l'ouverture d'une troisième antenne, à Maîche, dans le Haut-Doubs, le 21 octobre. Les bénéficiaires qui doivent aujourd'hui se déplacer jusqu'à Besançon et Montbéliard auront donc la possibilité d'accéder dans un premier temps à la location, avec deux véhicules mis à disposition.
Dans un second temps, des scooters devraient également être loués, avant d'envisager de mettre en place les services proposés dans les deux autres garages du Doubs.