Des parcs déserts, des rues presque vides, des marchés à la clientèle masquée, quelques files d'attentes devant les magasins alors que d'autres ont baissé le rideau. En trois minutes, muni d'une caméra Osmo, j'ai voulu vous montrer comment le Covid-19 avait arrêté le temps, en raison du confinement.
Le marché couvert des Beaux-Arts
Dix heures du matin, rue Goudimel. Devant le marché couvert, un jeune couple sans domicile fixe fait la manche. Je passe quelques instants avec eux. Ils m'expliquent que les temps sont durs, encore plus que d'habitude. La réduction drastique du nombre de pesonnes dans la rue ampute considérablement les recettes quotidiennes.Ils m'indiquent ensuite le "tracé officiel" pour accéder à l'intérieur."Heureusement, pour la nuit nous bénéficions d'hébergement d'urgence, et avec l'ouverture du marché couvert, nous voyons un peu de monde".
L'accès au marché se fait exclusivement par le passage Pierre-Adrien Paris, à côté du cinéma Mégarama. Dès l'entrée, un agent de sécurité surveille l'accès et le respect des distances de sécurité. Sur la droite, les bouchers sont à l'oeuvre, en pleine découpe. Visages protégés par des visières en plexiglas.
Dans les allées du marché, du ruban plastique blanc et rouge balise l'itinéraire obligatoire. Tout est fait pour que les consommateurs ne se croisent pas grâce à une circulation en sens unique. Les clients sont présents, parfois masqués. Au rayon fruits et légumes frais, une dame explique qu'elle porte un masque tissu, "fait maison". Le vendeur lui n'est pas masqué, mais simplement ganté, comme la plupart des autres commerçants.
Une fréquentation aléatoire dans les rues piétonnes du centre ville
Dans les rues du centre ville, de Besançon, une chose est frappante : l'absence de voitures.Du coup, les sens sont en éveil, particulièrement l'ouïe. Les piétons font parfois la queue, à distance réglementaire les uns des autres devant les commerces ouverts. Et lorsqu'une dame à talons hauts traverse la rue piétonne avec son chien, c'est plus le claquement de ses pas sur le pavé, qui attire l'attention, que la beauté de l'animal.
Même si à certains endroits la rue des Granges est totalement déserte, ce n'est pas une généralité. Il est 11heures, et les riverains sortent faire leurs amplettes. Peu masqués mais à bonne distance les uns des autres lorsqu'ils se croisent dans la rue.
Les discussions sont animées et un commerçant parle à bâtons rompus avec ses clients qui patientent devant le magasin :
Pour moi, c'est pire que la guerre, car là, on ne peut pas sortir, pas embrasser ses amis, par boire un verre en terrasse
Et pas question de transgresser les règles. La police municipale veille. Sur la place Saint-Pierre, le manège caroussel des enfants est à l'arrêt. Mais à quelques mètres de là, devant la mairie, grande rue, impossible de sortir sans son attestation dérogatoire. Parfois tolérants pour laisser un homme récupérer le précieux sésame oublié dans sa voiture, ils sont aussi intransigeants avec ceux qui ne jouent pas le jeu du confinement. Plusieurs amendes de 135 euros seront distribuées dans la matinée.
Regardez notre reportage : Trois minutes dans Besançon confinée
Le pont Battant, presque désert
Généralement fréquenté par les piétons qui rejoignent le quartier Battant, les amoureux qui accrochent leurs cadenas à ses rembardes, et les vendeurs ambulants, le pont Battant n'est plus guère fréquenté que par le tramway turquoise qui fend le silence.Presque seule, la statue du Jouffroy-D'Abbans, constructeur des premiers bateaux à vapeur, semble observer l'eau très claire du Doubs qui coule sous ses pieds. Les poissons y batifolent en toute quiétude.
Des messages pour rendre hommage à celles et ceux qui travaillent et luttent contre le Covid-19
En remontant la grande rue, pas besoin de marcher sur les trottoirs. La chaussée est presque toujours libérée pour les piétons. Je croise seulement les bus, les motos et voitures de la police municipale.Le bus 66 pour Témis s'arrête en bas de la rue. Le temps pour les quelques voyageurs de grimper à bord et pour moi de lire le message affiché à l'avant :
Merci aux soignants, merci aux policiers, aux héros du quotidien
A Besançon, la nature reprend ses droits
Micaud et la Gare d'Eau sont les deux principaux parcs du centre ville de Besançon. Des espaces verts normalement ouverts aux parents et aux rires de enfants. Mais en cette période confinée, barrières métalliques, messages de fermeture et rubans rouges en interdisent l' accès. Les jeux pour enfants sont à l'arrêt, la balancoire, tel un métronome, oscille en solitaire sous les rafales de vent.
L'herbe pousse, marguerites et paquerettes aussi. Laissant presque croire à une mystérieuse pellicule de neige lorsqu'on se penche au ras du sol.
Mais personne pour contempler le spectacle, les bancs du bord de Doubs sont désespérément vides.
Zones commerciales et autoroutes
En dehors du centre ville, me voici à la zone commerciale de Chateaufarine. Personne. La vision est étrange. Différente d'un dimanche car le silence règne, rarement perturbé par le passage d'un bus ou d'un camion. Les rideaux sont tirés et chaque vitrine arbore le même message :En raison de l'épidémie de coronavirus, notre établissement est fermé jusqu'à nouvel ordre
Dernière image "pour la route" comme on dit. L'autoroute plutôt. Après être passé au péage d'entrée de l'A36 à Besançon Ouest, je prends cette photo au dessus d'un pont qui la surplombe.
Etonnant. Pas un bruit, sauf le chant des oiseaux. Le long ruban d'asphalte cuit paisiblement au soleil.
En cinq minutes, seulement quatre camions sont passés.
Merci à eux, de maintenir à flot tant bien que mal notre économie. Merci aussi à nos agriculteurs, à nos commerçants, à nos caissières, de continuer à nous nourir.
Et merci à nos soignants qui se battent chaque jour pour nous permettre de vivre.