C’est une tradition, tous les 1er avril, on fait des farces. En Franche-Comté, la tradition a toujours été bien ancrée. Les archives de France 3 Franche-Comté regorgent de poissons d’avril. Voici quelques florilèges de nos blagues d’antan.
Qui n’est pas tombé un jour dans le piège d’un poisson d’avril ? Si dans la presse, il a longtemps été d’usage, les choses ont évolué. Depuis quelques années, à l’heure des fausses informations ou "intoxs", France Télévisions a décidé de ne plus faire de poissons d’avril, afin de ne pas propager de fausses informations. Mais ceci ne nous empêche pas de replonger dans les archives de l'INA, l'Institut National de l'Audiosuel.
1986 : les vertus du massage thérapeutique à la cancoillotte
En 1986, Didier Auriac, journaliste à FR3, était parti à la rencontre du Docteur Gros, une femme qui se déclarait « rhumatologue-paysanne », et qui avait inventé le processus du massage à la cancoillotte pour soulager nos articulations douloureuses.
Je suis très attachée à mon terroir, je suis moi-même franc-comtoise et je revendique tout à fait le titre de "rhumatologue-paysanne".
Docteur Gros, rhumatologueFrance 3 Franche-Comté
On apprend dans ce reportage que le taux de guérison totale est de plus de 90% tandis que le docteur continue d’appliquer sur son patient la cancoillotte chaude et malaxée.
1987 : la bête de Prémanon dans le Haut-Jura
Quel est cet animal très étrange ne vivant qu’en Franche-Comté, à Prémanon plus exactement ? Il serait un carnassier se terrant dans le Haut-Jura. Les journalistes Michel Buzon et Michel Cohadier ont tenté d’en retrouver un.
On peut penser à un croisement entre plusieurs espèces puisque la tête est celle d'un carnivore, (...) les membres sont ceux d'un ruminant et le pelage est indéterminé. Je pense que c'est soit un hybride, soit à une race inconnue.
Daniel Caille, vétérinaire
Plusieurs personnes, dont le maire de l’époque de Prémanon, Robert Bourgeois, nous expliquent son comportement.
1997 : le trésor oublié de Courbouzon
Au grand dam du propriétaire du trésor perdu, des Louis d’Or avaient été retrouvés dans la rivière communale passant par le village de Courbouzon dans le Jura. Ce dernier clame haut et fort que c’est un trésor qui a été perdu par sa famille.
On a fait des réparations dans la maison, jamais on aurait pensé que ça avait été enterré dans la cour. Vous voyez, c'est un ancien moulin qui a été transformé d'années en années alors on ne sait pas trop ce qu'il s'est passé. Il y a un déversoir qui passe sous la cour, et je pense qu'avec les travaux ça a fait sortir le trésor de sous ma cour.
Emmanuel Chavy, riverain
Il explique à Stéphanie Bourgeot et François Martin que tous les 30 ans, les pièces sont recrachées par la rivière. Il ne sert donc à rien d’aller chercher vos pioches, vos pelles et vos kits d’orpaillage.
1996 : les diamants de la couronne d'Angleterre restaurés par un artisan de Saint-Claude
Il y a 27 ans, quelle ne fut pas la joie pour la ville de Saint-Claude d'accueillir 35 pierres précieuses de la couronne de la reine d’Angleterre, incluant un des diamants les plus gros du monde. La responsable de l’entreprise avait fait cette demande depuis longtemps, elle était heureuse de voir se voir accordée la confiance de la reine Elisabeth II.
Ca fait très longtemps que j'essayais de convaincre le comité britannique de me confier le travail de leurs pierres royales. C'est une très belle reconnaissance du talent et du savoir-faire des diamantaires de Saint-Claude.
Rose Aivert, responsable de boutique
Quant à l'artisan lapidaire, il a tout simplement pu réaliser son rêve. Saint-Claude n'est pas prête d'oublier le passage de ces précieuses gemmes qui ornent désormais la couronne du roi Charles d'Angleterre.
1966 : la boucle du Doubs va être asséchée au profit d’un parking
Dans ce reportage de 1966, nos anciens journalistes font croire aux passants que le Doubs va être asséché puis détourné afin de le faire passer sous la Citadelle de Besançon. L’originalité du reportage est que cette farce ne fait pas que des mécontents.
C'est une question très intéressante parce qu'on manque de parkings, alors ça serait peut-être une solution. Nos clients pourront venir stationner facilement pour leurs achats. Évidemment pour les pêcheurs ça serait gênant mais la rivière est encore grande
Un commerçant de la Boucle
En effet, les commerçants de l’époque se plaignaient déjà du manque d’accessibilité du centre-ville et du manque de places de parking. Quant aux riverains, ils étaient évidemment contre cette dénaturation du patrimoine de notre belle capitale comtoise.
1985 : la vignette payante obligatoire pour chiens
Nos poissons d’avril étaient parfois proches de la réalité. En 1985, le journaliste Jacques Paté partait à la rencontre de propriétaires de chiens pour leur expliquer que ceux-ci allaient être taxés et devoir s’acquitter d’une vignette pour payer une brigade spéciale qui s’occuperait de nettoyer les déjections canines.
Nous avons très fréquemment des interpellations sur le problème des chiens (...) et notamment au niveau des rues piétonnes et c'est un problème qui se pose dans toutes les municipalités. Mon collègue, le maire de Paris [Jacques Chirac, ndlr], a envisagé un moyen très pratique puisqu'il a toute une équipe d'employés municipaux qui parcourt les rues et les trottoirs avec un système particulier. C'est un système qui coûte cher alors il faudrait trouver les moyens financiers correspondant en demandant aux propriétaires de chiens de participer financièrement à une telle opération.
Robert Schwint, sénateur-maire de Besançon
Très avant-gardiste, ce reportage existait bien avant les amendes dont il faut s’acquitter de nos jours si un propriétaire de chien ne s’occupe pas de ramasser les « cadeaux » de nos amies les bêtes.
Le poisson d'avril, une histoire méconnue
Personne ne sait exactement d’où provient cette tradition des poissons d’avril. Les premières traces en font état en 1466 dans l’ouvrage de Pierre Michault «Doctrinal du temps présent », où la locution désignait un «intermédiaire chargé de porter les lettres d’amour de son maître ». Son réel emploi pour désigner une « tromperie » ou une « mystification traditionnelle du 1er avril » n’est attestée qu’en 1718 par l’intermédiaire de la locution « donner un poisson d’avril » qui signifie « obliger quelqu’un à faire quelque démarche inutile pour avoir lieu de se moquer de lui » selon le Dictionnaire de l'Académie française.
Néanmoins, les origines restent obscures, elles pourraient dater de l’Antiquité ou du Moyen âge selon des écrits folkloristes. Il reste plusieurs explications : Pâques marquant la fin du carême où il n’était permis de ne manger que du poisson et pas de viande durant cette période. Une autre explication dit que le 1er ou encore le fait que le 1er avril marquait antérieurement le début de la saison de la pêche. Une dernière explication fait état de la mise en place du nouveau calendrier grégaire : les personnes ayant du mal à s’y adapter se voyaient faire l’objet de farces.
Quoi qu’il en soit, de nos jours, il est d’usage d’accrocher des poissons plus ou moins colorés dans le dos des personnes à qui on fait des farces. Cette plaisanterie s’est exportée dans plusieurs pays. Au Portugal et au Brésil, le jour s’appelle « Jour des Mensonges » . En Roumanie, il s'appelle « Tromperie du 1er avril ».
En Espagne et en Amérique latine, il existe une fête similaire le 28 décembre, le « jour des Saints Innocents » qui commémore le massacre des enfants de Bethléem. On y accroche des petits personnages de papier. En Inde, c’est la fête des « Holi » où l’on s’asperge mutuellement de couleurs et qui dépend du calendrier hindou, généralement fin mars début avril.