VIDEO ARCHIVES. "La femme n’a pas à être au-dessus de l’homme" : Dans les années 70, entre préjugés et sexisme, on était loin de l’égalité des sexes dans le travail

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Le travail des femmes dans les années 70 est majoritairement dans le secteur tertiaire.
Un reportage de François Martin du 9 septembre 1976. Micro-trottoir d'hommes sur la condition féminine et le travail des femmes. Interview de Mme Huguette Schley. ©INA

Le 8 mars, est la journée internationale des Droits de la femme qui promeut l’égalité des sexes notamment dans le monde du travail. Dans les années 70, pour accéder à l’emploi, les femmes ont souvent fait face aux préjugés et au sexisme. Retour en images avec ces archives pépites de Institut National de l'Audiovisuel.

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ll y a une cinquantaine d’années, il était difficile pour une femme de trouver une profession valorisante et les mêmes conditions de travail que ses collègues masculins. Mais c’était sans doute encore plus dur de lutter contre les stéréotypes dans lesquels certains hommes voulaient les "caser".

Oh la libération de la femme, c’est très bien, mais à condition que ce soit fait comme il faut ! (…) Je suis marié et ça se passe comme il faut que ça se passe : elle s’occupe du ménage et moi, je m’occupe du boulot et ça va tout seul !  

Un homme dans les rues de Besançon en 1976

INA

L’homme doit être au-dessus de la femme. Ça a toujours existé, la femme n’a pas à être au-dessus de l’homme, c'est tout. L’homme a toujours amené le pognon, ce n'est pas la femme ! Qui c’est qui va au casse-pipe ? C’est l’homme pas la femme ! La femme au foyer, c’est tout !

Un autre homme dans les rues de Besançon en 1976

INA

Ces phrases très sexistes voire misogynes prononcées dans un reportage de l’ORTF en 1976 nous choquent aujourd'hui. Si certains hommes ont du mal à accepter de voir leur femme préférer aller travailler plutôt que de passer leur journée à s’occuper du ménage et des enfants, Huguette Schley, conseillère de l’enseignement technique, écrit à cette époque dans un rapport qu’ils ne sont pas les seuls responsables de la mauvaise condition féminine dans le monde professionnel.

Ce sont les femmes qui posent un problème, elles sont trop timides dans la vie professionnelle (…), elles se contentent d’emplois subalternes, elles se trouvent toujours cantonnées à des postes très modestes et je pense que c’est à 50 % de leur faute et 50 % de l’opposition masculine dans bien des cas.

Huguette Schley, conseillère technique de l’enseignement - 1976

INA

Des emplois modestes, la faute aux femmes ?

Selon les chiffres du recensement de 1968, 61 % des employés de bureau sont des femmes, 79 % du personnel de service, 83 % du personnel des services médico-sociaux et seulement 11,2 % des cadres supérieurs. Du côté des ouvriers, elles ne représentent que 20.4 % des effectifs. Ce chiffre un peu surprenant s’explique par le fait que les femmes sont plus attirées par le secteur tertiaire que par le secteur industriel.

Toutes ces données sont développées dans l'article « La médiocrité de la formation professionnelle des femmes est due en grande partie à l’esprit ségrégatif des employeurs » publié par Le Monde le 14 juin 1972.

Huguette Schley a présidé la commission sur la formation professionnelle en mai 1972 du Comité du travail féminin qui siège alors au ministère du travail. Elle y pointe le problème de qualification des jeunes filles : si elles sont aussi nombreuses que les garçons dans les collèges et lycées, elles préfèrent malheureusement arrêter leur scolarité pour travailler au plus vite. Contrairement à leurs homologues masculins, elles ne sont pas attirées par les études. 

Les obstacles à l’embauche, la faute aux employeurs masculins ?

Pour Huguette Schley, l’opposition masculine provient de plusieurs raisons. L’une d’elles date depuis des siècles : l’homme considère que la femme est la mère de ses enfants et qu’elle doit rester au foyer au lieu de travailler.
Elle pense qu’à qualification égale, diplôme égal, une femme ne trouvera pas aussi facilement du travail qu’un homme car cela se fera au bon vouloir de l’employeur : s’il n’est pas misogyne, il lui donnera sa chance.  

Il prétendait que j’étais jeune mariée, je risquais d’avoir des enfants, je ne pouvais donc pas assurer mon travail continuellement.

Une jeune salariée d'une imprimerie

INA

Dans cet autre reportage de Michel Serpin diffusé le 9 novembre 1977 et tourné dans une imprimerie de la région, une jeune femme témoigne de ses difficultés à être embauchée :

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Réaction d'une salariée sur les problèmes de discrimination à l'embauche pour les jeunes femmes. Un reportage de Michel Serpin diffusé le 9 novembre 1977. ©INA

En période de réduction de l’activité économique, l’activité féminine ne fléchit pas, mais augmente le nombre de femmes à la recherche de l’emploi. Cette année-là, l’ANPE, notamment dans le secteur de Montbéliard, met en place des formations pour les jeunes filles qui étaient alors exclusivement ouvertes aux seuls hommes, comme les métiers de menuiserie ou électromécaniques.


La suite du reportage montre un exemple concret où les femmes accèdent à des métiers réservés autrefois à un personnel masculin : l’imprimerie. Et cela semble bien accepté par tous même si mixité ne rime pas forcément avec égalité !  

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L'emploi des jeunes femmes en 1977. Un reportage de Michel Serpin dans une imprimerie où les femmes exercent les mêmes métiers que les hommes. ©INA

Le travail des femmes traité avec sexisme par les médias ?

Parfois, le sexisme ne se trouve pas que dans la vox populi. Il est présent dans le traitement de l’information par des journalistes masculins.
En 1975, une équipe de l’ORTF dresse le portrait de deux femmes agricultrices, deux sœurs. Elles ont repris la ferme de leurs parents quand leurs frères ont préféré exercer les métiers de menuisier ou chauffeur routier.
Alors que l’angle du reportage met en avant le courage de deux femmes qui sont seules à la tête d’une exploitation agricole. A bien y écouter, le journaliste oriente ses questions de façon stéréotypée et un peu sexiste :

Vous n’aimez pas faire la soupe ? (…) Vous n’avez pas l’impression d’être des garçons manqués ? (…) Vous auriez pu vous marier, avoir un homme à la maison, non ? (…) Vous ne trouvez pas bizarre que deux femmes tiennent une exploitation agricole ? (…) Ah, vous faites le ménage, quand même du travail de femme aussi !

Gilles Chavanel, journaliste à FR3 Franche-Comté - 1975

INA

Alors, autre temps, autres mœurs ou bien simplement un commentaire à prendre au second degré ?
À vous de juger en regardant ce reportage du 25 novembre 1975.

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Portrait de 2 sœurs agricultrices, Jeanne et Gabrielle Bouveresse, à la tête d'une exploitation agricole de Bouclans (Doubs). Un reportage de Gilles Chavanel diffusé le 25 novembre 1975. ©INA

Une journée internationale des Droits des femmes

L’édition 2023 de cette journée a pour thème "Pour un monde digital inclusif : innovation et technologies pour l’égalité des sexes".

Depuis 1977, l’ONU célèbre officiellement la journée internationale des Droits de la femme le 8 mars.
Après les images d’archives que nous venons de voir, on peut comprendre que la promulgation d’une telle journée se soit avérée nécessaire. 

Mais la lutte pour défendre la condition féminine remonte à plusieurs décennies avant cela. Dès le début du XXe siècle, les femmes ont manifesté pour de meilleures conditions de travail ou le droit de vote :

  • 1909 : Les Etats-Unis ont leur première journée nationale des femmes

  • 1910 : En Europe, le Danemark décide à son tour d’instaurer une journée des femmes notamment pour favoriser l’obtention du suffrage universel pour les femmes. L’Allemagne, l’Autriche et la Suisse suivront cette célébration l’année suivante.

  • 1913 : En Russie, les femmes socialistes célèbrent une journée internationale des ouvrières. Et le 8 mars 1917, ce sont des femmes qui initient une grève générale revendiquant « le pain et la paix », pour ni plus ni moins déclencher la Révolution russe.

  • Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, de nombreux pays partout dans le monde rejoindront cet hommage aux luttes des femmes le 8 mars.

  • Et en France ? Cette journée du 8 mars ne sera reconnue qu’en 1982 sous l’impulsion d’Yvette Roudy, ministre déléguée aux droits des femmes, sous la présidence de François Mitterrand. Le président reçoit à cette occasion 450 femmes et annoncent plusieurs mesures en faveur de leurs droits. 
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