Canicule. Comment l'architecture et l'urbanisme pourraient bien nous aider à avoir moins chaud en ville ?

Alors que la France connait une vague de chaleur très intense, tous les départements de Franche-Comté passent en vigilance orange « canicule » ce samedi 19 août. Les températures se font de moins en moins supportables, notamment en ville, où elles montent et ne redescendent plus. La faute au goudron et au manque de végétation. Alors, quelles solutions pour se maintenir au frais ?

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Chaque été, la France connait des épisodes caniculaires intenses. Ces cinquante dernières années, l'été 1976 ou la canicule meurtrière d'août 2003 ont marqué les esprits. En 2020, il faisait +2,3 °C en France métropolitaine par rapport à la moyenne 1961-1990 (Météo-France, 2020).

Depuis vendredi 18 août 2023 à 12 heures, Météo France place les départements du Doubs et du Jura en vigilance orange « canicule ». La Haute-Saône et le Territoire de Belfort sont quant à eux classés en vigilance jaune « canicule ». Samedi 19 août, tous les départements de Franche-Comté passeront en vigilance orange « canicule ».

"Dans le Jura, ce vendredi après-midi, les températures pourraient être comprises entre 33 et 35 °C en journée. La nuit ne permettra pas de rafraîchir l’atmosphère, avec des températures comprises entre 20 à 23 °C", avertit le département du Jura dans un communiqué. "L’épisode caniculaire devrait s’installer durablement jusqu’au milieu de la semaine prochaine, avec des températures de 34 °C en journée, et de 21 °C pendant la nuit."

Le terme canicule désigne, selon Météo France, "un épisode de températures élevées, de jour comme de nuit, sur une période prolongée". Les seuils ne sont pas les mêmes d'un département à l'autre et la chaleur doit durer au moins trois jours.

Des îlots de chaleurs en ville

Avec le mercure qui bat des records, des îlots de chaleur se forment dans les centres-villes, faute au goudron et au manque de végétation. "Les îlots de chaleurs, c'est un phénomène de microclimat artificiel que l'on retrouve principalement dans les métropoles. On va avoir, en journée, la chaleur qui va s'accumuler dans les matériaux et qui va être relarguée la nuit", explique Éloïse Brun, chargée de mission environnement pour l'association Dole Environnement, au micro de Fleur de Boer.

Elle poursuit : "on va avoir une différence entre la ville et la campagne. À la campagne, on va avoir des espaces beaucoup moins imperméables et avec beaucoup moins de matériaux qui vont capter la chaleur. Et donc on va avoir des différences de température entre la nuit et le jour plus grands, contrairement aux îlots de chaleurs où là, on va avoir un maintien de la chaleur même la nuit". Pour faire court : les températures montent et ne redescendent plus.

Les îlots de chaleur ne sont pas réservés qu’aux métropoles. Les petites villes, comme celle de Dole, en souffrent aussi. C’est ce qui ressort d’une étude réalisée conjointement par différentes associations environnementales dans le Jura.

Aux arbres citoyens

Ces températures se font de moins en moins supportables. Pour Éloïse Brun, "c'est aux politiques publiques de mettre en place des choses pour le bien-être de tous". En végétalisant les villes, entre autres.

"La végétation a vraiment trois intérêts pour limiter la chaleur : elle va créer de l'ombre ; elle a un coefficient d'absorption de la chaleur qui est assez bas – donc elle va davantage la refléter que l'absorber – et en plus de cela, les végétaux vont évapotranspirer, et émettre de l'humidité dans l'air qui va rafraichir l'air."

Ça reste un outil qui est vraiment très important et indispensable pour rafraichir l'air, remettre de l'humidité dans l'air, en plus d'être un support de biodiversité.

Éloïse Brun, chargée de mission environnement pour l'association Dole Environnement

Des projets de (re)végétalisation des espaces urbains fleurissent un peu partout. C'est le cas à Besançon, où un projet de re-végétalisation de la place de la Révolution est en cours.

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Du bitume à l'ombre végétale : "neuf degrés de moins"

Les matériaux et leur colorimétrie ont également leur rôle à jouer. Les matériaux clairs sont à privilégier, contrairement aux métaux.

"Au niveau des matériaux, c'est là qu'on a des grosses différences [de température]", assure la jeune femme, un thermomètre à la main. "Avec une température ambiante de 30 °C, on est passé de 39 °C sur le bitume à 30 °C au niveau de l'ombre projetée par les arbres. Neuf degrés de moins, c'est vraiment considérable et ça se ressent largement pour les passants."

Repenser nos maisons pour rester au frais

La gestion de la chaleur est devenue une préoccupation importante pour les architectes. Audrey Lablanche, architecte à Dole dans le Jura, estime que la réglementation environnementale française actuelle, RE2020, ne prend "pas encore assez [en compte le confort d'été] pour faire face aux canicules". "Mais par contre, on sait faire", ajoute-t-elle, interviewée par Clément Jeannin

Aujourd'hui, si on construit neuf, on sait très bien construire des maisons qui n'ont pas besoin de chauffage conventionnel en hiver – pas de chaudière, pas de plancher chauffant, pas de radiateurs – et qui gardent une température constante en été.

Audrey Lablanche, architecte à Dole, membre de la fédération de la construction passive

C'est ce qu'on appelle le bioclimatisme.

Afin de se protéger des fortes chaleurs, l'architecte doloise conseille de protéger les ouvertures et les fenêtres des bâtiments. "Un store ou un rideau intérieur n'est pas suffisant pour se protéger de la chaleur".

Elle détaille : "une fois que le rayon [de soleil] traverse la vitre, il chauffe votre maison, il se passe ce qu'on appelle l'effet de serre. Ce qu'il faut ce sont des protections extérieures. Des volets en bois, des volets roulants extérieur. La solution qui permet d'avoir de la lumière naturelle pour éviter d'avoir à utiliser de la lumière artificielle quand on reste chez soi en période de forte chaleur, ce sont les brises soleil extérieur amovibles". Le mieux étant d'en installer en bois et non en métal, qui retient davantage la chaleur.

Audrey Lablanche propose également d'éviter l'aménagement des combles, d'isoler les murs et d'arrêter le rayonnement solaire avant qu'il atteigne les murs et/ou les fenêtres, en installant de grands débords de toit.

Quelques conseils supplémentaires à appliquer chez soi

Le conseil qui revient le plus régulièrement dans la bouche de nos deux interlocutrices, c'est de ventiler la nuit, en laissant plusieurs fenêtres ouvertes pour permettre à l'air de traverser votre logement. Puis, au réveil, Éloïse Brun conseille de "fermer les volets dès que les premiers rayons du soleil arrivent".

"Ce qu'il faut essayer d'éviter, c'est d'installer des climatiseurs", observe-t-elle. "C'est sûr qu'au niveau de notre confort personnel, c'est très agréable, mais on se rend compte que de l'autre côté de la façade, on va avoir une production de chaleur et en plus de cela, on a une augmentation des gaz à effet de serre. Donc c'est vraiment contre-productif."

Il faut plutôt chercher à maintenir des extérieurs frais, c'est pour cela qu'au-delà des particuliers, c'est aux politiques publiques de mettre en place des choses pour le bien-être de tous.

Éloïse Brun, chargée de mission environnement pour l'association Dole Environnement

Des gestes qui semblent de plus en plus urgents d'adopter, puisque deux fois plus de vagues de chaleur sont à prévoir en France d'ici à 2050 (Météo-France, 2019) et que le GIEC estime l'augmentation de la température entre +1,3 °C à +5,3 °C d'ici à la fin du siècle (Jouzel, 2014).

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