"Ce sont des images qu'on ne voudrait plus voir", des associations de défense de la nature dénoncent des épandages interdits dans le Doubs

Le Collectif SOS Loue et Rivières Comtoises dénonce des épandages sur sols gelés et enneigés dans le Doubs. Les défenseurs de l'environnement craignent une pollution de l'eau. Un risque contesté par les techniciens de la Chambre d'agriculture.

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"Ce sont des images qu’on ne voudrait plus voir", écrivent-ils sur leur site internet. Les bénévoles de SOS Loue et rivières comtoises dénoncent ces "lisiers d'hiver, misères des rivières". Créé en juillet 2010 suite aux graves pollutions subies par la Loue, le collectif rassemble une vingtaine d'associations.

Depuis quelques semaines, ils ont reçu plusieurs signalements d'épandages non conformes de lisier sur sols gelés ou enneigés, ce qui est normalement prohibé pendant l'hiver : à Dompierre-les-Tilleuls le 14 décembre, au Barboux le 16 décembre et entre Gennes et Nancray le 18 décembre. Photos à l'appui, ils demandent des explications aux agriculteurs et à leurs représentants.

"Nous avons l'impression légitime d'un total désintérêt pour la question de la protection de l'eau de la part des responsables de ces pratiques d'épandages incompréhensibles, ou tout du moins d'une totale méconnaissance des impacts de ces dites pratiques", s'insurge le collectif.

Ces nitrates (lisier = engrais = azote minéral) épandus en plein hiver finissent inexorablement dans les rivières. Et évidemment, ça nous désespère.

Collectif SOS Loue et Rivières Comtoises.

Situation météo exceptionnelle

Interpellée ce mardi 19 décembre 2023, la Chambre d'agriculture du Doubs et du Territoire de Belfort n'a pas tardé à répondre. France 3 Franche-Comté a pu prendre connaissance des explications apportées aux associations. "La situation actuelle est très exceptionnelle du point de vue météorologique", reconnaît ainsi Didier Tourenne, chargé de mission agronomie-environnement.

Les épandages d'automne sont généralement réalisés courant octobre ou novembre avant l'hivernage des animaux. Mais après quatre épisodes caniculaires et des records de température, les sols étaient apparemment trop secs et les épandages déconseillés. Des épandages qui n'ont pas pu être non plus réalisés ces deux derniers mois en raison des "précipitations exceptionnelles" qui se sont abattues sur la région. "642 mm de pluie cumulée en 2 mois et 2 jours à Pontarlier, ce qui représente l'équivalent de 5 mois de précipitations !", précise Didier Tourenne.

Passer entre les gouttes

"Les éleveurs sont donc confrontés au risque d'avoir des fosses pleines en janvier ou février avec potentiellement des sols enneigés", explique le technicien. Et avec le retour des précipitations attendu cette semaine, il leur faut en fait passer entre les gouttes. "Le seul créneau pour soulager les fosses à purin ou à lisier est la période actuelle (...) et peut-être la semaine prochaine entre deux dépressions."

La Chambre d'agriculture assure que les épandages effectués actuellement sont effectués dans le respect de la réglementation (pas de forte pluviométrie, sols non gorgés d'eau, sols non enneigés, sols non pris en masse par le gel). Des recommandations ont également été données aux éleveurs afin de trouver des solutions alternatives.

"L'immense majorité des éleveurs sont conscients des enjeux environnementaux, de la valeur économique de leurs effluents et sont attentifs à réaliser les épandages destinés à alimenter leurs prairies et leurs cultures", rappelle enfin Didier Tourenne.

Des arguments qui n'apaisent pas pour autant les craintes du collectif SOS Loue et Rivières Comtoises. Il demande la fixation d'une date fixe pour les épandages et des solutions alternatives pour la valorisation du lisier. "Le lisier est un engrais au fort pouvoir, expliquent les défenseurs de l'environnement. [Il] devrait donc être considéré comme une richesse potentielle et non pas comme un déchet. Car en effet, pour rappel, en hiver, les plantes n’ont pas besoin de lisiers car sauf exception, elles ne poussent pas !"

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