Deux jours d’existence, et près d’une vingtaine de témoignages. Depuis le 23 mars 2020, « Génération Covid-19 » recueille les paroles des Françaises et Français, confinés ou envoyés au front, au contact des patients, ou des clients. Une initiative lancée par un jeune de Franche-Comté.
Des posts disparates évoquant le coronavirus, Andéol Demeulenaere en a lu un bon nombre sur son fil Facebook. Le Comtois de 27 ans travaille dans la communication, et est à l’origine de Génération Covid, un site où sont exposés des témoignages de Françaises et Français, en pleine crise sanitaire.
« Autour de nous, des personnes sont plus ou moins impliquées dans l’épidémie, et je ne trouvais pas de zone d’expression », rapporte le Doubien. L’idée d’un espace pour évacuer ces ressentis germe dans son esprit, et Génération Covid naît pendant le confinement. Le jeune homme raconte : « Seul, chez moi, avec mon ordinateur, le site était créé en quelques jours. » D'abord relayé sur les réseaux sociaux via leurs partenaires Météo Franc-Comtoise et Info Routes Haut-Doubs 25, le site a collecté presque vingt témoignages en deux jours. La plupart d'entre eux restent régionaux.
Graver cette expérience de confinement
« Un besoin de vider son sac. » C’est aussi de cette nécessité que part Andéol. Personne ne vit le confinement de la même façon. Qu’il s’agisse d’hôtes de caisse, ou d’aides-soignants en Ehpad ou même de simples confinés, les lignes pleuvent sur le site de Génération Covid. Tantôt révoltants, tantôt drôles, et toujours émouvants, les écrits permettent aux lecteurs de s’identifier, de retrouver et démêler des situations, auxquelles l’épidémie nous confronte chaque jour. Andéol renchérit, enjoué : « on peut se dire : il n’y a pas que moi qui panique ! »
En Franche-Comté, comme dans la France entière, tout me monde peut déposer ses confidences. Pour le moment, il s’agit plutôt de rassurer, d’aider chacun et chacune à mieux vivre le confinement. Mais sur le long terme, l’objectif s'annonce différent. « Je voulais garder une trace de cette épidémie, car on a vite tendance à oublier », énonce le créateur du site. Graver cette expérience de confinement, cette crise sanitaire pour mieux se souvenir, et ne pas commettre les mêmes erreurs.
Des lignes de vécu
Avant d’être publiés, les témoignages sont relus par Andéol, qui évacue les messages haineux. Autrement, pas de modification, même pas les fautes d’orthographe. Le jeune homme insiste : « Je fais juste de la mise en forme, sans jamais dénaturer le texte. »
Dans ces lignes de vécu, se dessinent des sentiments contradictoires. D’abord, la peur aux tripes, harnachée, celle que les parents, les enfants, ou les petits-enfants attrapent l’ennemi invisible. L’adaptation à cette nouvelle vie, bloquée entre quatre murs, seul ou auprès de ses proches. La sensation étrange à la vue des rues vides, ou au contact avec de personnes potentiellement infectées. Des espoirs de l’après-confinement, quand, enfin la vie reprendra.