Emmanuel Macron a appelé les Français à la "sobriété" et encourage les foyers à baisser le chauffage à 19 degrés à l'arrivée de l'hiver, en raison de la crise énergétique. Qu'en est-il pour les personnes en précarité ? Éléments de réponse.
"20% des Français déclarent avoir souffert du froid au cours de l’hiver 2020, pendant au moins 24h. C’est une hausse de 6 points par rapport à l’hiver précédent. Pour 4 ménages sur 10, c’est à cause d’une mauvaise isolation thermique de leur logement ; plus de 3 ménages sur 10 invoquent une limitation pour raisons financières". Cette information donnée par l'Observatoire National de la Précarité Énergétique (ONPE) montre à quel point l'accès à l'énergie est inégal en France.
À l'heure de la crise énergétique et alors qu'Emmanuel Macron encourage les Français à baisser les thermostats pour économiser du gaz et de l'électricité dans leur foyer, un nombre important de personnes ne se chauffent pas ou peu et vivent dans des conditions énergétiques extrêmement précaires.
Environ 12 millions de Français résident dans des passoires thermiques et/ou n’ont pas les moyens de se chauffer correctement en hiver.
Est en situation de précarité énergétique une personne qui éprouve dans son logement des difficultés particulières à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat.
Loi Grenelle 2 du 12 juillet 2010 concernant la précarité énergétique
"Selon l’enquête, les personnes de moins de 44 ans (47,2%) ont été les plus impactées par la précarité énergétique au cours de l’hiver 2020-2021, dont 12% sont des étudiants, nouveau public parmi les demandeurs d’aides à l’énergie" précise l'ONPE.
L'hiver qui approche fait craindre une augmentation de la précarité. "D’après le baromètre énergie-info du Médiateur, le nombre de ménages ayant des difficultés de paiement de l’énergie est passé de 10% en 2013 à 18% en 2020" indique le dernier baromètre du Médiateur national de l’énergie.
"L'énergie fait partie des dépenses sur lesquelles on rogne"
Antoine Aumonier, de la délégation Franche-Comté du Secours Catholique nous précise que "8% des aides accordées chaque année par le Secours Catholique aux personnes dans le besoin, sur un budget global d'aides financières avoisinant les 180 000 euros, sont fléchés sur la précarité énergétique".
"On voit bien dans notre dernier rapport que quand on a un reste à vivre très limité, l'énergie fait partie des dépenses sur lesquelles on rogne. Ils mangent parfois une fois par jour, et eux n'ont pas attendu les recommandations du gouvernement pour baisser le chauffage. Cela fait partie déjà de leur mode de vie, ils sont déjà dans la sobriété" poursuit-il, en précisant que l'antenne franc-comtoise du Secours Catholique est engagée sur des actions de mobilisation des propriétaires, "pour qu'ils s'engagent à revoir l'isolation des logements".
Sylvie Feige est administratrice nationale aux Restos du Cœur, association dans laquelle elle œuvre depuis 7 ans. La Franc-Comtoise connaît bien les problématiques liées à la précarité. Elle partage le constat dressé plus haut. "Les personnes accueillies, beaucoup ne se chauffent pas du tout. Ou alors beaucoup chauffent uniquement quand les enfants rentrent de l'école par exemple".
Elle ne cache pas son inquiétude pour l'hiver à venir. "Je m'affole un peu pour la 38e campagne des Restos du Cœur qui va démarrer en novembre. Des personnes accueillies chez nous ne peuvent déjà plus se nourrir. Comment vont-elles répondre aux enjeux liés à l'énergie ? On s'attend à une augmentation des personnes accueillies aux Restos, comme dans les autres associations" conclut-elle.
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