Chaque jour, peu après 13 heures, la station d'épuration de la fromagerie Monnin rejette une eau trouble et nauséabonde. Des rejets émis depuis cette usine de Chantrans, qui se retrouvent ensuite en contrebas, dans la Loue. Une association s'inquiète, d'autant que cela dure depuis un moment.
C'est une étrange coulée d'eau qui s'écoule tous les jours, vers 13 heures 20, à Chantrans (Doubs). Ce déversement part de la station d'épuration de la fromagerie Monnin : une procédure habituelle. Rien à redire, sauf qu'il s'agit d'une eau trouble et remplie de mousse, à l'odeur nauséabonde. Dans la commune du Doubs, c'est l'inquiétude. L'association SOS Loue et rivières comtoises redoute une pollution massive.
On sait d'après les analyses faites par la préfecture, qu'il y a des phosphates, peut-être liés à des détergents, et des nitrites pouvant s'expliquer par la présence de protéïnes dans le petit lait. Une fromagerie peut avoir des rejets, mais il faut qu'ils soient traités avant d'être déversés dans la nature.
Pendant quarante minutes, des miliers de litres de cette eau troublée se déversent à travers les sous-bois. Ils traversent un tuyau disposé dans la prairie, avant d'arriver en forêt. Le déversement continue ensuite sa route vers le ruisseau de Bonnecreau, puis dans le ruisseau de Bonneille. Ce dernier termine sa course au bord de la Loue, une rivière située en contrebas, longeant notamment la commune d'Ornans. Le parcours ainsi que la quantité d'effluents issus de la fromagerie du village préoccupent donc l'association SOS Loue et rivières comtoises.
D'après Gérard Mamet, membre de ce collectif, la situation perdure "depuis un certain nombre d'années". "Une vidéo avait été réalisée en 2018, par la Commission de protection des eaux. Elle montrait justement les rejets qui étaient très troubles et qui rejoignaient le Bonnecreau", explique le militant associatif. Selon l'association, ces rejets sont chargés de substances jugées nocives.
"On sait d'après les analyses faites par la préfecture, qu'il y a des phosphates, peut-être liés à des détergents, et des nitrites qui peuvent s'expliquer par la présence de protéïnes dans le petit lait. Cela impacte l'ensemble de la faune : on voit bien qu'en aval du déversement, il n'y a plus aucun insecte sous les pierres. En revanche, lorsqu'on se met en amont, on peut encore observer ces insectes", se justifie Gérard Mamet.
Des installations probablement sous-dimensionnées
A l'heure actuelle, les installations de la fromagerie Monnin comprennent une station d'épuration, datant de 2006. L'installation doit traiter quotidiennement 20.000 litres de lait. Une infrastructure nettement débordée, selon l'association. "Il y a un arrêté du préfet qui montre que la capacité de la station ne doit pas dépasser 21.000 litres par jour. Or, les contrôles montrent que cette quantité peut atteindre 33.000 litres par jour", déplore Gerard Mamet.
Face à cette situation, l'industriel comtois a été mis en demeure par la préfecture du Doubs. La fromagerie Monnin doit réduire son volume de traitement du lait. Les services préfectoraux lui ont rappelé cela par deux fois, en 2018 et fin 2020 : sans résultat. Le non-respect de cette injonction a donc mené les responsables de la fromagerie devant le tribunal administratif. La rédaction de France 3 Franche-Comté a sollicité la préfecture du Doubs pour en savoir plus à ce sujet, mais l'institution n'a pas répondu à nos questions.
La fromagerie indique, quant à elle, faire son possible pour remédier à cette situation. C'est ce que fait valoir son avocat, Sylvain Pelletreau : "Il y a des outils existants que l'on peut améliorer, et des outils nouveaux que l'on peut créer. la société Monnin travaille sur ces deux aspects-là". Une nouvelle station d'épuration doit effectivement être construite d'ici l'automne prochain. Quant à l'installation de traitement actuelle, la société projette de l'améliorer afin de diminuer son impact environnemental.