Attention à l'échinococcose alvéolaire ! Cette maladie sévit notamment en Franche-Comté. Des spécialistes nous disent tout sur cette affection véhiculée entre autres par les animaux infectés.
C’est la « maladie du renard », mais pas seulement ! L’échinococcose alvéolaire peut toucher les animaux puis les habitants des zones urbaines et des zones rurales, sans distinction. Une grande partie de l'est de la France est touchée, allant des Ardennes jusqu’à la Savoie. La Franche-Comté, la Lorraine mais aussi les Alpes sont concernées. Les membres de l'association pour l'information et la recherche sur l'échinococcose alvéolaire organisent une exposition à ce sujet, à l'hôpital Jean-Minjoz de Besançon (Doubs) le 21 et 22 septembre. Voici quelques éléments pour connaître la maladie et s’en protéger.
D’où vient l’échinococcose ?
« Les œufs d’échinocoques se trouvent au sol, dans l’herbe. Les campagnols les ingèrent, lorsqu’ils se nourrissent. Des larves éclosent alors dans le foie de cet animal », décrit Marie-Christine Zen. Il faut d’ailleurs noter que c’est le même mode de développement que suit la maladie chez l’homme.
La présidente de l’association pour l’information et la recherche sur l’échinococcose alvéolaire poursuit : « Le cycle de propagation de l’échinococcose se poursuit ensuite, lorsque les renards mangent les campagnols. C’est à cette occasion qu’ils développent à leur tour la maladie. Tout comme les chats et les chiens, leurs intestins s’infestent peu à peu de vers ».
« Les renards, les chats et les chiens infectés libèrent ensuite des œufs de l’échinocoque dans la nature, par le biais de leurs crottes. Lorsqu’elles se trouvent sur des fruits sauvages comme des myrtilles, des fraises ou encore les légumes de son jardin, comme les salades ou les pissenlits, c’est là que peut se faire la transmission à l’homme », décrit Marie-Christine Zen, elle-même anciennement malade. Une précision importante, selon la professeur Dominique Vuitton, professeur émérite à l'université de Franche-Comté : « Un des modes de transmission se fait bien par les crottes et non par l’urine de ces animaux, comme certaines personnes peuvent le croire par erreur ».
Il est possible aussi de contracter la maladie, au contact des animaux. « Les chasseurs peuvent par exemple être contaminés du fait que leurs chiens aiment se rouler dans la nature, et donc potentiellement dans les crottes d’autres animaux infectés. Les œufs peuvent alors se retrouver sur le pelage », ajoute Marie-Christine Zen. Une caresse sans précaution sur une bête infectée peut donc suffire par exemple, pour se retrouver avec des œufs d'échinocoque sur les mains.
Quels sont les symptômes ?
Les symptômes n’apparaissent pas de suite. « Lorsqu’on déclare les symptômes, c’est que la maladie est déjà à un stade avancé. On a de la fièvre, de la jaunisse, des douleurs abdominales associées à un gros foie. Les manifestations cliniques se voient surtout au niveau du foie, mais il y a déjà eu des cas où d’autres organes ont été touchés », pose Marie-Christine Zen.
Certaines personnes sont plus à risque. « C'est le cas des patients immunodéprimés, comme ceux ayant par exemple un cancer ou des maladies rhumatismales. Dès qu'il y a une anomalie au niveau du foie, les soignants de ces personnes habitant les zones concernées doivent être très vigilants. Ces personnes ont 10 fois plus de chances de développer la maladie », argumente la professeur Dominique Vuitton.
Les vecteurs de la maladie sont compliqués à localiser. « On peut comparer l’évolution de la maladie à celle des tumeurs, donc de façon silencieuse. En moyenne, il s’écoule entre 5 et 15 ans depuis la contamination jusqu’aux premiers symptômes », ajoute Marie-Christine Zen. Ce qui explique les difficultés à percevoir les symptômes, sauf à l’occasion de rendez-vous de santé réguliers. « Un tiers des cas sont détectés par hasard. La maladie est de plus en plus détectée à l’occasion d’autres analyses. On la découvre lors des échographies, des prises de sang et des scanners », complète Marie-Christine Zen.
« Il y a eu des patients qui ont eu ces manifestations cliniques 20 ans après la contamination. Il faut attendre que les larves fassent de 5 à 10 millimètres, pour qu’on puisse les voir sur un patient infecté. Pour comparer, un œuf d’échinocoque mesure bien moins d’un millimètre : une centaine de microns exactement. Les vers, présents par milliers dans l'intestin des renards ou autres animaux infectés, mesurent quant à eux entre 3 à 5 millimètres de long », termine la professeur Dominique Vuitton.
Est-ce que cette maladie se soigne ?
Un remède existe, encore faut-il pouvoir l'utiliser. Il faut distinguer deux cas de figure. Il y a d’abord la situation où la maladie s’est développée de façon importante chez le patient. « S’il n’est pas possible de localiser précisément l’endroit du corps où se logent les larves, la personne malade devra suivre un traitement antiparasitaire à vie. Il ne tue pas les vecteurs, mais leur empêche de se développer », indique la professeur Dominique Vuitton, professeur émérite à l’université de Franche-Comté.
L'autre cas concerne les patients qui ont contracté une infection moins grave. « En fonction de l’endroit du corps où se trouvent les larves à l’origine de la maladie, les médecins peuvent envisager une opération curative. Il peut s'agir de retirer des parties des organes infectés. Une fois opéré, il faut prendre un traitement médical pendant deux ans. Un test sanguin est effectué à l’issue de ce traitement : si les résultats sont favorables, on peut considérer que le patient est guéri », dit la professionnelle de santé qui a travaillé pendant 40 ans sur ce sujet.
Comment s’en protéger ?
Il est possible de se protéger de cette maladie, en suivant quelques gestes simples. Pour les détenteurs de chiens et de chats, en se lavant les mains après tout contact. Côté alimentaire, il faut savoir que seule la cuisson à plus de 60 degrés détruit les vecteurs de l’échinococcose alvéolaire. « Inutile de laver ses fruits et légumes à l’eau claire, au vinaigre blanc ou à la javel, où même de recourir à la congélation : c’est inefficace. La seule solution, c’est de les cuire 5 minutes à 60 degrés ou 1 minute à 100 degrés », précise la professeur Dominique Vuitton.
Selon les chiffres 2017 du ministère de l'Agriculture, une trentaine de personnes en moyenne déclarent chaque année cette maladie sur le territoire français.