EN IMAGES. Visions d'apocalypse : ce photographe amateur nous offre un détour vers le futur, "même moi, je n'aimerais pas vivre dans ce monde-là"

A quoi ressembleraient nos villes après l'apocalypse ? Depuis septembre 2020, Yoann Agnellet propose des clichés étonnants (et inquiétants). Le photographe amateur de Valentigney (Doubs) sillonne la France avec son appareil et projette nos paysages urbains familiers dans un futur sans êtres humains.

"Même moi, je n'aimerais pas vivre dans ce monde-là", sourit Yoann Agnellet. C'est vrai que l'univers postapocalyptique du photographe amateur de Valentigney (Doubs) a de quoi surprendre. Voire inquiéter. Sur ses images, les rues sont désertes, les bâtiments tombent en ruines, et la nature a repris ses droits.

Difficile de reconnaître la gare abandonnée de Pontarlier (Doubs), le célèbre Lion de Belfort sous la végétation ou encore le stade Bonal de Sochaux (Doubs) avec ses tribunes détruites et cette carcasse de voiture plantée au beau milieu du terrain de football. Depuis quatre ans, l'autodidacte revisite notre quotidien, retouche pendant des heures les paysages urbains qu'il photographie un peu partout en France, à commencer par la Franche-Comté. Avant de partager ses incroyables clichés sur ses réseaux sociaux, Instagram ou Facebook.

Le déclic pendant le confinement

Policier municipal dans une ville du Pays de Montbéliard, il a eu le déclic pendant la pandémie de Covid-19. "J'avais envie de me lancer et faire de la photo, raconte-t-il à France Franche-Comté. Mais j'ai vraiment commencé au moment du confinement. J'étais dehors tous les jours et on avait un visuel très différent des gens qui devaient rester chez eux. Il y avait personne dans les rues et c'était impressionnant. Cela a été vraiment l'élément déclencheur."

Et comme il ne manque pas d'imagination et a toujours été dit-il un fan de science-fiction, il a fait de son appareil photo une vraie machine à voyager dans le temps. Ou plutôt dans un futur proche et terrifiant. Grâce à un simple logiciel photo mais avec beaucoup de patience et d'application, il parvient à transformer complètement les photos d'origine et ainsi porter un nouveau regard sur nos villes et nos vies. Sans autre objectif que de captiver le spectateur.

Il n'y a pas de message, ni politique, ni écologique. Je ne suis pas un militant. Mais les gens qui voient mes photos, eux se projettent. Ils font le rapprochement avec ce qui se passe aujourd'hui : la guerre, les virus, la pollution, le dérèglement climatique.

Yoann Agnellet, photographe amateur.

"Dans un film de science-fiction, on s'identifie moins, alors que lorsque c'est chez soi, que l'on connaît les lieux, ça touche forcément un peu plus !", reconnaît Yoann Agnellet. Mais lui n'est pas du tout pessimiste. Il y voit seulement un exercice de style, l'art et la manière de passer en un clin d'œil de la réalité à la fiction. Comme dans un rêve (ou un cauchemar, c'est selon). 

Force est de reconnaître que ses "montages", comme il les appelle, interpellent et font réagir ses "followers" qui laissent de nombreux commentaires, à chaque nouvelle photo publiée. "J'ai été très surpris, admet-il, car je m'attendais à des retours négatifs, mais c'est le contraire."

"Le continent maudit"

Sa démarche, en tous les cas, n'est pas passée inaperçue. Une de ses photos représentant Notre-Dame de Paris a même été récemment choisie pour illustrer la couverture de la réédition du classique de Morgin-De Kean, Le continent maudit, publié en février 2024 aux éditions Terre de Brume. Morgin-De Kean est le nom de plume de Marguerite Pauline Bagnaro (1888-1962). Dans ce roman de science-fiction postapocalyptique, paru en 1940, elle raconte l'histoire d'un Français et d'un Allemand ayant survécu à une guerre en Europe, et se réfugiant en Bretagne, après avoir échappé à des anthropophages à Paris. 

A bientôt 54 ans, Yoann Agnellet n'imagine pas pour autant faire carrière dans la photographie. "Cela reste un hobby, je n'ai pas d'objectif professionnel, assure-t-il. Je prends plaisir à faire découvri mon travail. J'essaie de toucher un maximum de villes en France, Annecy, Lyon, Metz, etc." 

Mais il se verrait bien signer une première exposition dans les prochains mois. Dans son album il a déjà 80 clichés en stock. Largement de quoi inviter le public à visiter sa drôle de planète, le même que la nôtre, après la fin du monde.

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