Frelons asiatiques ou européens : connaissez-vous la différence entre ces deux insectes ?

En ce joli mois de mai comme à chaque printemps, les fondatrices de cette espèce d’hyménoptères ont déjà pondu. Nous croiserons bientôt les premières ouvrières. Apprendre à différencier le frelon européen du frelon asiatique est important car l’un a un rôle écologique, l’autre est un nuisible. Explications avec deux spécialistes.

Le phénomène est exponentiel. Le frelon asiatique est apparu pour la première fois en France en 2005 explique Frédéric Mora, entomologiste, directeur scientifique au Conservatoire Botanique de Franche-Comté. On le trouve partout en France aujourd'hui. En Bourgogne-Franche-Comté par exemple, le premier nid de frelons asiatiques a été découvert en 2017 à Mandeure dans le Doubs. En 2021, principalement autour de Besançon, une quinzaine de nids ont été éradiqués. Le frelon asiatique est une espèce invasive, agressive. Elle se nourrit essentiellement d’abeilles et de miel. Ce prédateur fait un vol stationnaire devant les ruches. Il peut détruire des ruchers entiers. Il met donc en danger la biodiversité entretenue par les abeilles.

Le frelon européen est lui peu agressif et assez discret, sa piqûre n’est pas plus dangereuse que celle d’une abeille. Il peut à l’occasion manger une abeille mais il s’alimente plutôt de papillons, de mouches, de pucerons, de criquets. Il est lui même mangé par l'oiseau, le guêpier. Il a donc sa place dans notre écosystème. En Allemagne, il est même protégé, précise l'entomologiste.

Visuellement, les deux frelons ne peuvent se confondre

Le frelon européen ressemble à une guêpe géante qui peut atteindre 35 mm. Ses pattes sont noires, son corps est jaune et noir.

Le frelon asiatique est plus petit. Ses pattes sont jaunes orangées. Son corps est plus noir que le frelon européen avec deux anneaux orangés à l’arrière de l’abdomen.

Le frelon européen est en constante régression. A l’inverse, le frelon asiatique est bien établi en France et en Belgique.

Des habitats qui se différencient

Matthieu Chenu gère la société « Action Guêpes » en Franche-Comté. Avec son équipe, ils interviennent pour détruire les nids d’hyménoptères dangereux. Il connaît parfaitement les habitudes des frelons. 

Le frelon européen niche dans de vieux arbres, des toitures. Son nid est peu visible. On parle d’habitat cavernicole. Le nid des frelons européens est ouvert à sa base, avec une forme en cloche.

Les frelons asiatiques font d'abord un premier nid dans des endroits très petits comme des cabanes à oiseaux, des cabanons de jardin. Ce nid a la taille d’une balle de golf. Lors du développement de la colonie, l’essaim est trop à l’étroit. En juin, la fondatrice du nid primaire migre alors dans un nid secondaire. Proche de 300 à 500 mètres du premier nid. On le trouve à 10, 20, 30 mètres dans les arbres. Il est aérien. Le développement de la colonie sera ensuite exponentiel. Les ouvrières prennent le relais pour élargir le nid secondaire.

Le nid est fermé avec une petite ouverture sur le côté pour les frelons asiatiques. 

Faut-il détruire tous les nids de frelons quel qu’il soit ?

Matthieu Chenu intervient régulièrement pour détruire des nids de frelons. Suivant la position du nid, il utilise une grande perche, un paintball et pense à une solution par drone à l’avenir.

Si on approche trop près du nid des frelons européens, il est possible qu’un frelon nous pique mais il est peu méfiant et c’est rare qu’il nous attaque. Au contraire le frelon asiatique se jette sur nous pour nous piquer à plusieurs reprises. C’est un vrai fléau.

Matthieu Chenu de la société Action Guêpes

D’autant que si on laisse en place un nid de frelons asiatiques, l’année suivante ce seront trois à quatre nids dans le même secteur qui verront le jour. Frédéric Mora du Conservatoire Botanique conseille de ne jamais agir seul en cas de découverte d’un nid de frelon asiatique. Il faut faire appel à des professionnels, dit-il ou contacter sa mairie qui sera mieux à même de vous réorienter vers l’organisme local de lutte. . Pour les frelons européens, le scientifique pense qu’il faut apprendre à vivre avec.

Avec un minimum de connaissance, en étant averti et conseillé, il est possible de cohabiter avec le frelon européen.

Frédéric Mora, entomologiste au Conservatoire Botanique

Par contre, si on est allergique, si des enfants vivent à proximité ou en cas de peur, il est préférable de détruire aussi le nid de frelon européen.

Matthieu Chenu est souvent appelé à l'automne. Quand les feuilles tombent, il est plus facile d’observer un nid de frelons asiatiques. Il conseille à ceux qui ont un jardin, de vérifier leur cabanon, de surveiller les cabanes à oiseaux, car c’est au printemps qu'il est judicieux de piéger les fondatrices. Avant qu’elle ne crée leur colonie.

Si, par malheur, vous vous trouvez nez à nez avec un frelon, Frédéric Mora promulgue ses conseils. 

En cas de repas en extérieur, couvrez les fruits et les aliments sucrés d’un torchon, bouchez les bouteilles et si un frelon s’est introduit dans votre habitat, c’est qu’il est attiré par la lumière. Éteignez votre lampe et ouvrez grand vos fenêtres, l’insecte devrait sortir de lui-même.      

Frédéric Mora, scientifique au Conservatoire Botanique

Pour en savoir plus sur le frelon asiatique et sa présence en France

Pour en savoir sur le frelon européen