Vous avez été piqué pendant une sortie nature ou au jardin ? Pas de panique ! Voici les conseils pour enlever les tiques et éviter de contracter la maladie de Lyme, une grave atteinte du système nerveux. En France, la Franche-Comté est une région à risques.
Annie Juillard-Dehos a mis du temps à sortir du cauchemar. Elle vit près de Montbéliard, dans le Doubs. C’est là, dans son jardin, qu’elle a contracté la maladie de Lyme, après une piqûre de tique, en 2011.
Cette maladie, elle n’en avait jamais entendu parler auparavant :
J’avais des douleurs à la nuque, je ne pouvais plus monter les escaliers, j’avais du mal à écrire.
Annie Juillard-Dehos, association France Lyme
Aujourd’hui, à 71 ans, Annie Juillard-Dehos est guérie : "La maladie a été détectée très vite, par un médecin qui connaissait les symptômes et les risques", explique-t-elle, "je connais des malades qui n’ont pas eu cette chance, et qui sont en fauteuil roulant."
Référente en Franche-Comté de l’association France Lyme, Annie est particulièrement critique vis-à-vis des autorités de santé : “On nie l’existence de cette maladie ! Il n’y a pas beaucoup de médecins en France qui osent soigner, qui sont formés. On nous dit que c’est dans nos têtes, que les résultats d’analyse sont négatifs".
Selon elle, le protocole de soins est insuffisant : à peine quelques jours de traitement par des antibiotiques. Quant au test sanguin, il ne serait pas fiable. Il serait aussi réalisé trop tôt, avant que l’organisme n’ait eu le temps de développer des anticorps.
30 000 personnes diagnostiquées chaque année
Les tiques sont des acariens. Elles se nourrissent du sang des animaux qu'elles piquent. Elles sont particulièrement répandues dans les régions forestières, comme la Franche-Comté. On les trouve aussi dans les jardins et les espaces verts, où elles ont été transportées par les animaux familiers, chiens et chats.
Selon les données de Santé Publique France, environ 30 000 personnes sont contaminées chaque année en France. Seule une petite minorité développe une forme grave de la maladie.
Fatigue chronique, lésions du rein, du foie, du cœur, paralysie des membres : ce sont les principaux symptômes de la maladie de Lyme, qui atteint le système nerveux.
Tiques : les bons conseils et les gestes à éviter
En guise de prévention, le principal conseil est de porter des vêtements couvrants, un chapeau ou une casquette, et des chaussures fermées. Une consigne qui fait sourire Annie Juillard-Dehos :
Je n’applique pas ces conseils, je marche pieds nus dans mon jardin, on n’est pas des cosmonautes !
Annie Juillard-Dehos
Selon elle, la seule prévention efficace est de s’inspecter tout le corps, le soir, après une sortie dans la nature. Et de recommencer le lendemain, pour trouver les tiques qui ont grossi pendant la nuit, gorgées de sang.
Comment enlever une tique ?
La technique pour extraire une tique incrustée dans la peau est précisée sur le site de l’association France Lyme :
- Extraire la tique en saisissant sa tête à l’aide d’un tire-tique, une pince spéciale, disponible en pharmacie ou sur des sites de vente en ligne
- Désinfecter la plaie, puis passer la pince à l’alcool avant de la ranger
- Se laver les mains
- Surveiller la plaie pendant plusieurs jours
- En cas d'apparition d'une plaque rouge, un érythème, consulter un médecin pour une prescription d'antibiotiques
Il ne faut surtout pas appliquer un produit (alcool, éther, huile) sur la tique pour tenter de l’asphyxier. Cette technique fait régurgiter le contenu de son estomac et augmente le risque d’infection.
L’association France Lyme conseille aussi de brûler la tique ou de l’envoyer à "Citique". Il s’agit d’un programme de recherche participative de l’INRA, l’institut national de la recherche agronomique :
Et mon chien, je le surveille aussi ?
"En ce moment, ma chienne ramène des tiques du jardin tous les jours", raconte Annie. Surveiller son animal familier est indispensable. Car les chiens sont susceptibles d’être atteints par la piroplasmose, une maladie mortelle si l’animal n’est pas traité.
Enfin, votre chien peut ramener des tiques à la maison, qui passeront de son pelage à votre peau.
Aujourd’hui guérie, Annie Julliard-Dehos continue de lutter à sa manière contre la maladie de Lyme : elle élève des tiques dans un bocal ! Ce n’est pas un loisir, mais une action de prévention. Elle participe à des opérations d’information. La prochaine aura lieu dans un magasin de sport et loisirs.
Elle veut ainsi aider les randonneurs et les amateurs d'activité de plein air à bien reconnaître la minuscule ennemie. Pour éviter de vivre à leur tour le cauchemar qui a été le sien pendant des années.