Des milliers de primo-vaccinations prévues en février seront reportées dans plusieurs centres de vaccination du Doubs en raison d'un retard dans les approvisionnements en vaccins Pfizer. A Maîche, Pontarlier et Besançon, en colère, les élus demandent à l'ARS une plus grande visibilité.
A Maîche, élus, habitants et personnels de santé fondaient de grands espoirs sur ce centre de vaccination. L'espoir d'un retour prochain à une vie normale... Les élus de la ville et de la communauté de communes ont travaillé main dans la main avec les soignants du secteur pour mettre sur rail en une semaine ce centre. Ouvert le 20 janvier au Pôle Famille, il est présenté comme "une prouesse humaine et logistique" saluée par l'Agence Régionale de Santé.
Après les espoirs, la désillusion
Aujourd'hui, une semaine après l'ouverture du centre, le compte n'y est pas. En raison de la pénurie de vaccins Pfizer BioNTech, le centre de vaccination doit déprogrammer les primo-vaccinations prévues en février pour garantir les secondes injections.
"La visibilité à plusieurs semaines n'est plus garantie, les promesses et les engagements ne sont pas tenus"
"Cette situation est inadmissible"
A Maîche, 400 rendez-vous doivent être annulés. La commune va devoir fermer son centre de vaccination du 1er au 15 février et ne rouvrira que pour les deuxièmes injections.
Pour le premier édile de Maîche, c'est un crève-coeur "Nous mobilisons un médecin retraité, des infirmières libérales depuis une semaine et du jour au lendemain il faut tout arrêter...C’est avant tout aux seniors dont les vaccinations étaient programmées dans les prochaines semaines que nous pensons" indique le premier édile de Maîche.
En attendant, il faudra rappeler un à un les séniors en attente de rendez-vous pour leur expliquer qu'ils devront s'armer de patience..
Les habitants se montrent pour l'heure compréhensifs mais l'élu fulmine : "cette tâche ingrate incombe au centre de vaccination alors qu’il ne peut strictement rien faire d’autre que subir cette situation est inadmissible"..
Passées la colère et la frustration, la commune où 60 personnes sont vaccinées chaque jour espère avoir davantage de visibilité à l'avenir quant aux livraisons de vaccins.
1700 personnes à rappeler dans le Haut-Doubs
Dans un communiqué, l'Agence régionale de Santé de Bourgogne-Franche-Comté et la préfecture du Doubs demandent à tous les centres de vaccination communaux dépendant du vaccin Pfizer BioNTech d'annuler certains rendez-vous pris en février pour n'assurer que les secondes injections. "Aucun rendez-vous ne sera annulé" précise-t-elle, "certains rendez-vous pris en février pour une première injection sont susceptibles d'être reportés de quelques jours ou semaines".
C'est le cas de Morteau et Pontarlier où le maire Patrick Genre confie être dans le flou le plus total : "on ne sait toujours pas de combien de doses nous disposeront dans les semaines à venir". La situation est délicate alors que 700 personnes ont rendez-vous pour des primo injections en février dans la capitale du Haut-Doubs.
"Nous allons prendre un retard d'un mois dans la campagne de vaccination, la population va en subir les conséquences c'est dramatique".
L'élu déplore le manque de transparence et de communication de l'Etat. "Le gouvernement doit présenter un état des lieux clair" assène-t-il. Dans le Haut-Doubs, 1700 personnes seraient concernées par ces reports de vaccin.
A Besançon la Polyclinique de Franche-Comté devra déprogrammer 800 vaccinations. La direction le concède, quelques personnes n’honorent pas leur rendez-vous car ils en ont pris à plusieurs endroits en même temps…. "Cela reste un phénomène plutôt marginal qui n’engendre pas de pertes de doses" précise-t-elle.
Des retards dans la livraison des vaccins Pfizer
La semaine dernière, l'Union Européenne apprenait que le laboratoire belge Pfizer ne serait pas en mesure de respecter pleinement les quantités de livraison promises aux pays membres. Des travaux visant à augmenter les capacités de production de l'usine du fabricant de vaccins expliquent ces retards durant les trois prochaines semaines.
Sénatrice du Jura (Union Centriste), Sylvie Vermeillet, est aussi rapporteure d'une commission d'enquête sur la gestion du Covid. Elle dénonce au micro de France Bleu Besançon "l'absence d'anticipation de la direction générale de la Santé". Si elle concède que l'état n'est pas responsable directement du retard dans les approvisionnements de doses Pfizer, elle estime que la direction générale de la Santé a été incapable d'organiser les choses pour "éviter la panique sur les territoires".
Elle recommande de retirer la gestion de la crise au ministère de la Santé pour la confier au ministère de l'Intérieur. "Les ARS ne sont pas faites pour gérer des crises, ce sont les préfets qui savent faire", lance-t-elle.
La Bourgogne-Franche-Comté est la région la plus vaccinée de France métropolitaine, avec 73 413 habitants vaccinés au 26 janvier, soit 2,61% de la population, contre une moyenne nationale de 1,63%.