Dans les montagnes du Jura, cet endroit n'avait jamais fait l'objet de fouilles archéologiques. Durant deux semaines, le laboratoire chrono-environnement de l'Université de Franche-Comté a sondé quelques points sur les crêtes du Haut-Doubs, bien connues des touristes.
Le sommet du Mont d’Or, sa vue sur le Mont-Blanc lorsque le ciel est dégagé, ses crêtes où résonne le bruit des clarines des alpages : un décor estival de montagne, où l’on ne s’attend pas à découvrir des archéologues, à quatre pattes, non loin des pistes de ski !
La mission du labo chrono-environnement a débuté le 23 août, elle s’achèvera le 3 septembre. Le long du sentier de randonnée qui mène vers le sommet du Morond, les voici installés au milieu des gentianes. Ils sont une dizaine, chercheurs, étudiants et bénévoles de l’association des amis de Pontarlier à fouiller minutieusement deux carrés de terre. Sous le regard curieux des randonneurs.
C’est la première fois qu’on fouille cet endroit, les reliefs du Jura sont peu exploités au point de vue archéologique
Valentin Chevassu, archélogue
“Ces fouilles sont là pour repérer des structures d’habitat qui seraient posées, ici sur la crête entre les sommets du Mont d’Or et du Morond. Nous avons repéré sur des relevés LIDAR (un avion scrute au laser les paysages), des petites terrasses, des vestiges sans doute assez ténus et discrets, d’époque indéterminée” explique Valentin Chevassu, archéologue du laboratoire chrono-environnement.
A la pelle, puis minutieusement, les hommes et femmes sondent le sol. Ici et là, quelques traces de charbons qui témoignent d’anciens feux.
L’argile sous l’effet de la chaleur a une couleur différente. “On s’attend à trouver ici des traces de structures de cabanes, en matériaux périssables, sans doute des négatifs de structures en bois, comme par exemple des trous de poteaux” ajoute Valentin Chevassu.
Les petits bouts de charbons retrouvés au fil des fouilles seront analysés via datation au carbone 14 pour savoir à quelle période ils remontent. Pour l’instant, les archéologues n’ont trouvé ni porcelaine, métaux ou objets qui donneraient un indice précis sur la période d’occupation.
Les montagnes du Jura, exploitées depuis longtemps par l’homme
A 1463 m d’altitude, le sommet du Mont d’Or a toujours attiré l’homme. “Ces montagnes du Jura qu’on pense avant tout hostiles et désertes avant les périodes récentes, elles sont en fait exploitées à toutes les époques, elles sont pleines de ressources qui ont pu attirer l’homme dès le néolithique" détaille l’archéologue.
Sous le relief, restent ici et là des traces d’anciennes cabanes d’estives, abri de berger ou bûcherons ou meules de charbonnier, qui sur les relevés LIDAR laissent de minuscules têtes d’épingles rondes. Ces meules seraient au nombre de 4000 dans le massif du Jura.
“On sait que les vallées de ce secteur sont cultivées, il y a eu des périodes de fortes occupations, d’autres de désertion en fonction des difficultés climatique ou économiques, mais on a eu vraiment ici des vallées cultivées, des montagnes exploitées pour le minerai de fer, pour les herbages, des ressources qui ont de la valeur” argumente Valentin Chevassu.
Après leurs fouilles, les archéologues remettront le terrain en état, sans laisser traces de leurs passage. Les relevés des études seront réalisés cet automne, les datations au carbone 14 vont prendre entre un et trois mois.
“Au maximum, on pourrait remonter grâce à ces fouilles au néolithique, ce serait assez ambitieux. Cela peut être une structure médiévale, une structure du 17e siècle, pour l’instant on n’en sait rien” conclut l'archéologue dont l'équipe a eu par chance deux semaines de temps sec pour conduire ces fouilles.