Réserve naturelle des tourbières de Frasne : l’étudier, pour protéger le climat
Pauline Sauthier (Photo de Une : Daniel Gilbert) - Publié le , mis à jour le
Depuis 10 ans, des scientifiques de l’Université de Franche-Comté ont posé leur station d’étude dans la réserve naturelle des tourbières de Frasne (Doubs). Une réserve de CO2 qui peut être une chance, comme une menace pour l’environnement.
« Avant, les mousses étaient craquantes, complètement desséchées », se rappelle Geneviève Magnon, chargée de mission au syndicat mixte des milieux aquatiques du Haut-Doubs.
Rares sont ceux qui sont autorisés à circuler dans la zone protégée de la tourbière. Le sol est gorgé d'eau, les bottes sont de rigueur.
De l'eau pour la tourbière
Avant, c’était il n’y a pas si longtemps : quand en 2016 le projet Life tourbières du Jura a permis de réhabiliter la zone, en la réapprovisionnant en eau.Geneviève Magnon, chargée de mission au syndicat mixte des milieux aquatiques du Haut-Doubs.

Une réserve de CO2
« A l’échelle du monde, les tourbières ne représentent que 3% de la surface des terres émergées. Pourtant c’est un tiers de tout le carbone [CO2, ndlr] qu’on trouve dans le sol », précise Daniel Gilbert, professeur au Labo Chrono Environnement de l'Université de Franche-Comté. « Si toutes les tourbières du monde disparaissaient, on aurait quasiment un doublement de la quantité de CO2 dans l’atmosphère donc un réchauffement qui serait très important. Évidemment c’est très hypothétique ».
Mais le drainage des sols commencé dès le 19e siècle pour l’agriculture et l’urbanisme a déjà largement réduit les espaces de tourbières. Le réchauffement climatique les menace à son tour : quand une tourbière s’assèche, elle renvoie du CO2 dans l’atmosphère, dans un cycle vicieux pour l’environnement.
10 ans de recherche, c’est trop peu pour faire des conclusions sur le réchauffement de la zone mais les données collectées par les scientifiques rejoignent les tendances de Météo France : la température a augmenté de 1,31°C en moyenne sur la période.


Arbres morts
Avec ses grands arbres morts, ses eaux noirâtres et troubles, recouvertes d’un film épais, la tourbière de Frasne ne ressemble pas à un espace naturel en bonne santé. Pas, en tout cas, tel qu’on l'imagine.
Il faut se pencher très près du sol, pour y découvrir des mousses aux tons tantôt pourpres, tantôt rosés et qui parfois, préfèrent utiliser toutes les palettes du vert. « Sphaigne », c’est le nom des principales mousses qui conservent l’humidité du sol et le C02.

Quant aux arbres morts, ils sont la preuve que la tourbière reprend ses droits : inadaptés, ils disparaissent au profit de la vie qui se développe au raz de la terre. L’eau noire et stagnante ? Une réserve de bactéries utiles à. Les libellules ne s’y trompent pas, elles qui ont trouvé ce refuge pour pondre.
Des espèces réapparaissent dans la tourbière
Interview : Geneviève Magnon, chargée de mission au syndicat mixte des milieux aquatiques du Haut-Doubs.

L'étude des tourbières
Pour les scientifiques, la connaissance des tourbières est en enjeu de taille : contrairement aux forêts, aux prairies ou aux autres milieux naturels, elles présentent toutes les mêmes caractéristiques à travers le monde.Une conférence sur le sujet se tiendra le 16 octobre à 20 heures au petit Kursaal, à Besançon.