Ce sont des cauchemars éveillés que de plus en plus de petites entreprises sont en train de vivre. Avec l'automne viennent les dernières échéances des contrats d'énergie. Et le coup de massue qui s'en suit.
À Belleherbe, Philippe Vuillin et Frédéric Saintvoirin, les deux chefs des Salaisons, ont les jambes sciées et le moral au plus bas depuis que leur fournisseur d'énergie, Engie, leur a présenté le tarif de leur nouveau contrat annuel d'électricité, l'ancien se terminant au 31 octobre.
125 000 euros, contre 30 000 euros pour l'année précédente. Tout juste intenable selon les salaisonniers.
Depuis 1993 ces fabricants de saucisses de Morteau IGP et Montbéliard IGP ainsi que de fumés du Haut-Doubs ont fait de leur petite entreprise une marque reconnue pour son savoir-faire en matière de salaisons.
Une PME de 18 salariés qui réalise sur une année un bénéfice net de 30 000 euros. Impossible de tenir avec 90 000 € de factures d'électricité à payer en plus.
Alors ils ont prospecté de leur côté. Ce vendredi, au téléphone, un autre prestataire d'énergie leur propose un contrat de 67 000€, sans dépôt de garantie (estimé à 13000 €). C'est une bonne nouvelle, comparé aux 125 000 € du contrat d'Engie. Mais cela reste deux fois plus cher qu'avant.
Pour nous ça va être très compliqué, puisqu'on va être obligé de prendre dans notre trésorerie, d'augmenter nos tarifs. Mais en même temps, les prix, on ne peut pas les augmenter in fine, puisqu'après ce sont nos clients qui vont en pâtir.
Philippe Vuillin, chef d'entreprise
Comment faire autrement ? Impossible de se priver de chaudières de cuisson ou évidement de chambres froides. L'entreprise du Haut Doubs ne rentre pas dans le cadre du bouclier tarifaire. Alors il va falloir faire attention. Comme pour la cuisson du jambon blanc.
Frédéric Saintvoirin explique que ce sera désormais de 17h à 07h du matin, pour profiter des heures creuses.
On a beau avoir trouvé un nouveau contrat, il va falloir faire attention. Il ne faudra pas qu'on dépense plus que ces 67 000 euros. Il faudra être très vigilant entre les heures creuses et les heures pleines, surtout en hiver !
Frédéric Saintvoirin, chef d'entreprise
Pour la PME du Haut-Doubs, les prochains mois seront forcément compliqués. Surtout pour des producteurs de produits qualitatifs, au prix devant être le plus juste possible.