Météo France ne prévoit pas de pluie en ce début du mois de novembre. Les quatre départements de la région sont déclarés « en crise » par les préfectures. Des restrictions d’eau ont été décidées mais les particuliers ne semblent pas avoir pour autant changer leurs habitudes.
Sur son site, le Grand Pontarlier l’écrit en lettres rouges, le non-respect des mesures indiquées par les arrêtés préfectoraux, sont « passibles d'une contravention de 5e classe d’un montant pouvant atteindre 1 500 euros (montant doublé en cas de récidive) ». Un quart de la ressource en eau de Pontarlier est pompé dans le lac Saint Point. Bientôt, l'un des deux puits de la nappe de l'Arlier devraient être en limite de "désamorçage". Selon les services techniques, si des efforts étaient réalisés, cela permettrait une "gestion plus souple". Mais, pour l'instant, la consommation ne baisse pas. Elle est, en moyenne de 4200 m3 par jour.
Et pourtant, si chacun d’entre nous faisait un effort, la consommation d’eau en milieu urbain pourrait chuter d’environ 20 à 30% d’après les services techniques de la ville de Besançon . Cela ne demande pas beaucoup de temps.
Sur Facebook, des internautes nous ont précisé comment ils agissaient au quotidien :
Dans la capitale du Haut-Doubs, 80% de l’eau prélevée est utilisée pour des usages domestiques. Les 20% restant sont destinés aux professionnels. Cette répartition est à peu près similaire dans les autres agglomérations.
Si la ville de Besançon est parvenue à diminuer ses prélèvements d’eau dans le milieu naturel, c’est essentiellement grâce aux industriels. « Depuis la pointe de consommation des années 80, on a réduit de 25% la distribution d’eau potable, explique Régis Démoly, directeur du service Eau et Assainissement de la ville de Besançon ». Les industriels ont changé leurs pratiques et les progrès des appareils électroménagers ont permis d’économiser l’eau.
Mais pourquoi faut-il faire attention ? C’est une question de santé des cours d’eau, cette « ressource » qui n’est pas inépuisable. Et, dans notre région karstique qui rend les rivières si fragiles, cette question est cruciale.
Pour alimenter l’eau du robinet des Bisontins, 22 700 m3 d’eau sont prélevés chaque jour dans quatre sources d’approvisionnement. En cette période de raréfaction, les pompages dans la Loue sont limités et représentent seulement 11% de la production totale.
L'exemple du Doubs est particulièrement éclairant pour comprendre l'importance de ces mesures de restrictions. Dans le nord de la Franche-Comté, 200 000 personnes dépendent de la station d'eau potable de Mathay. Il s'agit des habitants des 29 communes "historiques" de la communauté de communes PMA et des habitants du Grand Belfort lorsque qu'il n'y a plus assez de ressources dans le Territoire-de-Belfort. Pour satisfaire les besoins, entre 29 et 32 000m3 sont prélevés chaque jour dans la rivière Doubs. Et, pour bien saisir l'enjeu, il faut raisonner en débit.
En temps normal, le débit du Doubs au mois d'octobre, précise Cyril Vurpillot, Ingénieur Eau et assainissement de la Pays de Montbéliard Agglomération, est de 41 m3 par seconde. Ces derniers jours, le débit du Doubs était seulement compris entre 3,5 et 4 m3 par seconde.. C'est en dessous du débit réservé du Doubs fixé par les services de l'Etat : 5,3 m3 par seconde. Ce débit réservé est un "seuil qui permet d'assurer un fonctionnement minimal des écosystèmes aquatiques". En dessous, cela devient critique pour le milieu. En ce moment, seulement 10 à 15 % du débit du Doubs est prélevé au captage de Mathay ( 0,4 à 0,5 m3/s)
Ne pas faire des économies d'eau au quotidien, c'est un peu comme scier la branche sur laquelle nous sommes assis ... C'est fragiliser notre ressource et, dans certains cas déjà, dépenser plus d'argent. Dans le Haut-Doubs et en Haute-Saône, des communes sont alimentées par camion citerne. C'est bien connu, ce qui est rare est cher.
"Nous devons aller plus loin ! avance Christophe Lime, l'adjoint au maire de la ville de Besançon chargé de l'eau et de l'assainissement. Il faudrait associer beaucoup plus la population, y compris quand cela va bien. C'est un dossier à long terme". L'élu a même demandé à Christine Bouquin, présidente du conseil départemental du Doubs, de réunir tous les acteurs de ce secteur pour améliorer la préservation de cette matière première si précieuse.