Témoignage. Une jeune infirmière en reconversion part à la rencontre de bergères pour découvrir leur vie en haute montagne

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Kelly Cretin effectue sa première transhumance aux côtés de Claudine Matey, bergère.
Kelly Cretin effectue sa première transhumance aux côtés de Claudine Matey, bergère. ©France Télévisions et Vie des Hauts Production
Publié le Écrit par Morgane Hecky
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Kelly Cretin est infirmière, mais aspire à plus de liberté. Son besoin de nature la pousse à découvrir la vie en alpage auprès de nombreuses bergères du Haut-Doubs. Entre transmission et passion, la jeune femme découvre leur métier et leur mode de vie.

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Kelly est une infirmière passionnée par son métier, originaire d’un petit village du Doubs. Le bien connu Mouthe, pour ses températures sibériennes et plus récemment sa série Polar Park. Dans les blocs opératoires, la jeune femme de 27 ans est dans son élément, mais ressent un manque. En contraste avec son amour pour la nature, la randonnée et les grands espaces, elle se sent de plus en plus enfermée dans son quotidien.

Dans sa famille, la paysannerie a sa place dans l'arbre généalogique grâce à la ferme de ses grands-parents, dont l'héritage a été perpétué par ses oncles et tantes, ainsi que ses cousins. Mais ce n'est pas sa voie. Lorsqu'elle présente son projet à son autre grand-mère, celle-ci lui apprend qu'elle n'est pas la première. Son arrière-grand-père a été berger toute sa vie. Une révélation pour la jeune femme, qui découvre que cet attrait est finalement ancré en elle. 

Je n’avais plus assez de temps à consacrer à la nature, et ça a commencé à me peser. J’ai cherché dans quoi me reconvertir. J’étais un peu tiraillée parce que j’adorais mon métier, mais ça ne me convenait pas pleinement. Je savais que j’aimerais découvrir ce qu’est un berger, une bergère.

Kelly Cretin

Elle se questionne sur le métier de bergère, et pour se confronter à la réalité, saute le pas. Kelly part dans les alpages, à la rencontre de Claudine, Fleur, Claire, Babeth, Rachel et Pascale. Ce qui rassemble ces femmes, au-delà d’être bergère ou bergère en devenir, c’est la liberté. En haute montagne, elles profitent d’une vie apaisée, loin du tourbillon du monde urbain, dans un environnement simple. Chacune entretient un lien particulier avec le troupeau sur lequel elle veille, entre respect et affection pour les génisses. De la Franche-Comté aux versants de la Suisse, les bergères que Kelly rencontre lui transmettent les gestes, l’expérience et l’évolution du métier.

Claudine Matey, la flamme de la transmission

Kelly accompagne Claudine pour mener les vaches à l'alpage au début de l'été. Cette transhumance, c’est un rêve qui devient réalité pour la jeune femme. Un moment hautement symbolique et fort en émotion, car il s’agit d’une première pour Kelly, et de la dernière de la doyenne des bergères qu'elle rencontre. Ensemble, elles travaillent pendant la saison estivale avec ce même troupeau, et se lient d'amitié. Claudine s'était lancée seule dans sa jeunesse, emplie d'énergie. Au fil des décennies, elle décide de s'entourer de stagiaires, portés par l'envie d'apprendre comme Kelly.

Claudine a une soif de transmission pour ce métier qui est plus qu'une passion, mais un mode de vie. À force de pratique, elle a tout appris à la jeune infirmière, qui, après des mois à l'observer et l'aider, sait exactement comment réagir quand les génisses arrivent dans l'écurie, et explique : "Avec Kelly on trouve qu’on ne peut pas avoir de meilleure équipe pour rentrer les bêtes, en rapidité et en calme. On a vraiment la façon de faire optimale." Au milieu des alpages, une belle histoire d'amitié intergénérationnelle se noue, au rythme des besoins des bêtes et de la douceur des gestes de celles qui les accompagnent. 

Fleur Joly, la stagiaire passionnée

Fleur participe à la vie de l'alpage depuis des années aux côtés de Claudine, également stagiaire auprès de son amie. La bergère en devenir est formée en petite paysannerie. Elle passe plusieurs années dans l'industrie textile et en grande distribution, dans le prêt-à-porter, avant de se questionner. Tout comme Kelly, l'attrait d'un mode de vie plus en adéquation avec ses valeurs la pousse vers la montagne : "Je me suis demandé ce que ça faisait d’aller vers une autre vie, et de découvrir les métiers de la terre." La rencontre avec Claudine Matey s'opère grâce aux moutons, et la bergère lui apprend à filer la laine. Depuis, chaque année, Fleur vient l'aider à guider les bêtes, et à leur apporter la sécurité et le soin dont elles ont besoin.

J’ai fait la rencontre de beaucoup de femmes ici, de tout âge, de toute génération, avec chacune un parcours, chacune une raison d’être ici, qu’elles soient stagiaires, copines ou bergères. Un univers où les femmes ont une place. Elles ont à la fois beaucoup de caractère et l’avantage dans ce métier d’apporter un peu de douceur.

Fleur Joly

Claire Guyon, la bergère ostéopathe aux petits soins pour ses bêtes

Claire est bergère à l'alpage de la Boivine sur la commune de Rochejean dans le Haut-Doubs, et exerce depuis dix ans. Initialement salariée, elle décide de vivre pleinement sa passion pour le fromage : "J’ai été contraint de plaisir de devoir m’installer en agricole pour réaliser mon rêve de toujours. Vivre là-haut, fromager le lait de mes vaches, vendre ce produit que je fais quotidiennement avec amour." Son fils Jean a 5 ans et vit auprès de ses sept vaches. La bergère monte en alpage avec des génisses qu’elle connait, des veaux qu’elle fait naitre, et cela crée des liens. Elle est également ostéopathe animalier. Claire Guyon s'attache à rendre la traite agréable pour les vaches. Ainsi ce moment est souvent accompagné de "câlins et de gratouilles" pour Edelweiss, Mélisse, Mimosa et le reste du troupeau.

Une relation privilégiée avec les animaux et la nature, c'est exactement ce que Kelly est venue chercher. Claire le rappel : "On oublie souvent que pour faire un bon fromage, il faut une bonne herbe. Moi, je pars de l’herbe, je n’apporte aucune céréale à mes vaches, de cette herbe mes vaches me fabriquent un magnifique lait, et après à moi toute la responsabilité de développer cette deuxième matière première qui est le lait en fromage." Ce mode de vie reste saisonnier pour Kelly, plus séduite par l'idée de naviguer entre deux vies. L'une plus en lien avec la société et son métier d’infirmière, et l’été arrivé la liberté d'être en haute montagne avec les animaux. Mais elle ne souhaite pas imposer son mode de vie à son compagnon : l'alpage, c'est sa passion.

Pascale Boissenin, la liberté au quotidien

Le plaisir de Pascale est de laisser une totale liberté à ses génisses, qui passent déjà beaucoup de temps dans les étables en hiver. Elle présente à Kelly sa "super colonie de vacances pour vaches", qui profitent des forêts du Haut-Doubs. Son troupeau se repère au son des clochettes dans ces grands espaces. Tous les matins, la bergère vient à pied depuis l’alpage, et commence sa journée par une belle promenade. Dans son petit carnet, elle note les numéros ainsi que les prénoms des bêtes au fur et à mesure de ses rencontres pour vérifier la présence des 46 vaches.

Dans les alpages depuis 36 ans, cette bordelaise aurait pu ne jamais arriver dans les montagnes de Franche-Comté. En voyage en Thaïlande, elle rencontre des bergers suisses, qui par leur passion lui transmettent l'envie de découvrir le métier. Pascale cherche dans les journaux, et auprès de tous ceux qui peuvent l'aider à trouver un alpage, et fini par s'installer côté français, mais à la frontière avec la Suisse.

Les bergères que Kelly rencontre sont nombreuses. Chacune apporte des réponses à ses questions, dont la plus considérable est "Comment font-elles pour vivre seules et isolées ?". Au contact de cette communauté de femmes déterminées et passionnées, elle découvre les pratiques de chacune, et les liens d'entraide qui se sont tissés entre elles. Mais est-ce que Kelly serait capable de vivre toute seule au fond des bois et de s’isoler le temps de l'été ?

Kelly et les bergères, un film de Nicolas Ribowski
Une coproduction France Télévisions et Vie des Hauts Production
Diffusion jeudi 22 février vers à 22h50
⇒ Disponible dès à présent sur France.tv

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