VIDÉO. Comment les loups et l'élevage cohabitent dans les Abruzzes italiennes

Comment le parc National des Abruzzes, situé en plein coeur de l'Italie, gère la cohabitation entre l'élevage et les loups ? Nous nous sommes rendus sur place pour découvrir une autre manière d'appréhender la cohabitation avec le prédateur, fierté locale. Reportage.

Depuis plus de 50 ans, les loups des Apennins et le pastoralisme cohabitent dans le parc National des Abruzzes, au sud de l'Italie. Ici, le grand canidé n'a jamais été éradiqué par l'homme, contrairement à la France, où l'espèce avait disparu dans les années 1930 après avoir été violemment traqué. Dans ce parc naturel extrêmement bien préservé se trouvent également une quarantaine d'ours brun Marsico, des chamois des Abruzzes, des cerfs ou encore des aigles royaux. L'image du loup est omniprésente dans les Abruzzes. Il n'est pas un ennemi, mais une mascotte ; un animal qui permet de faire tourner l'économie, comme l'ours. 

Nos journalistes Emmanuel Rivallain et Jean-Stéphane Maurice se sont rendus sur place pour comprendre les spécificités italiennes et les méthodes de gestion de ce parc, qui profite largement de la présence de ces animaux sauvages pour valoriser le tourisme vert. Pendant ce temps-là, de l'autre côté de la frontière, les débats houleux et les oppositions entre associations animalistes et éleveurs continuent au sujet du retour du loup dans les massifs français, et notamment le massif du Jura.

"La coexistence est notre but"

Dans les Abruzzes, la grande majorité des agriculteurs ont appris à vivre et à travailler à côté du grand prédateur. Il est strictement interdit de lui tirer dessus, même après une attaque sur un troupeau. Il est d'ailleurs interdit de tirer sur n'importe quel animal, comme nous l'a expliqué Marta Gagliardi, l'une des 35 gardes du parc national des Abruzzes. "C'est complètement interdit de tirer sur les animaux dans le parc. La coexistence est notre but", dit-elle. Plusieurs fois par mois les gardes font le point sur la centaine de loups et la cinquantaine d’ours présents dans le parc.

Pour rappel, en France, le récent plan loup dévoilé lundi 18 septembre prévoit un renforcement des prélèvements, notamment en début de saison, de façon à limiter les attaques durant la période d’estive (connaître les détails du plan loup 2024-2029). 

"Le loup fait partie de notre culture, on ne le chasse pas ou alors, il faudrait chasser l’ours, les cerfs, les renards et sans doute pas mal d’êtres humains", ironise Alessandro Tamburo, l'un des éleveurs que nous avons rencontrés en Italie. Évidemment, tous les agriculteurs ne tiennent pas le même discours. Récemment, une ourse a été tuée d'un coup de fusil. Depuis, le chasseur ne sort plus de chez lui. 

"Pas eu d'attaques depuis deux ans"

La majorité des éleveurs respecte les consignes. Beaucoup ont mis des moyens de protection en place et disposent de plusieurs chiens de protection, équipés par exemple d'un collier en acier pour éviter les morsures de loups. "Mes chiens me coutent 2 euros par jour chacun, mais quand on sait que je n'ai pas eu d'attaques depuis deux ans, cela est rentable", nous explique quant à lui Pietro Romano, éleveur de chèvres.

Lorsqu'un loup s'attaque à un élevage et tue une bête, le parc des Abruzzes assure une indemnisation pour le préjudice. C'est également le cas en France. Par exemple, la prédation d'un bovin ou d'un cheval entraîne une indemnité pouvant aller jusqu'à 1200 euros pour l'éleveur italien, percevable dans un délai maximum de 90 jours. Le loup ne fait pas que vider le porte-monnaie des Abruzzes, car il attire aussi des touristes, nourris par l'espoir d'apercevoir les loups, mais aussi les ours. Plus d'un million de personnes se rendent dans ce secteur chaque année. 

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