Denis Doublet, vice-président et coordinateur loup pour l'association FERUS et membre du groupe national loup (GNL), a réagi pour France 3 Franche-Comté au nouveau plan loup, dévoilé ce 18 septembre 2023.
"C’est très décevant et je suis relativement en colère". Denis Doublet, vice-président et coordinateur loup pour l'association FERUS et membre du groupe national loup (GNL) depuis deux ans, ne cache pas ses émotions ce lundi 18 septembre 2023. Joint par nos soins quelques heures après l'annonce officielle du nouveau plan loup pour les années 2024-2029 (les découvrir ici), il dénonce un "flou" généralisé quant aux mesures annoncées ainsi qu'"un manque de respect" de la part des services de l'État.
"On a attendu des arbitrages de l’État et ils sont arrivés par point presse à Paris, mais les membres du GNL n'étaient absolument pas au courant, s'insurge-t-il. Concernant les mesures avancées par le nouveau plan loup, le vice-président de FERUS, dénonce tout d'abord le premier volet qui pose la question du "changement de statut du loup". "C’est inadmissible, ce n'est pas concevable. J’ai travaillé longuement sur les plans nationaux dans ma carrière et je n’ai jamais vu ça. Tout peut changer d'accord, mais alors là il faut modifier les termes du plan d’action. Je rappelle qu'il est censé être en faveur de la conservation d’une espèce. On a qu'à l'appeler 'Plan national pastoralisme'", explique Denis Doublet, tout en dénonçant un texte globalement "flou".
"Non, je ne peux pas cautionner ça'"
Concernant la simplification des tirs sur le loup, le représentant de FERUS dénonce le risque de "tirs à outrance. Cela va à l'encontre de la préservation de l'espèce". Selon lui, "les bienfaits du pastoralisme et de l'élevage sont largement vantés dans le document". "Oui, bien sûr, c'est utile, c'est ce qui nous nourrit évidemment, mais on sait qu'il y a aussi des problèmes".
"Le loup est toujours présenté de manière négative", dénonce-t-il, rappelant qu'aucune étude ne corrobore la croyance de certains éleveurs et chasseurs, selon laquelle le loup aurait un impact négatif sur la biodiversité. Il dénonce un manque de travail de fonds sur les questions de la cohabitation loup-élevage et une non prise en compte des préconisations faites par les associations de protection de l'environnement. Il rappelle que FERUS est depuis 20 ans auprès des éleveurs pour aider à la protection de leurs troupeaux.
Le seul point salué par l'association est sans aucun doute celui qui prévoit une amplification de la recherche sur les moyens de protection des troupeaux. "Ça, c'est positif, oui. Mais, j’ai vu que c’était aussi indiqué dans le dernier plan. L’avancée majeure, c'est d’avoir à priori une garantie de financement". Et de conclure, amer : "On ne peut pas nous mettre dans le panier des extrémistes qui ne veulent rien entendre. Ce n’est pas vrai. J’ai une certaine éthique, et parfois, on se dit 'Non, je ne peux pas cautionner ça'"'.
Les agriculteurs mécontents eux aussi
Finalement, FERUS et ses partenaires associatifs dont WWF, la Ligue de protection des oiseaux ou encore France Nature Environnement ont décidé de se retirer du groupe national loup, présidé par le ministère de l'Écologie et en collaboration avec le ministère de l'Agriculture.
De son côté, la FNSEA, principal syndicat agricole, n'a pas non plus caché son mécontentement à la lecture du plan loup et parle d'une "copie à retravailler de fond en comble". "Seule la possibilité de faire évoluer la méthode du comptage des loups demandée depuis de longs mois par la profession agricole semble ouverte mais pas acquise", analyse le syndicat dans un communiqué, tout en invitant "le gouvernement français à faire preuve de courage".
C'est sans aucun doute la première fois que les deux parties engagées dans ce débat particulièrement sensible tombent d'accord.