Ce lundi 18 septembre, le gouvernement a enfin dévoilé son plan d’action 2024-2029 sur le loup. Un plan jugé "inacceptable" par les défenseurs du prédateur, mais aussi vivement critiqué par les éleveurs.
17h30. Le son des clarines des vaches montbéliardes résonne près de sa ferme. Pierre-Henri Pagnier, agriculteur à Chaux Neuve dans le Doubs rentre ses bêtes pour la traite. Il n’a pas encore pris connaissance du plan loup en détail, mais il sait déjà qu’une partie du combat est perdu. “Concrètement, j’attendais que les tirs de défense soient plus territorialisés. Aujourd’hui, si le loup vient attaquer le troupeau de mes voisins, les louvetiers ne peuvent pas tirer sur mon exploitation. Le loup garde le pouvoir d’attaquer, où il y veut” estime l’éleveur qui a été victime de prédation au cours de l’été 2022. Il attendait un signal plus fort pour l'élevage du massif du Jura où les troupeaux sont dispersés en zone de montagne.
Que contient le plan loup ?
Le plan national d’action (PNA), très technique et dont certains éléments restent à finaliser, prévoit notamment un volet de prévention et de gestion des attaques avec un accompagnement amélioré des éleveurs. La possibilité leur est désormais donnée d'utiliser du matériel de vision nocturne pour repérer l'animal sans avoir à l'"éclairer", comme cela était requis jusqu'ici.
Il prévoit en outre une refonte de l'actuel système de "comptage" du loup -en réalité une estimation établie par l'Office français de la biodiversité (OFB) à partir d'indices (traces, hurlements, analyses génétiques, etc.)-, jugé "très performant mais difficile à comprendre".
Un nouveau système devra être élaboré avec pour objectif de ne publier "qu'un seul chiffre par an", contre deux actuellement. Un travail est également en cours sur le statut des chiens de protection postés dans les alpages.
Le loup n’est plus en danger rappelent les agriculteurs
Pour Pierre-Henri Pagnier, le dossier loup avance à trop petits pas. Trois meutes sont officiellement établies sur le massif montagneux du Jura. Le syndicat FNSEA estime qu’il y a trop de loups en France. 1104 selon le dernier décompte de l’Office français de la biodiversité (OFB) contre 906 l’an dernier. “On est au-delà des 500 loups nécessaires à la survie de l’espèce en France” argumente l’éleveur. Selon l’agriculteur, il faut apprendre au loup à ne pas attaquer les troupeaux de bovins. 7 attaques ont eu lieu depuis le début de l’été 2023 dans le val de Mouthe. “Je me refuse à l’idée de me dire que tous les ans, on va perdre des bovins” ajoute-t-il. L’agriculteur teste des colliers anti-loups et des caméras ont été installés sur son exploitation, par l’agence régionale de la biodiversité. Ses vaches ont pu passer tout l'été dehors, y compris la nuit.
“On reste mitigés sur les effets d’annonces”
Après l’annonce du plan loup, Florent Dornier, président de la FDSEA du Doubs attend de voir comment vont se concrétiser, dans les prochains mois, les mesures annoncées. “On est mitigés sur ces premières annonces. “On voulait un plan loup qui défende l’élevage. Ce n’est pas tout à fait le cas. On voulait que la non protégeabilité des troupeaux (de bovins, ndlr) soit inscrite dans les textes. Aujourd’hui, ça ne transpire pas dans les documents” confie le syndicaliste agricole au micro de notre journaliste Marine Candel. Il note tout de même quelques avancées sur le nombre de louvetiers qui pourront intervenir après une attaque.
Le plan, qui doit entrer en vigueur le 1er janvier, "entérine le statu quo et la détresse des éleveur·euses pour les 5 prochaines années", s'insurge quant à elle la Confédération paysanne, pour qui le "décalage est béant entre ces annonces et les attentes et besoins des éleveurs face à la prédation".
La colère des associations environnementales
Le plan loup se traduit par un long document de 100 pages que les agriculteurs et les associations environnementales vont décortiquer. Ferus, dénonce un plan loup où règne un "flou" généralisé quant aux mesures annoncées ainsi qu'"un manque de respect" de la part des services de l'État. (Lire notre article)
Pour les six associations de défense de l'environnement -France Nature Environnement (FNE), Ferus, Humanité et diversité, la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), l'Association de protection des animaux sauvages (Aspas) et le Fonds mondial pour la nature (WWF)-, le plan est tout bonnement "inacceptable". Elles ont demandé leur retrait définitif du Groupe national loup.