"Certains prenaient ces médicaments comme si c'étaient des bonbons" : pourquoi les anti-rhume Actifed, Dolirhume, Humex... sont désormais interdits à la vente libre

À compter de ce mercredi 11 décembre, les autorités sanitaires françaises suppriment à la vente libre huit médicaments à base de pseudoéphédrine qui soulagent les symptômes du rhume. Elles estiment que le risque de décès, même faible, était inacceptable au vu du caractère bénin de la maladie traitée, un simple rhume.

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Considérés comme dangereux. Voilà la raison qui a poussé l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) à interdire, à la vente libre, huit anti-rhume bien connus des Français. 

"Au regard, d'une part, des très nombreuses contre-indications, précautions d'emploi et des effets indésirables connus de la pseudoéphédrine, et d'autre part, du caractère bénin du rhume", l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) considère que "la possibilité d'obtenir ces médicaments sans avis médical fait courir un risque trop important aux patients", selon une décision dévoilée lundi 8 décembre. 

C'est une excellente chose parce que beaucoup de patients prenaient ces médicaments comme si c'étaient des bonbons. Ils prennent des risques importants d'AVC alors qu'ils n'ont qu'un simple rhume.

Benoît Coulom, médecin généraliste

Le Dr Benoît Coulom déconseillait déjà à ses patients de prendre ces anti-rhume. "Je sais très bien que certains patients vont mettre la pression pour les obtenir, mais on leur dira non et on expliquera pourquoi".

Quels sont les 8 médicaments concernés ?

Sont concernés Actifed Rhume, Actifed Rhume jour et nuit, Dolirhume Paracétamol et Pseudoéphédrine, Dolirhumepro Paracétamol Pseudoéphédrine et Doxylamine, Humex Rhume, Nurofen Rhume, Rhinadvil Rhume, Ibuprofène-Pseudoéphédrine, Rhinadvilcaps Rhume Ibuprofène-Pseudoéphédrine.  

Ces médicaments ont tous en commun de contenir la molécule pseudoéphédrine. La pseudoéphédrine est un vasoconstricteur, c'est-à-dire une substance réduisant le diamètre des vaisseaux sanguins employée pour déboucher le nez. 

Des risques graves d’AVC et d'infarctus

Disponibles sans ordonnance sous forme de comprimés, ces traitements, également vendus par spray nasal sur prescription, visent à décongestionner et désencombrer le nez.

Mais ils font l'objet depuis plusieurs années de nombreuses critiques, à commencer par l'ANSM elle-même, car ils peuvent provoquer de graves effets secondaires comme des AVC, accidents vasculaires cérébraux, et des infarctus. Dorénavant, seuls les généralistes pourront vous prescrire ces médicaments sur ordonnance. 

Nous demandons aux médecins prescripteurs de bien évaluer la balance bénéfice/risque pour chaque patient avant de lui prescrire un de ces médicaments.

Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM)

Largement considérés comme dangereux depuis des années, les principaux traitements anti-rhume étaient toujours en vente libre. À l'approche de l'hiver, les autorités sanitaires françaises mettent donc fin à ce paradoxe.

Pourquoi ne pas avoir interdit plus tôt ces médicaments ?

Cette décision va dans le sens des principales sociétés savantes françaises comme les ORL et les médecins généralistes, mais elle froisse les pharmaciens, dont nombre de représentants estiment qu'une telle restriction réduit injustement l'éventail de médicaments à proposer à leurs clients enrhumés.

Ça va devenir compliqué pour nous de répondre aux problèmes des patients. Les gens n'auront plus de médecin et nous, on ne pourra plus rien conseiller

Béatrice Clairaz-Mahiou, coprésidente de la Société francophone des sciences pharmaceutiques officinales (SFSPO) 

Les autorités sanitaires françaises expliquaient régulièrement avoir les mains liées par la réglementation européenne qui soumet le retrait d'une autorisation à l'avis de l'Agence européenne du médicament (EMA).

Or, celle-ci avait estimé l'an dernier que les traitements anti-rhume concernés ne présentaient pas de risques suffisants pour les interdire, même si elle a imposé de nouvelles contre-indications. Cet avis s'explique par le fait que les effets secondaires graves restent très rares. Ils sont quelques-uns à être signalés chaque année et, en France, aucun décès n'a été rapporté.

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