Il s’en pratique 12 fois plus qu’il y a 10 ans. En France, les hommes sont de plus en plus nombreux à se tourner vers la vasectomie. A l’occasion de la Journée mondiale qui lui est dédiée ce 12 novembre, le Dr Vincent Bailly, urologue à Besançon (Doubs), fait le point sur cette méthode de contraception définitive.
Vingt minutes d’opération et deux petites incisions d’un demi-centimètre pour la quasi garantie de ne plus faire d’enfants. Simple et efficace, la vasectomie convainc de plus en plus d’hommes : en 2021, ils ont été douze fois plus à la demander qu’en 2010 : 23.306 vasectomies ont été pratiquées, contre 1.908 seulement en 2010. « C’est une tendance qui je pense ne va pas s’arrêter », pour ce chirurgien urologue à la clinique Saint-Vincent, le Dr Vincent Bailly est aux premières loges de cette révolution.
Des jeunes de plus en plus nombreux à la demander
Lui qui en pratique une dizaine chaque mois a vu dans ses consultations une évolution des mœurs : « quand on discute avec des jeunes, on a vraiment le sentiment que la contraception est quelque chose qui se partage, quelque chose qui devrait être partagé ». Si la plupart des patients qui le sollicitent pour une vasectomie ont entre 30 et 50 ans, « on a de plus en plus de jeunes hommes, même sans enfants, qui viennent nous voir ». Ils représentent certains mois jusqu’à 20% des vasectomies pratiquées.
Pour ces hommes de moins de 30 ans, et a fortiori pour ceux qui n’ont jamais eu d’enfants, il n’est pas toujours simple de trouver un chirurgien qui accepte de pratiquer l’acte. Si la loi du 4 juillet 2001, qui encadre la vasectomie, ne définit pas d’âge plancher, certains praticiens hésitent à les stériliser. « Je pense qu’en tant que médecin, on doit respecter le choix de ces jeunes » affirme Vincent Bailly. « Il faut simplement qu’on borne bien les choses et qu’on s’assure d’une bonne compréhension ». Car, contrairement à ce que l’on peut parfois lire, notamment sur les réseaux sociaux, la vasectomie n’est pas réversible.
Une contraception définitive et irréversible
« Ce caractère irréversible, il est important à faire comprendre » insiste Vincent Bailly. Le chirurgien prend d’ailleurs bien le temps de l’expliquer, lors de la première consultation d’une demande de vasectomie. Car s’il existe bien une opération qui vise à revenir sur ses effets, la vaso-vasostomie, « les chances de succès s’établissent seulement à 20% », explique l’urologue. Il ne faut donc pas s’engager dans cette démarche en pensant que l’on pourra revenir sur sa décision.
Alors, le chirurgien propose une solution à ses patients : la conservation de spermatozoïdes. Le prélèvement et la première année de conservation après une vasectomie sont prises en charges par la sécurité sociale. Ensuite, la conservation est à charge du patient. A Besançon, le service est facturé 49 euros par an.
Deuxième précaution : la loi impose, comme aux femmes pour la ligature des trompes, un délai de réflexion de 4 mois. « Pour les jeunes patients, on va parfois rajouter du délai de réflexion » confie le chirurgien, conscient que ces délais ne sont pas toujours faciles à supporter. « J’ai déjà eu des patients qui sont revenus vers nous et qui nous ont dit ‘j’ai changé d’avis’ » .
20 minutes d’intervention… et trois mois d’attente
L’intervention en elle-même est « assez simple ». « C’est une petite intervention au niveau du scrotum ». « C’est soit une anesthésie locale, soit une courte anesthésie générale, expose Vincent Bailly, on fait une petite incision qui fait 5 à 6 millimètres, à travers laquelle on va aller chercher le canal déférent. Il faut en couper une petite partie, et on ligature les deux extrémités. Et ensuite on referme la peau avec deux petits fils ». L’opération se fait souvent en ambulatoire, et ne requiert pas de soins particuliers. « Ça tiraille pendant une dizaine de jours, et il est rare que ça fasse mal plus longtemps » ajoute le chirurgien.
Il faut ensuite attendre trois mois, le temps que « la tuyauterie soit parfaitement vidangée » de tous les spermatozoïdes qui auraient pu y rester, pour vérifier le succès de l’opération avec un spermogramme. « Le risque d’échec est faible, il est de moins de 1% ». Enfin, « il y aura toujours une éjaculation, toujours une érection et toujours du plaisir » rassure le spécialiste, qui précise par ailleurs que les spermatozoïdes représente environ 3% du volume d'une éjaculation. Leur absence après une vasectomie ne se remarque donc pas.
Avec l’avènement des débats autour du rôle des hommes dans la contraception des couples, il estime que le nombre de vasectomie pourrait de nouveau être multiplié par dix dans les dix prochaines années. D’autant plus que la France fait encore pâle figure par rapport à d’autres pays comme le Canada, où on estime qu’un tiers des hommes de plus de 50 ans sont vasectomisés.