Le délai pour faire une IVG en France passe de 12 à 14 semaines : “Forcer une femme à avoir un enfant non désiré, c’est une violence” estime une association

Le Parlement a adopté définitivement mercredi 23 février, l’allongement du délai de l’interruption volontaire de grossesse en France. Il passe de 12 à 14 semaines. Un allongement qui est déjà en place dans d’autres pays d’Europe. Pour les associations féministes, c’est une bonne nouvelle, même s’il reste encore à faire sur cette question de santé.

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“Aider certaines femmes à ne plus aller avorter à l’étranger”

Pouvoir mettre fin à une grossesse jusqu’aux 3 mois du fœtus, c'est désormais possible en France. Pour l’association Osez le Féminisme en Franche-Comté, ce rallongement des délais est plutôt bien accueilli. “C’est une bonne nouvelle, on espérait ce délai de 14 semaines, voire plus” réagit Adriane, militante OLF. “On sait que plus tôt une IVG est faite, mieux c’est pour les femmes. L’allongement des délais va permettre plus de droits, certaines femmes veulent se garder un délai de réflexion. Et puis, il y a des inégalités. En ville, c’est plus facile d’avoir recours à l’IVG. En zone rurale, un peu moins…. Si cet allongement du délai peut aider certaines femmes à ne pas aller à l’étranger, à être remboursées, c’est une bonne chose” estime la militante.

L’association met en garde en revanche sur cet allongement des délais et de la prise en charge.

Ouvrir de nouveaux droits aux femmes, on est d’accord, mais il ne faut pas les ouvrir au rabais, en veillant bien à l’accompagnement, pour que les femmes ne vivent pas l’interruption volontaire de grossesse, seules.

Adriane, militante Osez le féminisme

L’association continue à dénoncer les fermetures de maternités qui pratiquent l’IVG.

14 semaines pour pratiquer une interruption volontaire de grossesse, la France rejoint d’autres pays européens

Certains pays, n’autorisent pas l’IVG. La Pologne ne l’autorise qu’en cas de danger pour la mère, viol ou inceste. La Finlande l’autorise, mais sous conditions.

Au Portugal, en Croatie, Slovénie et Suisse, le délai autorisé est de 10 semaines.

Une majorité de pays européens autorisent l'IVG jusqu'à la 12e semaine de grossesse, soit 14 semaines d'aménorrhée (sans règles). C'est le cas en Allemagne, Italie, Belgique, Danemark, Finlande, Hongrie, République Tchèque ou Grèce ou Espagne.

Certains pays eux vont plus loin. En Suède, l'IVG est autorisée jusqu'à 18 semaines. Aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, le délai maximum est de 24 semaines.

Allongement de l’IVG : que prévoient la nouvelle loi ?

La proposition de loi prévoyait de rallonger de 12 à 14 semaines le délai légal de l'interruption volontaire de grossesse. Un allongement pour répondre à un manque de praticiens et à la fermeture progressive de centres IVG en France. Cette proposition a été initiée en octobre 2020 par le groupe LREM. Elle a été adoptée par 135 voix pour, 47 contre et 9 abstentions.

Le président de la République Emmanuel Macron avait pourtant par plusieurs fois exprimé ses réticences sur le sujet. Les Français continuent à être très majoritairement en faveur de ce droit à l'IVG, même si les militants pro vie sont régulièrement descendus manifester dans la rue. 

2.000 femmes en France vont avorter ailleurs, car elles ont dépassé les délais

Selon la députée socialiste Marie-Noëlle Battistel, 2.000 femmes seraient contraintes chaque année de se rendre à l'étranger pour pouvoir avorter après avoir dépassé les délais légaux. Ce sont les "femmes les plus vulnérables, les très jeunes, les plus éloignées du système de soins, les femmes qui ont le moins accès à l'information sanitaire, celles qui n'ont pas de moyen de locomotion ou encore celles victimes de violences" détaille l’élue. À l’étranger, les femmes se rendent le plus souvent en Espagne, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas pour mettre fin tardivement à leur grossesse.

La clause de conscience ne disparait pas

La proposition de loi , désormais votée, prévoit aussi d'étendre la pratique de l'IVG instrumentale aux sages-femmes des hôpitaux. Ces dernières peuvent déjà pratiquer les IVG par voie médicamenteuse depuis 2016.

Pour mieux accompagner les femmes, un répertoire recensant les professionnels et structures pratiquant l'IVG devra être publié par les agences régionales de santé. Il sera librement accessible.

Le texte ne touchera pas à la clause de conscience, et certains professionnels de santé pourront toujours refuser de pratiquer un avortement. Un point qui dérange toujours l’association Osez le féminisme.

Présidentielle 2022, aucun candidat ne s’attaque à l’IVG

En France, aucun candidat à la présidentielle, n’a prévu de modifier le droit à l’IVG dans son programme de campagne.

Dans un entretien au magazine ELLE, la candidate LR à l'Elysée Valérie Pécresse a déploré avec le délai à 14 semaines "une fuite en avant qui détourne le regard du vrai problème : l'accès au centre d'IVG, l'absence de gynécologues et de sages-femmes (...) il faut garantir le libre choix des femmes" dit-elle.

En France, en 2020, 222 000 interruptions volontaires de grossesse (IVG) ont été enregistrées, ce qui représente une baisse d’environ 4 % par rapport à 2019. La pandémie de Covid-19 et les mesures prises pour limiter sa diffusion ont eu un impact sur les conceptions durant le premier confinement, entraînant la diminution des naissances observées en 2020, et aussi celle des IVG. Le taux de recours à l’interruption volontaire de grossesse diminue en France métropolitaine : en 2020 il est de 14,9 pour 1 000 femmes âgées de 15 à 49 ans, contre 15,6  en 2019. (Source : Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques)

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